Huit heures de trop

Ceci est une traduction partielle, avec parti pris, du texte Eight Hours too many disponible en anglais sur la librairie anarchiste.

Huit heures de travail obligatoire, c'est assez pour priver une personne de toute son énergie. Même si le travail n'est pas dégradant, même s'il n'est pas désagréable, on finit la journée de travail sans assez d'énergie ou d'imagination pour faire autre chose de la journée.

C'est pour ça que la réduction des heures de travail a toujours été une priorité pour les travailleurs et travailleuses.

Passer moins de temps au travail, c'est pouvoir dédier plus de temps à soi-même. Chaque minute, chaque heure qu'on arrache au travail est un pas vers une meilleure qualité de vie. Le travail nous fait utiliser nos forces vitales pour quelqu'un d'autre plutôt que pour nous-mêmes ; nous le faisons parce que nous avons peur de la pauvreté. C'est de l'extorsion.

Alors on peut décider de travailler à temps partiel ; mais en travaillant moins, on a moins d'argent. Si on veut conserver notre confort de vie, on n'a pas le choix : il faut travailler plus. Peut-être qu'on pourrait travailler moins tout en gardant les mêmes salaires, si nos patron·nes nous l'accordent. Mais dans un monde où tout est régi par la consommation, personne n'aura envie de quelques heures de temps libre en plus et beaucoup choisiront d'enchaîner les heures de travail.

Tout notre temps est dédié au travail : * Le temps passé à travailler * Le temps passé dans les transports * Le temps passé à se préparer pour être présentable au travail * Le temps passé à se préparer à des promotions * Le temps passé à guérir de maladies causées par le stress et le travail * Le temps passé à restaurer son énergie après s'être épuisé·e au travail

Le travail nous tient occupé·es. Il nous contrôle et nous affaiblit, et c'est pour ça que le chômage est vu comme si dangereux.

Au début du siècle dernier, des anarchistes ont voulu proposer la journée de huit heures. Un vieil anarchiste avait répondu, indigné : “Huit heures par jour ? Mais c'est huit heures de trop !”

C'est la nature même du travail qui est inacceptable, pas le temps qu'on y passe. N'échangeons plus nos aspirations contre des moyens de survie.