Issue #33 : Satan aboie et le cavalier passe

[Ghost Rider : l'intégrale 1972 – 1974]

2038, devant un magasin de bédés désaffecté. Un type barbu avec une casquette secoue une jaquette vide d'intégrale Panini Comics. Il fait face à un type ressemblant a un cosplay Nazgûl version GIFI :

— Fumier, j'aurais pu le revendre à prix prohibitif ! Quand l'as tu lu ?! — Cette nuit.

Le type en noir s'avance un peu et soupire avant d'ajouter :

— Tu vois, le monde se divise en deux catégories : Ceux qui ont juste une jaquette, et ceux qui ont l'intégrale Ghost Rider 1972 – 1974. Toi t'as une jaquette.

Son interlocuteur ricane puis se retourne, son intégrale à la main tandis que le vent chasse doucement quelques masques chirurgicaux sur le béton usé par le temps...

La caméra s'immobilise sur la personne qui s'en va. Le barbu à casquette reste seul dans la ruelle, une larme coule s'écrase sur le bitume à côté de sa paire de chaussures édition limitée Converse x Slam Jam Bosey MC High Top

couverture

Scénario : Gary Friedrich / Roy Thomas / Marv Wolfman / Doug Moench / Len Wein Dessins : Mike Ploog / Tom Sutton / Jim Mooney / Herb Trimpe / Ross Andru Encrage : Mike Ploog / Frank Chiaramonte / Jim Mooney / Chic Stone / Syd Shores / John Tartaglione / Vince Coletta / Sal Trapani / Don Perlin Couleurs : Stan Goldberg / Glynis Wein / Marie Severin / George Roussos / Linda Lessman / Petra Goldberg Reconstruction des dessins et couleurs : Michael Kelleher & Kellustration Traduction : Khaled Tadil / Jérome Wicky Lettrage : Astarte Design – Roma / Christophe Semal Editeur : Marvel (VO) / Panini Comics France (VF)

PLOT : Johnny Blaze était un enfant de spectacle itinérant. Un numéro de cascade à moto avec Crash Simpson et son père, Barton Blaze. Malheureusement, Barton se tue dans un accident et sans mère, le jeune Johnny est recueilli par la famille Simpson qui ont une fille ayant environ le même âge que lui et qui se prénomme Roxanne. Le temps passe et Johnny grandit, il contribue au spectacle depuis les coulisses jusqu'a ses 15 ans ou Crash lui propose de monter. Mais malheureusement pour lui, la moto prends feu. Décidant de la sortir du chapiteau avant qu'elle n'explose, il parvient à sauter juste à temps mais la mère de Roxanne, venue voir Johnny se retrouve prise dans l'explosion et grièvement blessée, fait jurer à Johnny de ne jamais remonter sur une moto de sa vie. Et malgré son chagrin, il tient promesse. Cinq ans plus tard, Crash Simpson reproche a Johnny d'être devenu un trouillard vu qu'il ne monte plus à moto. Une idylle nait entre Johnny et Roxanne et la tournée de spectacles continue.

Un beau jour un appel leur confirme que leur rêve devient réalité : Ils vont enfin faire leur spectacle au prestigieux Madison Square Garden. Mais Crash Simpson ne se réjouit pas, son médecin lui a annoncé un cancer foudroyant et il ne lui reste plus qu'un mois à vivre. Il souhaiterais que Johnny reprenne le spectacle après sa mort mais ce dernier refuse obstinément, provoquant la colère de Crash et de Roxanne. Hanté par sa promesse et désirant sauver l'homme qui l'a recueilli, Johnny Blaze se tourne vers l'occultisme, concluant un pacte avec Satan. Le jeune homme offre son âme en échange de la suppression de la maladie de son mentor. Le diable accepte et Johnny se réjouit. Mais la réjouissance tourne court. Crash Simpson préférant mourir au guidon de sa moto plutôt que dans un lit d'hôpital, décide de sa lancer dans un numéro incroyable : Le record du monde de saut à moto. Une immense rampe le propulsera au-dessus de 22 voitures devant une foule gigantesque.

Roxanne et Johnny tentent de l'en empêcher, mais Crash est déterminé, il fera le saut. Et c'est le drame, la moto penche et le motard tombe au sol, mourant sur le coup. Fou de chagrin et de colère, Johnny se rue sur une moto de secours et fait le saut devant la foule médusée. Et contre toute attente, il y parvient mais Roxanne lui en veut. Il se retrouve alors seul et le diable vient demander son dû. Blaze tente de négocier, mais le diable est formel, Crash n'est pas mort de sa maladie, comme convenu, il lui doit donc son âme. C'est à ce moment là que surgit Roxanne, pleine de regrets. Elle chasse Satan, malheureusement c'est trop tard, Johnny est désormais habité d'un pouvoir démoniaque. A la nuit tombée il devient un squelette au crâne enflammé, répandant la justice infernale partout ou il va. Johnny Blaze est désormais... GHOST RIDER !

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MON AVIS : J'ai été victime d'un Mandela Effect à l'annonce de cette intégrale. Pour moi Ghost Rider c'était un Cow-Boy vêtu de blanc vivant des aventures un peu ringardes dans le grand ouest poussiéreux. Et il était apparu en premier chez Marvel sous cette identité et j'aurais juré avoir lu un TPB Marvel avec ces histoires il y a quelques années de ça, peu après la sortie du film éponyme. La vérité, c'est qu'après le succès de la chanson “Riders in The Sky”, en 1949, Magazine Enterprises à lancé un personnage nommé Ghost Rider dans le magasine Tim Holt. Imaginée par Vince Sullivan, scénarisée par Ray Krank et dessiné par Dick Ayers. Le Cow-Boy Rex Fury se faisait tuer par des hors la loi et après avoir survécu a son trépas revient avec un costume fluorescent et quelques gadgets bricolés, le tout monté sur un étalon albinos du nom de Spectre. Il y eut quelques numéros mais en 1967, le personnage étant libre de droits, Marvel décide de récupérer le personnage et d'en faire Carter Slade, enseignant frontalier. La chose dura huit numéros et s'arrêta. En 1972 le personnage fut sorti des tiroirs et devint ce qui remplit cette intégrale, Johnny Blaze, le motard damné.

J'étais donc convaincu que cette intégrale comporterait des récits un peu miteux de cowboy avant de céder la place au motard dans une transition douteuse. Que nenni ! C'est Blaze du début à la fin dans une succession d'histoire qui, sans être exceptionnelles, sont tout à fait lisibles et distrayantes. J'ai été agréablement surpris par le fait que le récit lorgne plus sur l'occulte et le comics de Gangster que du super-slip bien classique. Sur la fin de l'intégrale, c'est déjà plus super-héroïque via la présence de Spider-Man et d'un méchant à origine tragique comme le fait le genre depuis des décades maintenant.

On parle beaucoup du cosmique de Marvel (Thanos, les Gardiens de la Galaxie, etc) et des super héros dans l'ensemble, mais je trouve que l'occulte de chez Marvel marche plutôt bien. Ghost Rider, Docteur Strange, La Sorcière Rouge, Docteur Fatalis (même dans une moindre mesure). Les personnages là sont riches d'histoires et savent s'émanciper des codes super héroïques classiques. Je redoutais un peu cette lecture, j'avais tellement aimé le côté mystique des intégrales Docteur Strange que je redoutais que Ghost Rider ne tienne pas la comparaison. Finalement, je me rends compte qu'il n'y a pas de comparaison à faire, chacun de ces personnages a ses qualités et ses défauts et c'est comme ça que je les apprécie. Un de mes tous premiers super héros préférés était Spawn et ce titre comportait aussi sa part d'occulte même si plus horrifique qu'une production estampillée maison des idées.

Niveau dessin j'ai beaucoup apprécié tous les desisnateurs qui se sont succédés sur le titre et il n'y a pas eu de transition graphique importante donc c'était fluide. Les personnages sont un peu trop manichéens par moments mais la cohérence de l'ensemble est à saluer et on se rends compte que scénaristes comme dessinateurs se font plaisir et font des choses différentes de ce qui peut se lire chez Marvel à lépoque. Mike Ploog est vraiment très bon au dessin, j'aurais aimé qu'il tienne la durée et fasse tout lui-même. Jim Mooney m'a laissé aussi une excellente impression d'ailleurs.

Le personnage de Roxanne ne m'a pas plu en revanche, elle est vraiment très godiche et sert plus à introduire un personnage larmoyant au récit qu'autre chose et ça m'a rapidement exaspéré de la voir en mode “oh non pauvre johnny” suivi de “au secours johnny”. Je ne sais pas trop ce qu'ont voulu faire les scénaristes avec elle mais aucun d'eux n'a su l'utiliser à bon escient je trouve. J'ai été assez marsué par l'iconographie de pas mal de cases et de couvertures que j'ai trouvées étonamment fouillées et travaillées pour un travail aussi secondaire que Ghost Rider. L'épisode Team-Up avec Spider-Man était le plus faible de l'intégrale selon moi et le Rider s'est vite retrouvé dans une schéma classique avec un super vilain costumé.

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BILAN : Une bonne intégrale bien rétro comme je les aime. Les histoires se lisent très bien, pas de faute de traduction calamiteuse (ou alors elle m'a échappée) des dessins de qualité et beaucoup de plaisir de lecture. Vivement la suite !

NOTE : 🌕🌕🌕🌕🌗

#issues #Marvel #GhostRider