Fragment 3.1

La vieille usine se dresse à quelques centaines de mètres à peine de mon abri, mais je ne l’avais pas vue tant elle est perdue dans la végétation.

Il y a probablement un tas de choses utiles à ramasser dans les ruines et je me me mets en route au levé du soleil pour l'explorer.

Le toit s’est effondré en de nombreux endroits et des branches d’arbres s’échappent des ouvertures. Les briques rouges du mur d’enceinte presque cachées par le feuillage se désagrègent peu à peu sous la force des racines. Une énorme tour, sans doute une cheminée, couverte de lierre, peine à dépasser du sommet des arbres environnants.

L’entrée de la cour est encadrée de deux grilles en fer pliées dont les barreaux se perdent dans les hautes herbes et les plantes grimpantes.

Je pénètre dans la cour. Les herbes semblent frémir comme si elles sentaient ma présence. Des rails courent sur le sol entre les bâtiments. Des épaves de machines jonchent le sol couvert de mousse et d’herbes folles. Certaines sont gigantesques, bien plus grandes que moi.

J'avance. Un oiseau effrayé par mon passage s’envole en criant. Ses plumes ont d’étranges reflets rappelant l’arc-en-ciel. Je dois être prudent·e : l’Autre est sûrement à l’œuvre ici.

Le mur éventré du bâtiment principal m'offre un passage. Ça me fait penser à la gueule d’une bête gigantesque tapie au milieu des arbres est des lianes.

J’entre. Tout est étrangement calme. Pas un bruit, pas un souffle de vent. Comme si toute vie s’était éteinte à mon entrée. Il fait sombre. La lumière n’y pénètre que par quelques orifices presque complètement cachés par la végétation.

J’attends que mes yeux s’habituent à l’obscurité. Je commence à distinguer les murs de brique rouge autour de moi. Le sol est jonché de débris de la charpente qui soutient les tôles métalliques du toit.

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