Se laisser emporter…

Parfois la sensation de ne plus avoir prise sur le monde (l'a-t-on jamais eu d'ailleurs ?). Avoir envie de voyager de ville en ville, de traverser des paysages, de croiser des visages, peut-être de vivre davantage la nuit que le jour et sous la pluie et toujours dans des pays dont on ne parle pas vraiment la langue.

Glisser, regarder par la fenêtre embuée, faire des images floues en noir et blanc d'ombre de femmes que nous aurons frôlées…

Regarder les autres vivre à défaut de savoir comment vivre moi-même, quitter mon corps pour mieux y revenir en dansant jusqu’à plus soif.

L’envie de parcourir l'Europe pour tenter de comprendre le malaise, la première guerre mondiale, la deuxième guerre mondiale, le retour des fascises comme un continuel effondrement, essayer d'élucider la perpétuel volonté de ce continent d'en finir avec soi-même.

Essayer de saisir tous les visages croisés, tenter de comprendre le manque profond de nos sociétés, la faille ultime impossible à combler, la regarder droit dans les yeux, pleurer, souffrir et renaitre de cette confrontation et trouver le monde si beau, encore et toujours.

Recevoir de chaque regard tous les reproches de la terre, tous les désirs de pardon, toutes les tentatives de séduction, tous les espoirs de reconnaissance, tous ces instants d'éternité…