il n’y a pas de bout du monde et quand bien même il en resterait je n’irais pas le rejoindre

je ne veux parcourir dans le jardin minuscule que les trajets des fourmis en leur file inlassable parmi les prunes à terre

il n’y a pas de chant des sirènes et même si soudain il s’élevait je resterais sourd à leurs charmes

je ne veux entendre sur le flanc de la colline que le souffle du vent à travers les hêtres qui tanguent sous ses vagues

il n’y a pas d’amour toujours me ferait-il signe malgré tout que je lui rirais au nez

je ne veux aimer au bord du fleuve endormi que l’eau fraîche et amie qui entoure mes chevilles dans la douce étreinte du soir