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À propos de la tribune « Pour un ministère du numérique de plein exercice »

Un certain nombre de personnalités viennent de publier une tribune « Pour un ministère du numérique de plein exercice » appelant à ce que, dans le futur gouvernement, le numérique soit pris en charge par un ministre, pas un simple secrétaire d'État soumis au ministre des finances et de l'économie. Je suis plutôt d'accord avec cette idée, qui est tout à fait logique vu l'importance du numérique dans tous les aspects de notre vie. Mais cela ne me semble pas vraiment la revendication essentielle du moment. Ceci dit, cette tribune soulève d'autres problèmes. D'abord, elle contient des opinions que je ne partage pas comme de dire « nous nous réjouissons du nombre de licornes françaises qui enchaînent les records de levées de fonds ». D'une part, un certain nombre de ces entreprises ont une activité dont l'utilité sociale est… disons très contestable, d'autre part je ne vois pas de raison de me réjouir de succès purement financiers (surtout dans une tribune qui, à juste titre, regrette le rattachement du secrétaire d'État au numérique au ministère des finances). D'autres phrases dans la tribune relèvent du même enthousiasme pour « nos belles startups » (j'ai dû relire plusieurs fois pour m'assurer qu'il n'y avait pas de smiley). Ensuite, d'un point de vue plus technique, des affirmations comme le fait que « informatique quantique, […] les métavers et crypto-actifs » vont bouleverser notre société mériteraient davantage de prudence. L'informatique quantique, par exemple, est loin d'avoir atteint ce stade et il y a peu de chances qu'elle l'atteigne avant la fin du mandat du futur ministre du numérique. De telles affirmations relèvent plutôt de la techno-béatitude, et de l'agitation marketing de jolis mots. Mais le principal problème de ce texte est dans ce qu'il ne dit pas.

Pour tous ces manques, même si on m'avait proposé de signer ce texte (cela n'a pas été le cas), je ne l'aurais pas fait.