Hors-Série #1 : La couverture du mégalo planqué derrière son château

Allez, aujourd'hui c'est Byzance, je vais me fendre de mon premier poste “Hors-Série”. Au départ je voulais appeller ça “Kamen Reader Universe Saga Mega Extra Hors-Série 1.5” mais c'est long et Panini pourrait me prendre au sérieux alors je vais juste intituler ça “Hors-Série”.

Je t'entends déjà paniquer, lecteur : “Ah non hein ! commence pas a te prendre pour un comic-book avec un gorillion de spin-offs et des rubriques à gogo sinon je te lis plus ! bouh !

Soit rassurée, personne qui scrute l'écran, je vais pas m'éparpiller. Les “Issues” seront les reviews et “Hors-Série” ce sera juste des posts en à-côté publiés aléatoirement tandis que les posts de base ce sera tous les mercredis ou jeudi, je ne me suis pas encore décidé sur le timing exact, mais ça se précisera ne t'en fait pas, True Believer !

Bref. Tout de suite on va regarder un peu d'art, j'ai une de mes couvertures préférées de chez Marvel dont je veux te causer. Alors mets toi bien sur ta chaise, j'ai envie de partager ça avec toi ! Et la couverture c'est pas n'importe laquelle : “Fantastic Four #84” qui date de Mars 1969.

Cover

On peut apercevoir au premier plan les 4 Fantastiques composés à ce moment là de “Crystal” l'Inhumaine (à gauche, avec les cheveux oranges), Reed Richard alias “Mr Fantastic” (en bas à gauche), Ben Grimm alias “La Chose” (en orange aussi à droite de Mr Fantastic) ainsi que Johnny Storm alias la “Torche Humaine”.

Une foule bigarrée se tient entre eux et les sépare d'un château à l'allure très médiévale. La silhouette encapuchonnée du Docteur Fatalis se profile à l'arrière, immense et sinistre, son regard descends vers la rue. Une parade d'orchestre se déroule dans une ambiance festive et les passants aux alentours semblent euphoriques.

Crystal regarde de côté, ses yeux quittent la couverture, semblant scruter quelque chose hors du champ de vision, comme si elle cherchait une issue ou préssentait le terrible homme masqué au loin derrière elle.

Mr Fantastic semble marcher avec détermination, visage rigide et expression très concentrée, le lecteur se demande si c'est une fuite résignée ou un départ martial. L'homme est conscient d'être en territoire dangereux malgré l'apparente liesse locale. Cet ennemi il le reconnaît et le redoute. Poing presque fermé, penché légèrement en avant, son regard semble nous scruter comme pour demander “êtes-vous un ami ou un ennemi ?

La Chose avance lui aussi mais sa tête semble regarder un peu en l'air comme si il évaluait les alentours. Habitué à être une sorte de phénomène de foire il semble hésitant et déboussolé à la fois, les gens autour, la fanfare. Si l'image est fixe on imagine aisément les gens entrain d'applaudir ou de crier joyeusement. Le tumulte ambiant rendant alors Ben Grimm mal à l'aise ne sachant trop que dire ou quoi faire mais suivant néanmoins le leader du groupe dans sa progression vers le lecteur.

La Torche Humaine est lui en hauteur, planant au-dessus de la foule. Le sillon enflammé de son corps nous montre qu'il arrive de l'arrière plan, au delà des maisons, disant implicitement au lecteur qu'ils viennent de là-bas et qu'ils avancent en restant groupés. Son regard fixe nous vise avec une attitude presque suspicieuse, comme si nous étions de connivence passive avec le personnage en vert qui domine l'arrière plan.

La foule est une excellente représentation des habitants du pays. Tout le monde est bien habillé. Pas de pauvres ni d'infirmes ou même de gens laids. Tout le monde semble sourire et s'amuser tandis que les musiciens font retentir leur musique. Le meneur se tient en arrière les bras levés et la canne droite dans une posture dirigiste. Il pourrait tout aussi bien guider les musiciens qu'annoncer quelque chose de belliqueux. De par cette scène on déduit aisément que le pays possède une forme de richesse bourgeoise (l'homme au chapeau haut de forme et au costume en est une bonne image) mais que les habitants moyens possèdent des tenues colorées et variées, achevant de dire au lecteur “ici pas de pauvres ou de mal-nourris, tout le monde peut s'habiller.” Du faste, mais pas trop. Le message est clair.

La ville semble éminemment moyenâgeuse de par ses maisons à colombages mais surtout à cause de l'imposant château au style très défini qui compose un bon quart de l'image. Les maisons y sont accolées, on dirait une sorte de ville fortifiée où les habitants logent près du logis seigneurial. Des tours mais pas de muraille. Des pierres de tailles diverses mais parfaitement enchâssées les unes dans les autres attestent de la solidité du lieu. Ce n'est pas un château pour faire joli, c'est une structure en dur, faite pour tenir, dominant le village de ses flèches monolithiques aux nombreuses fenêtres. Et qui dit château dit Seigneur ou Roi. C'est une image très territoriale qui est exprimée.

La silhouette du terrible Docteur Fatalis se découpe derrière les bâtiments. Gigantesque, il semble préfacer une terrible menace tout autant qu'un régnant mégalomaniaque. Une de ses mains s'avance comme s'il se penchait sur une maquette et s'apprêtait à déplacer un petit personnage. Mais on peut également interpréter le geste comme une emprise sur la situation. Tel un maître marionnettiste, il supervise, il surveille, c'est l'immense dieu qui dirige ses sujets et qui du regard semble dénigrer les quatre Fantastiques, tels des envahisseurs fuyant les lieu parmi la foule. Néanmoins il reste sur le qui-vive, il s'assure que tout le monde est en place et que les choses se déroulent selon ses plans qu'il a ourdi depuis les hauteurs reculées du donjon du château. Sa cape verte l'enveloppe tout entier, ne laissant apparaître que ses mains gantées de fer ainsi qu'un visage froid et dur comme le métal qui le compose. Ce personnage là est parfaitement inquiétant, ses yeux presque cachés dévisagent la scène, il est impossible de lire une émotion sur son visage mais pourtant l'illustration transmets aisément l'idée que le personnage est dangereux et surplombe la ville tout comme il surplombe l'équipe de héros, comme si il s'apprêtait à se lancer à leur poursuite ou qu'il désirait tendre la main pour se saisir d'eux.

Le titre de la série est en rouge sur un ciel bleu, police d'écriture reconnaissable entre mille puis en dessous suit un petit titre à la police bien plus droite et de couleur bleu/violet : “The name is— DOOM !”

La encore c'est tout à fait évocateur, le nom a la consonance fatale et irrémédiable claque dans le vent comme une détonation : “DOOM” si on avait un doute, on est fixé, entre sa posture, son allure et son nom, le message est clair, les Quatre Fantastiques vont avoir des ennuis.

La composition dans ses structures basiques, le placement des personnages, la parade en uniforme qui rappelle que derrière les festivités il reste quelque chose de militaire, la variété des passants, les Héros qui sont entrain de quitter les lieux avec une forme de détermination méfiante, le choix des couleurs, la silhouette gigantesque de Fatalis, la traînée de flammes de la Torche Humaine, je trouve ça vraiment très bien organisé. Bravo Jack Kirby.

#HorsSérie #Marvel