l’œil tourne la forêt vacille l'encre du ciel coule
l’invincible lumière blanche lacère les branches
autant de lignes autant d’univers ouverts entre les signes
Photo « Silhouettes d'arbres dans le crépuscule » par Daniel Bourrion, licence CC BY-SA 4.0
têtue feuille morte accrochée à son rameau de bourgeons nouveaux
son plaisir de voir bientôt s'ouvrir les premières fleurs
dans cette ville en proie aux souvenirs en gris suivre la rue d'autrefois maintenant vide de toi le cœur battant un peu moins lentement
fuyant dans la tempête nous sommes des rochers que plus rien ne retient échappés du rivage et bientôt perdus
nous sommes des rochers dérivant sous le bouillon des flots engloutis hors de vue au large de la vie
Photo “Storm at Sea” par Robert Montgomery, licence CC BY-2.0
où est le ruisseau qui coule calme et saurait démêler le fouillis de nos vies
Photo ©Nigel Stanley (caractéristiques techniques de la photo)
derrière la vitre
si l’on regarde derrière la vitre la fenêtre découpe un rectangle de ciel où pas un bout de bleu ne dépasse le soleil doit être là-derrière on se demande s'il ne serait pas un peu fatigué de tournoyer comme un damné en charriant autour de lui tant de planètes qui gravitent lourdingues vers là-bas qu'on ne voit même pas tant c'est loin
alors qu’on voit bien qu'ici tout près il n’y a rien de bien intéressant non plus peut-être deux ou trois personnes là-derrière grand maximum qui gigotent vaguement ça nous amuse il faut bien rire le ciel découpe un bout de notre vie si l’on regarde derrière la vitre
par la fenêtre ouverte la lumière incandescente traverse notre monde qui n’en garde qu’un éclat et demeure dans la nuit
son globe obscur ne laisse sur le sol qu'un pâle souvenir du torrent rouge sang
Photo par Gilles Le Corre « Chiaroscuro, 18 février 2023 vers 16h » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP
