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Du Dé au Micro: transcription épisode 27

Je parle rarement de moi: la joueuse derrière le pseudo. Mais je vais le faire aujourd’hui. Cela fait plusieurs mois depuis le dernier épisode. Je n'ai pas été inactive en jdr sur cette période. J'ai même eu des moments intenses de bouillonnement rôliste créatif. Je vais pas en parler en détail aujourd'hui. Et en même temps ce sera le cœur de mon propos. Je sais que tout ça est un peu cryptique mais c'est un sujet difficile à aborder pour moi. Celui de ma santé mentale et en quoi elle influe sur ma vie de rôliste.

J'ai été diagnostiquée bipolaire il y a 3 ans alors que je traversais une phase dépressive sévère dont je peine à sortir encore aujourd’hui, même si ça va mieux qu'à ce moment-là. L'impact de cette dépression sur ma vie rôliste était très simple: je n'avais plus de lien avec le jdr. Aucune partie et aucune envie de jouer, lire du jdr et encore moins créer des trucs rôlistes. Je m'étais éloignée de Twitter et des autres réseaux sociaux. J'ai abandonné mon blogs et mes podcasts de l'époque. Bref, c'était le désert ludique et créatif.

Mais peu à peu, grâce au soutien de professionnelles, j'ai réussi à reprendre pied. Ça ne s'est pas fait du jour au lendemain mais ma créativité est revenue et avec elle mon envie de jdr. Et même l'envie de rencontrer de nouvelles personnes, de nouveaux jeux.

C'est dans cette phase de renouveau que j'ai découvert itch.io et les communautés discord dont C'est pas du jdr qui m'ont permis d'élargir mon horizon rôliste. J'ai relancé mon podcast et j'ai même osé diffuser mes créations. Je pourrais m'arrêter là et on aurait alors un récit de victoire, de lutter avec un happy end.

Si seulement.

Les troubles bipolaires c'est de la saloperie. Ça s'est rappelé à moi il y a un an environ. En quelques mots, les troubles bipolaires sont caractérisés par des phases dépressives et des phases de manie c'est-à-dire des moments d'euphorie énergisante avec parfois une perte du rapport au réel. J'ai la chance d'avoir le type II qui se caractérise par des phases d'hypomanie: les phases maniaques prennent moins d'ampleur que pour le type I. Je pensais avoir mis sur la touche la phase dépressive mais je me trompais lourdement. Vous vous rappelez peut-être de la campagne Odyssée que j'ai interrompu au bout de trois séances. Je l'ai arrêtée car j'ai fait un malaise lié à l'anxiété d'animer une séance.

Ça m'a chamboulée. J'ai remis en cause ma pratique: est-ce qu'être MJ est fait pour moi? Est-ce simplement dû au fait d'enregistrer et diffuser la partie? J'ai beaucoup cogité suite à cet évènement et j'ai mis du temps avant de relancer des projets durables. Je déteste ne pas être fiable. Quand je dis que je fais un truc, je veux m'y tenir Là, j'avais dit à mes amis qui avaient accepté de participe à cette campagne que ce serait long. Et au bout de 3 séances j'annule le truc? Ils ont été très compréhensifs mais je les avais laissés tomber, c'est un fait. Puis, j'ai réussi à faire à nouveau MJ sur des one shots notamment. Le Graal quand on est bipolaire c'est d'être stabilisée: les phases dépressives et hypomaniaques sont plus rares et ont moins d'ampleur. Sauf que ce n'était pas fait pour durer dans mon cas. J'écris ce texte alors que j'ai identifié une de mes phases hypomaniaque les plus longues. Qui s'est ensuivi d'une phase dépressive courte mais intense.

Et au milieu de ces variations d'humeur je tente de naviguer et de pratique mon loisir favori. Mon humeur est variable en ce moment: je peux avoir 3 jours où tout roule suivie d'une semaine stable puis un week-end où tout est sombre. Le plus difficiles c'est pas seulement les phases dépressives mais c'est qu'à chaque phase, quelque soit son type, j'ai l'impression que c'est mon vrai moi, que c'est la réalité. Je lutte contre la tentation de souhaiter les phases hypomaniaques. Car je sais par quoi elles sont suivies. Et souvent je ne peux identifier la nature de ces phases qu'a posteriori. Ma psychiatre envisage de changer mon traitement et j'ai du mal à l'accepter: j'étais sur une bonne lancée, on avait diminué les dosages et là on reparle d'un nouveau médoc? Avec adaptation nécessaire, subir de nouveaux effets secondaires indésirables. Quand j'ai commencé à prendre des antidépresseurs, il m'a fallu 6 mois avant de trouver la bonne molécule et encore plus avant de trouver le bon dosage. J'ai pas envie de revivre ça.

Je me décris souvent comme ayant plein de projets et pas assez de temps pour les mener à bien. Mais je dois me méfier de mes moments de créativité débridée? Alors que c'est exaltant, et fun et ce dont j'ai envie de parler dans les épisodes de ce podcast.

Je ne sais pas ce qui va se passer. J'ai rédigé ce texte et je ne sais pas si j'aurai le courage de le diffuser. Si je réussis à ne pas perdre pied c'est parce que je suis soutenue par mon marie et mes amis. Et aussi parce que je suis suivie par des professionnelles. La thérapie ça marche vraiment. Et les médocs sont une bonne béquille quand ils sont bien ajustés.

Il n'y a pas vraiment de morale à ceci. J'espère que vous allez bien ainsi que vos proches. Je vous dis à bientôt pour un nouvel épisode de Du Dé au Micro.