la rivière écumeuse et réticente voudrait s'accrocher aux rochers ses eaux sinueuses hésitent à passer sous l'arche
Photo par Ian Cylkowski sur son blog ©2022 “From the top of Devil’s Bridge…” CC BY-NC-SA 4.0
la rivière écumeuse et réticente voudrait s'accrocher aux rochers ses eaux sinueuses hésitent à passer sous l'arche
Photo par Ian Cylkowski sur son blog ©2022 “From the top of Devil’s Bridge…” CC BY-NC-SA 4.0
les vieux arbres indomptés si étroitement liés dans l’ombre confuse agrippés à la pente de toutes leurs racines empêchent la colline de s'effondrer
au crépuscule un dernier et cruel rayon hache et déchire de lumière la forêt sauvage avant de laisser troncs et branches en proie à la solitude et à la nuit qui vient
Photo par Gilles Le Corre Une magique forêt… – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP juin 2022
Sonnet pour celle qui part
Son sillage blanc bien au-dessus des nuages, Le long-courrier est lourd de souvenirs précieux. Il porte en lui l'espoir d'un redouté voyage Vers le pays un temps quitté de ses aïeux
À quoi songe celle qui regarde au hublot, À l'archipel lointain, au continent quitté ? Tandis que l'avion l'emmène toujours plus haut C'est au creux de son cœur qu'elle se sent tourmentée
Cependant dans sa vie désormais une lueur Éclaircit l'horizon qui commence au levant Car elle est accompagnée d’un amour fervent.
La petite souris est maintenant princesse, Avec sa souveraine, pour elle une déesse, D'un pas plus assuré elle ira au bonheur.
la sombre danse des nuages lance des ombres mouvantes sur les flancs pierreux de la montagne
autant de monstres qui apparaissent et se dissipent sans laisser plus de traces qu'un fantôme que le vent chasse
Photo par Ian Cylkowski ©2022 licence CC-by-NC-SA 4.0
mots doux
mots dits mots doux
prononcés à l’essai parcelles de paroles oboles parées pour elle
si long silence
délai de grâce
délice de la réponse
dans le son de sa voix la saveur de ma vie
Dessin par ©Rita Renoir
cerises encore pâlottes qui se rient des merles
cerises noires cerises rouges grand carnage dans les feuillages pour tous les piafs du voisinage
cerises au sol perdues pourries sanglantes sous les pieds
tant de cerises sont toutes en fête ces folles ont la beauté en tête
« Juin à croquer » par ©Rita Renoir
au bord
sur le flanc des varechs la vague fatiguée s'arrête presque sans bruit
j'aimerais voir mes pas laisser leur trace avant qu'elle ne s'efface dans la flaque miroir
perdre au loin mon regard dans l'inutile immensité de l'océan ne rien chercher ne rien trouver me résigner à l'hébétude
parfois par jeu ou colère enfantine je shoote dans le sable et le vent me lance des grains dans les yeux
je voudrais
un carré de bleu vif par la fenêtre ouverte pour faire entrer le parfum d'un autre matin
la torpeur des rochers sous la pluie pour me donner un peu de leur tranquille indifférence
la largeur d'un sentier de montagne pour entrer lentement dans l'alpage
de la pommette au creux des seins du tour du nombril au plongeon des cuisses
le désir descend la ligne d'ombre
Photo ©Patrice Delmotte, “Esther”