Clearview AI : une enquête sur l'entreprise sulfureuse spécialisée dans la reconnaissance faciale

L'entreprise Clearview AI a fait couler beaucoup d'encre en début d'année. Elle propose une solution de reconnaissance faciale à des autorités ou des services de police. Plutôt discrète au départ, elle a commencé à faire parler d'elle notamment en raison de la méthode utilisée pour alimenter son intelligence artificielle. En effet, elle a tout simplement siphonné les photos qu'elle trouvait sur le web et les réseaux sociaux. Elle est parvenue ainsi à collecter près de 3 milliards de photos. Autrement dit, Clearview AI serait capable de reconnaître une bonne partie de la population mondiale à partir d'une simple photo. Avec une telle base de données et dans un contexte de déploiement continu des outils de contrôle et de surveillance, les autorités sont forcément sensibles à ce genre de dispositifs.

Mais le développement de Clearview AI risque de prendre un peu de plomb dans l'aile car les organismes britannique et australien de protection des données ont annoncé avoir engagé une action commune contre l'entreprise.

L’enquête se concentrera sur « l’utilisation par l’entreprise de données “scrappées” [c’est-à-dire récupérées automatiquement depuis Internet] et biométriques des individus », ont-elles précisé dans un communiqué commun. Ces deux autorités de protection des données ont noué par le passé des accords leur permettant de mener des enquêtes conjointes.

Ce n'est pas tout car l'entreprise a également essuyé un autre revers outre-Atlantique. Clearview AI n'a plus le droit de vendre sa techno sur le sol canadien en raison de la politique de confidentialité plutôt douteuse de l'entreprise.

Fin de partie pour Clearview AI au Canada. L’entreprise ne vendra plus sa technologie de reconnaissance faciale dans le pays d’Amérique du Nord, selon le gouvernement.

Ces déconvenues sont de maigres consolations face au développement général des outils destinés à contrôler la population ou des groupes d'individus. Mais ce n'est pas ce qui suffira à mettre un coup d'arrêt définitif à cette fuite en avant technologique. Ce n'est pas d'un débat sur les avantages et les risques dont la société civile a besoin. Il faut interdire purement et simplement le recours à ces outils qui grignotent toujours un peu plus les libertés individuelles et habituent les individus à se soumettre à des technologies de contrôle.

#ReconnaissanceFaciale


Source : Le Monde