Inversions (Iain M. Banks)

“Inversions” est le sixième tome du cycle de la Culture de Iain M. Banks, mais c'est un roman qui me semble un peu à part dans le cycle. La science-fiction y est très discrète, on pourrait presque croire lire un roman de fantasy classique.

Après avoir loué le rôle fondamental joué par les Intelligences Artificielles dans le récit dans “Excession”, le roman précédent du cycle, j'aurais pu être déçu par celui-ci, tant il pourrait apparaître comme son exact opposé. En effet, ce roman met en scène une planète où la civilisation et la technologie sont comparables à celles de l'Europe à la fin de l'ère médiévale.

Le livre alterne des chapitres mettant en scène deux narrateurs qui nous proposent de suivre deux personnages, une doctoresse et un garde du corps, chacun dans l'entourage d'un souverain différent sur le même continent. C'est une plongée dans deux vies de cour différentes, avec des souvenirs, des entourages et des régimes différents.

On finit par deviner, par des sous-entendus plus ou moins discrets, que ces deux personnages sont issus de la Culture, en “visite” sur cette planète qui n'a pas encore été contactée par la Culture. On retrouve ici un thème sous-jacent et récurrent dans le cycle : le “droit” d'ingérence et les dilemnes auxquels doit faire face une civilisation “avancée” quand elle en rencontre une autre “moins avancée”. Peut-elle intervenir pour provoquer des changements ? Doit-elle intervenir ? Sous quelles conditions ? Jusqu'où ? Et surtout, qui décide ce qui est “bon” et ce qui ne l'est pas, ce qui constitue un “progrès” pour une civilisation ?

J'ai beaucoup aimé ce roman. Ses deux récits pris au premier degré sont déjà captivants en soi, en plus d'être parfaitement écrits avec un travail intéressant sur le rôle des deux narrateurs, différents des personnages qu'ils accompagnent. Le livre prend encore une dimension supplémentaire quand on comprend comment, malgré les premières apparences déroutantes, il s'intègre parfaitement dans le cycle de la Culture avec ce thème récurrent du droit d'ingérence. J'ai donc envie de dire que ce roman est à la fois un chef d'oeuvre de fantasy et de science-fiction.

Zéro Janvier@zerojanvier@diaspodon.fr

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