Les cercles militants mettent les femmes en danger

Cet article est un résumé avec parti pris du texte Activist scenes are no safe space for women de Tamara K. Nopper, disponible en anglais sur Libcom.

Les cercles militants ont des problèmes profonds de sexisme, de misogynie et d'homophobie. Les hommes militants imposent donc naturellement ces traits aux femmes des cercles, abusant d'elles psychologiquement et physiquement. Évidemment, ça ne s'arrête pas aux cercles politiques : les femmes sont victimes de violences partout, quelles que soient les convictions des personnes concernées. Mais dans des cercles militants, nous voulons nous convaincre que les hommes militants sont différents des hommes que nous croisons au quotidien – nos pères, nos frères, nos ex et les hommes inconnus. Pour éviter qu'on se méfie, certains hommes militants abusifs poussent le vice jusqu'à aller de ville en ville pour recommencer dans des groupes qui ne connaissent pas leurs actions passées.

Les abus tendent à faire ressortir le pire chez les victimes. Des femmes interagissent avec les autres militant·es, surtout femmes, d'une façon qu'elles éviteraient si elles n'étaient pas victimes d'une manipulation politique et émotionnelle de la part de ces hommes. Il y a des hommes qui manipulent des militantes tout en écrivant sur le sexisme et sur le fait que les femmes se descendent entre elles. Parfois, l'homme indiquera même que sa petite amie – sa victime – a co-écrit l'article avec lui, ce qui lui offre encore plus de légitimité. Le militant expliquera aux femmes de son cercle qu'il faut qu'elle se mette moins en compétition avec les autres femmes ; de cette façon, il s'assure que c'est elle qui se voit en tort, et ça cache d'autant plus son comportement abusif et manipulateur.

Il reste aux femmes très peu d'espaces où elles ne risquent pas d'être maltraitées par des militant·es ou de voir que leur abus est passé sous silence ; souvent, elles vont quitter le groupe. Ces femmes sont l'objet d'un traitement glacial et la cible de rumeurs : elles sont vues comme faibles ou égoïstes, ayant laissé leur vie privée faire obstacle au grand objectif de l'organisation. Si elles sont soutenues, c'est parce que leur travail est apprécié ou parce que passer le mal sous silence ferait du mal à la Cause. Leur santé physique, émotionnelle, spirituelle ne rentre pas en compte : c'est seulement la productivité du groupe qui est prise en compte et le soutien ne sert qu'à garantir que tout le monde continuera à travailler.