Quand Twitter aide la police à surveiller des militants du mouvements Black Lives Matter

The Intercept vient de publier une enquête qui révèle que la société Dataminr, spécialisée dans l'intelligence artificielle et l'analyse de données, aurait contribué à aider la police de plusieurs états américains à surveiller les manifestants qui ont participé au mouvement de lutte contre les violences policières Black Lives Matter.

the company has facilitated the surveillance of recent protests, including nonviolent activity, siphoning vast amounts of social media data from across the web and converting it into tidy police intelligence packages

Pour y parvenir, la société Dataminr analyse les tweets qui sont publiés sur la plateforme de Jack Dorsey et communique ensuite les informations aux autorités. Bien évidemment, l'entreprise nie cette pratique et a déjà affirmé par le passé que le tracking et la surveillance d'activistes était formellement interdite et inacceptable.

The company sought to assure the public that attempts to monitor its users for purposes of surveillance were strictly forbidden under its rules, and that any violators would be kicked off the platform. For example, then-VP Chris Moody wrote in a company blog post that “using Twitter’s Public APIs or data products to track or profile protesters and activists is absolutely unacceptable and prohibited.”

Les promesses n'engagent que ceux qui y croient et Dataminr s'est appliquée à donner du sens à cet adage. L'enquête de The Intercept démontre que l'entreprise, malgré ses déclarations, continuait à bénéficier de son accès privilégié à Twitter pour communiquer des informations à la police comme par exemple un rassemblement, le parcours d'une manifestation ou l'organisation qui est à l'initiative d'un événement :

In so doing, it used to great effect its privileged access to Twitter data — despite current terms of service that explicitly bar software developers “from tracking, alerting, or monitoring sensitive events (such as protests, rallies, or community organizing meetings)” via Twitter.

Dataminr se défend évidemment de collaborer avec les forces de police et d'être un acteur de la surveillance des manifestants. Pour l'entreprise, collecter et fournir des tweets sur des citoyens ne s'apparente pas à de la surveillance mais plutôt à une forme de collecte d'informations “idéologiquement neutre”.

Wilcox’s defense of Dataminr was based mostly on a sort of linguistic distinction: that relaying data to the police isn’t a form of surveillance, but a form of ideologically neutral newsgathering

Mais le cynisme de l'entreprise ne semble pas s'arrêter à ce genre d'euphémisme. Un des responsables de l'entreprise explique que cette activité n'est absolument pas contraire aux libertés individuelles. Selon lui, le fait de collecter des informations sur des événements politiques ne contribue pas à porter atteinte à la liberté d'expression ni à celle celle de se rassembler. Même quand ils sont pris en flagrant délit, ils continuent de nier. Quand on leur montre une capture d'écran d'un tweet transmis à la police de Minneapolis concernant l'emplacement exact d'un groupe de manifestants, les représentants de l'entreprise se défendent en expliquant qu'ils ont souhaité avertir les autorités des problèmes de circulation que cela provoquait et non les manifestants. Cette rhétorique n'est qu'un verni pour couvrir la malhonnêteté de l'entreprise et son rôle dans la surveillance des manifestants.

In response to a screenshot copy of the tweet Dataminr forwarded to Minneapolis police regarding the exact location of a group of protesters, McGee claimed that this was flagged for the department because it showed traffic problems, not protesters. “Alerts on an intersection being blocked are news alerts, not monitoring protests or surveillance,” said McGee.

Le capitalisme de surveillance a encore de beaux jours devant lui.

#BlackLivesMatter


Source : The Intercept