Issue #9 : Una fiesta picante

[Lady Mechanika : La Dama de la Muerte #1-3]

Aujourd'hui on va papoter de teuf pour les morts à la mexicaine avec une petite sauce Maya très épicée.

Vous prenez une jeune femme au passé mystérieux et au corps modifié, un chagrin d'amour perdu, la cérémonie funèbre Mexicaine “Dia de Los Muertos” (Lien Wikipedia : cliquez-moi), vous mélangez à ça une légende sud-américaine de reine du royaume des morts et un cliché de cavaliers fantômes, vous roulez l'ensemble dans de la farine “Benitez™” et vous obtenez la recette d'une histoire en trois numéros !

Couverture Lady Mechanika La Dama de la muerte

Scénario : Joe Benitez / M.M. Chen Dessins : Joe Benitez / Martin Montiel Encrage digital : Studio J-13 Couleurs : Peter Steigerwald / Beth Sotelo / Mike Garcia Lettrage : Michael Heisler Editeur : Benitez Prod

Plot : Le récit s'ouvre sur cinq pages d'une légende locale sur la déesse Mictecacihuatl, gouvernante impitoyable du royaume des morts. On la prie et on lui fait des offrandes pour la santé, l'amour, la prospérité ou... Pour la vengeance. Mais pour chaque prière exaucée, il y a un prix à payer. L'âme.

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Puis nous voilà jetés brusquement à la sortie d'un train à Mexico, le 2 Novembre 1869. Lady Mechanika en descends. Elle fait escale dans une auberge à Santa Catrina. En arrivant sur place, elle s'aperçoit qu'une fête est entrain d'être préparée. La fête des morts.

Elle décline poliment l'invitation puis s'isole dans sa chambre, visiblement prise de chagrin. Elle regrette l'absence d'un homme nommé Dallas et au vu de son comportement, on imagine aisément que c'était sentimental.

La dama finit par s'endormir mais se réveille dans la nuit en entendant des détonations. Avec stupeur, elle voit des feux d'artifices et des gens avec des crânes peints sur le visage. La propriétaire de l'auberge apparaît, peinte elle aussi, puis explique à Mechanika le principe de la fête des morts. Et c'est avec un peu de perplexité qu'elle se retrouve elle aussi peinte et embarquée dans la cérémonie. La jeune femme découvre alors la tradition joyeuse et colorée qui la surprends aussi bien sur le plan visuel que religieux. Mais alors qu'elle participe, des cris retentissent et un mort-vivant ensanglanté apparaît...

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Mon avis : J'ai dit du mal de Benitez à ses débuts. Le premier story-arc de Lady Mechanika, sobrement intitulé “Mystery of the Mechanical Corpse” n'était pas bon en dehors des dessins. L'histoire était à peu près intéressante, le niveau de dessins était clairement bon mais la narration, les rebondissements et la mise en scène laissaient énormément à désirer. Depuis il s'est adjoint l'aide de M.M. Chen au scénario et de Martin Montiel au dessin. Il assure toujours les crayonnés et la direction de l'histoire mais il n'est plus seul. Peter Steigerwald, Beth Sotelo et Mike Garcia sont aux couleurs tandis que l'encrage digital est aux bons soins du Studio J-13.

On est au quatrième Story-arc, “La Dama de la Muerte” qui succède à “The Tablet of Destinies” et à “The Lost Boys of West Abbey”. Ses progrès sont notables et se faire aider à énormément fait gagner au titre en qualité sur tous les plans. L'intro en cinq pages d'une légende Folklorique est superbement présenté, les détails en jettent et ça plante l'ambiance pour les trois numéros de cette histoire. Les tenues de Lady Mechanika sont toujours aussi bien rendues, les couleurs sont équilibrées et le ton de l'imagerie de l'histoire s'adapte à merveille au récit.

Il y a plusieurs plans mémorables, les personnages secondaires sont un peu faibles en terme de scénario mais ça peut se comprendre avec une histoire aussi condensée qui allie narration et rythmique de façon fiable sans toutefois innover dans le concept “Le héros au passé tragique se retrouve en figure vengeresse pour la veuve et l'orphelin”. La petite séquence au début dans la chambre m'a donné très envie d'en savoir plus sur Dallas et l'histoire qui le lie à Mechanika, j'espère qu'on en verra d'autres bribes à l'avenir.

Côté storyboarding et narration, là aussi des progrès réels dans le déroulement de l'action et la dynamique de l'image, ça fait plaisir de voir que le potentiel du personnage est exploité convenablement et on ne décroche plus à cause de soixante-douze bulles saturées de texte en quelques pages. L'histoire terminée laisse un arrière-goût de Punisher avec Mechanika qui s'en va en ayant donné naissance à une légende locale agissant au noms des morts et venue rétablir l'équilibre.

Le côté mexicain de l'aventure me laisse penser que Benitez serait génial sur une histoire de type Western à la Clint Eastwood, héros solitaire un peu crapuleux mais qui a bon fond. Vu les diverses expériences autour du globe de Lady Mechanika et la période steampunk, je caresse l'espoir de le voir faire du duel de pistolet dans une ruelle désertique en plein soleil de midi... Mais je digresse.

La Dama de la Muerte” est pour moi le meilleur arc de Lady Mechanika aussi bien en terme d'histoire que de dessin. Il y a un soucis du détail et une volonté de faire quelque chose de fort et de poétique à la fois qui donne un côté qualitatif à l'histoire. Si il pouvait continuer comme ça, ce serait parfait. Se faire aider était la meilleure chose qu'il puisse faire en tant que créatif et surtout avec un titre pareil. Il ne sort pas des sentiers battus niveau rebondissements mais il place enfin correctement ses cliffhanger, ses pages varient entre esthétique (la descente du train) et dynamique (la confrontation avec les cavaliers) et donne au final un mariage pas forcément original mais d'une grande qualité malgré tout.

Ça se lit très bien sans rien connaître du personnage ou de l'univers donc si vous n'avez qu'une histoire de Lady Mechanika à lire, je vous conseille celle-ci. Les couvertures que j'ai eues étaient toutes somptueuses et donnaient vraiment envie d'ouvrir le comic book pour lire.

Note : 🌕🌕🌕🌕🌗

Bravo Mr Benitez, tu a super bien remonté la pente et je regrette pas d'être resté fidèle à la lecture malgré une publication atrocement erratique au départ. (genre 3 ans pour 4 numéros) Alors continue comme ça et j'espère que tu progressera dans la veine artistique sud-américaine parce qu'on sent qu'il y a de l'inspiration dans les designs. Vivement la suite !

#issues #VO #LadyMechanika #BenitezProd