Répétition

La mélodie aux accents mineurs est déposée dans le fond de l'oreille, liaison sertie de nerfs jusqu'à l'épicentre de mon intempérie incessant  J'abandonne la tension, j'invite la rêverie à prendre possession du chaos discipliné  L'harmonie des frottements et des vibrations invoque les spectres auxquels j'accorde une densité semblable aux vivants, un rôle, une volonté, une capacité d'expiation  Les épaules s'affaissent  L'intimité du trajet sans toiture Le contact tempe-vitre participe à la théâtralisation de mon échappée, une brume condensée se dessine comme pour apporter la preuve de la palpabilité du songe opaque  Maladie blanche Je pourrais presque te toucher Te goûter Je ne t'honore pas, je te change, je te manipule, je te floute, je te mutile de tes froideurs  La paupière maintenue et la pupille indifférente, la mémoire sclérosée, cédant à un ultime appel  Le temps ne passe plus selon les règles ainsi dé-apprises que le rythme de mon fantasme s'impose, chef d'orchestre des arrêts qui défilent  Cet exil est une prière Je crois en l'invisible, je crois en la distortion du récit infidèle, tenté par l'allure des maîtresses toute dévouées à l'écriture d'une fiction sous l'autorité de la justesse des accords Les lits tiédissent, les murs emprisonnent les murmures, témoins des aquarelles baveuses  L'arrachée au monde où tu es beau se fait par une remontée à la surface, violente, chavirante Les aigus devenus stridents L'empreinte du souvenir falsifié corrompt la chimie de mon cerveau  Il y a un déséquilibre à partir duquel je déroule le fil prêté à mon exercice de funambulisme   Le vide dans les veines