Revue de presse de la semaine du 19 au 25 octobre

Découvrez le Reader's Digest de la surveillance : une sélection d'articles et de contenus à voir ou écouter en lien avec la surveillance, la vie privée, les libertés numériques et les données personnelles qui ont marqué la semaine.

Sport

La pandémie de coronavirus a reporté un certain nombre de grands événements comme par exemple les Jeux Olympiques. La ville de Tokyo a été contrainte de reporter à l'année prochaine l'organisation des jeux. Face à la persistance du virus et pour s'assurer de pouvoir maintenir cet événement, le Japon vient d'annoncer qu'il allait recourir à la reconnaissance faciale pour éviter la propagation du virus et identifier d'éventuels clusters. Des dispositifs seront déployés dans les stades ou le village sportif qui analyseront le public et les athlètes pour vérifier s'ils portent leur masque et prendre la température.

On assiste une fois de plus à une manifestation de l'effet cliquet avec cette technologie. Elle a été conçue initialement pour garantir une relative sécurité mais se heurte souvent à une opposition car la reconnaissance faciale porte en elle les germes d'une dérive sécuritaire. En outre, elle se développe souvent en dehors de tout cadre législatif. Or, le recours de cette technologie pour lutter contre la propagation du virus contribue à tranquilliser et accoutumer les individus à la présence de ce dispositif. Une fois que l'épidémie sera enrayée, la reconnaissance faciale sera toujours présente dans les rues et il n'y aura plus beaucoup d'objections à ce qu'elle soit utilisée à des fins sécuritaires.

Source : Facial recognition planned to halt coronavirus spread during Tokyo Olympics


Sécurité

La pression des forces de l'ordre pour pouvoir recourir à la reconnaissance faciale est de plus en plus forte. Elles voudraient s'en servir notamment dans le cadre d'actions violentes commises lors des manifestations pour identifier les auteurs des troubles. Mais les potentielles dérives de ce genre d'utilisation s'imaginent facilement et des militants syndicaux, politiques, écologistes, anti-racistes ou anti-capitalistes pourraient très rapidement faire l'objet de cette inquisition technologique en dehors de tout cadre judiciaire.

Si en France, l'hacktiviste Paolo Cirio a provoqué une crise d’urticaire à Gérald Darmanin avec son projet d'exposition de photos de policiers, à Portland, un militant a eu l'idée d'utiliser une technologie de reconnaissance faciale pour identifier les forces de l'ordre qui ont la matraque ou le gaz lacrymogène faciles et dont l'identité est dissimulée :

Je suis impliqué dans le développement d'une reconnaissance faciale à utiliser sur les policiers, puisqu'ils ne s'identifient plus en public

Un exemple concret de ce que peut être la sousveillance !

Source : Quand des activistes retournent la reconnaissance faciale contre la police

La reconnaissance faciale a fait parler d'elle cette semaine. Après le Japon et les Etats-Unis, c'est au tour de Singapour ! La cité-Etat a récemment annoncé qu'elle comptait recourir à la reconnaissance faciale pour permettre aux habitants d'accéder à des services publics. Le gouvernement tente évidemment de rassurer en présentant ce choix comme étant un moyen de faciliter l'accès à l'administration. Il avance l'argument digne de Kamoulox en expliquant que c'est différent de la surveillance car :

La grande différence réside dans le fait que la vérification facile pour les services est un procédé intentionnel, ça demande que les utilisateurs se présentent et donnent leur accord.

Que se passe-t-il si un individu refuse ? Sera-t-il empêché d'accéder à un service public ? Le choix du gouvernement singapourien vous fait penser à Alicem ? Vous avez vraiment l'esprit mal placé !

Source : Singapour : la reconnaissance faciale généralisée

Aux Etats-Unis, plus de 2000 services de police à travers 50 Etats du pays utilisent un logiciel pour déchiffrer les téléphones portables verrouillés. Cette pratique n'est pas nouvelle et permet dans certains cas de faire avancer des enquêtes. Cependant, l'association Upturn qui défend les libertés numériques révèle que cette méthode est fréquemment utilisée pour des délits mineurs comme du vol à l'étalage. Les forces de l'ordre parviennent à contourner la loi car ils procèdent sans mandat pour fouiller les téléphones des suspects. Upturn dénonce ces procédés et alerte sur le risque de violation de la vie privée que cela représente.

Source : Police in all 50 states are using secret tools to break into locked phones — and they're using them for cases as low-level as shoplifting, records show


Economie

La crise du coronavirus a accéléré le développement du télétravail. Mais la mise en place du travail à distance s'est parfois faite dans des conditions peu compatibles avec le respect de la vie privée des salariés. En effet, ne pouvant pas contrôler physiquement leurs employés, certaines entreprises ont recours à des logiciels de surveillance en dépit de la réglementation en matière de vie privée. La panoplie des méthodes de contrôle et de surveillance est large. Cela peut-aller du logiciel de time-tracker qui contrôle le temps, du keylogger qui enregistre les frappes, des captures d'écrans à la volée, l'enregistrement des appels... Le télétravail est un terreau particulièrement propice au développement du capitalisme de surveillance où contrôle et rentabilité sont les mantras de l'organisation du travail. Face à ces dérives, quels sont les droits que peuvent revendiquer les salariés ? Numerama fait le point en listant ce qu'un employeur est autorisé à faire ou pas.

Source : Keylogger, enregistrement audio : votre employeur a-t-il le droit de vous surveiller en télétravail ?

Bonus

L'entreprise Palantir a fait sa renommée en proposant des logiciels à des Etats pour surveiller leur population. Elle fournit des outils à des agences de renseignements, l'armée ou des ONG. La société qui incarne le mieux l'idée de la surveillance panoptique empruntée à Bentham par Foucault fait preuve d'un incroyable cynisme. On peut voir dans ses bureaux un portrait de Foucault :

Palantir étend encore un peu plus sa domination. Elle a été sélectionnée par les Etats-Unis pour participer à la gestion de la crise du coronavirus pour gérer la distribution des doses du futur vaccin.


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