Un grand cri muet de rage impuissante

(Oui j'aime faire des phrases.)

Je vois Frédéric Bosser appeler à l’aide pour sauver dBD, Les arts dessinés et autres, dans un mail « La situation est grave mais pas désespérée ». Larcenet et les affres de la création dans les trois (merveilleux) tomes de Thérapie de groupe. Des gens qui souffrent ici et là. Des ouvriers dans le vent et la pluie devant chez moi.

Je vois des gens qui ont des boulots de merde, ou pire encore pas de boulot. Et un système qui les raye des chiffres du chômage (ça rassure le bourgeois : ah alors il y a moins de chômeurs ?), de plus en plus de pauvres mais de moins en moins bien comptés, comme si en ne les regardant pas ils n’existaient plus.

Et moi qui suis dans un confort bourgeois (bien que pas propriétaire de mon logement, mais sinon ça va), dans un boulot enviable payé plus que 90 % de la population (enfin je crois, je suis nul en percentiles et en courbes en cloche), je suis au bord du fond du trou une nouvelle fois (oui j’ai des expressions à la con, appelle ça de la licence poétique si tu veux).

Comme dirait mon père, « tu as tout pour être heureux ».

Ouais. Alors soit c’est les effondrements affectifs successifs depuis que je suis en âge d’être amoureux, soit c’est une accumulation de petits riens, soit je recommence à m’emmerder à mort dans l’existence, soit c’est une séquelle du covid, mais les crises d’angoisse sont revenues, les cris étouffés dans la gorge, aussi.

Les amis sont loin, les enfants doivent être tenus à distance (ils ont leurs problèmes et ce n’est pas à eux de me porter, enfin pas encore).

D’habitude je dis « vivement les vacances », et là j’en reviens. Ça ne va pas du tout.

Tu crois que le Dalai-lama et Matthieu Ricard ne sont jamais subjugués par l’à-quoi-bon ? Je me demande.