JOURNAL 12 novembre 2023

La tristesse ça colle au corps et à la conscience comme de la résine, tu te frottes tu te laves ça laisse toujours une impression de saleté. Ma princesse, ma souveraine, mon amour, sent tout de suite ma tristesse, je n'ai besoin de rien dire, même de dos elle sent que je suis pleine de boue, de cette boue noire qui pue tellement que je pollue tout le monde autour de moi. Et son amour, sa bonté, qu'elle me donne sans compter, ça me rend encore plus triste. Vous comprenez ça ? Avant, quand cette tristesse me remplissait, je devenais comme un bout de bois abandonné sur la plage, une vague l'emmène une autre le fait revenir. J'allais dans les bars de nuit et là je trouvais le sommeil dans le bruit, je me soûlais des bruits de la vie. Pas tant d'alcool, n'allez pas croire, l'alcool ne guérit pas la tristesse, juste la présence des humains, des copains, des amis. Mon amour me berce, elle m'a bercée deux heures cette nuit, Tant d'amour et je sais pas si je mérite !

Je sais pas si je mérite tout cet amour, parce que je ne sais pas si je suis innocente de ce que on m'a fait. Je n'arrive pas encore à comprendre qu'on puisse faire à des petites filles et des jeunes femmes ce qu'on m'a fait sans des raisons. Mon père aurait voulu je sois morte mais merde, pourquoi ? Pourquoi ? Juste parce que j'étais une fille et qu'il voulait un 3e fils ? Je n'arrive pas à croire que c'est vrai.

Je suis bien dressée, je vais aller dormir et demain la petite Japonaise parfaite sera à l'heure dite au travail au studio parce que la petite Nao-chan a besoin de ma présence pour jouer sa scène. Et après j'irai bien à nouveau, mon amour me tiendra la main et je marcherai la tête droite et je ne puerai plus la merde noire autour de moi. Mais c'est pas guéri comme ça les petites filles cassées, j'ai peur de demain une rechute et toute ma vie comme ça jusque la fin.