Un soufflé au Souls

Critique d’Elden Ring (FromSoftware, 2022)

“Anticipation” par Tonton_Chelou, capture d’écran d’Assassin's Creed Valhalla (Ubisoft Montréal et al., 2020)(https://www.factornews.com/slice/anticipation-47065.html)

Qu’est-ce qu’on fait dans un open world ? Je sais pas, j’en fais jamais, c’est pour ça que je pose la question. Dans ceux d’Ubisoft, j’imagine qu’on grimpe à des tours, qu’on tire sur des mecs, qu’on collectionne des trucs ? Dans The Witcher 3, on regarde des dialogues et on joue aux cartes ? Dans Breath of the Wild, en revanche, je sais qu’on peut grimper à toutes les montagnes, j’ai passé une bonne centaine d’heures à ne faire que ça dans ce jeu. L’univers c’était pas mal non plus ; le scénario, j’étais moins fan ; les combats, je n’en avais rien à foutre.

Du coup c’est marrant, parce que je viens de passer une bonne centaine d’heures sur Elden Ring et il ne fait aucun doute que le cœur du jeu, ce sont ses combats. Si vous faites autre chose dans ce jeu que buter des monstres, ça ne servira qu’à augmenter votre capacité à buter des monstres. Ce qui n’est pas si différent d’un vieux Dragon Quest, où tout concourt à vous faire monter de niveau, jusqu’à ce que le jeu se gagne tout seul, tôt ou tard selon que vous preniez des risques ou que vous vous contentez de farmer des blobs. Dans Elden Ring aussi, si vous réfléchissez un minimum à l’économie du jeu et que vous savez trouver des verts pâturages où pexer plus facilement, le jeu finira par se gagner tout seul. Une telle approche était inenvisageable dans Demon's Souls (FromSoftware, 2009), le premier de la série et le seul que j’ai fait. Je ne sais donc pas ce qui s’est passé entre-temps, mais j’ai bien vu que je n’étais pas le seul à avoir trouvé l’équilibre de ce jeu assez précaire. Et ce n’est pas moi qui vais m’en plaindre : je préfère de loin la balade à la bagarre, alors quand mon samouraï à double épée fait brrrrr, j’estime avoir été dûment récompensé.

Parce que le reste, pour le coup, ça ne m’intéressait déjà pas beaucoup dans Demon's Souls et ça me laisse bien de marbre dans Elden Ring. Heureux qui comme Alt236 arrive à se passionner pour ces personnages qui popent ça et là sur la carte, raides et inexpressifs, voire mythomanes, qui vous parlent de boss qui ont tous les mêmes noms et qui sont tous morts/fous depuis longtemps, car bien entendu, le monde de ce jeu est un post-apo où tout est en ruines, où tout ce qui bouge est un monstre, où on sait à peine ce qu’on fiche ici ni pourquoi on obtient telle ou telle fin, encore moins ce qui se passe à telle ou telle fin. C’est donc ça, le jeu de l’année, un bouquin de fantasy auquel il manque la moitié des pages ? Un monde mort qui n'existe que pour être méthodiquement pillé ? Elden Ring est déjà très bien comme ça, mais je suis sûr qu’on peut faire beaucoup mieux que ce soufflé au Souls.