Trauma enfance, mise au point. 22 octobre 2023

Petit bout par petit bout j’apprends les choses, mais je n’ai pas envie de tout recevoir en une seule fois. Alors j’ai demandé à mon frère de m’expliquer pourquoi il avait voulu faire de moi une petite sabreuse. On a eu une super conversation très franche, il est très honnête. Il me dit que quand je suis née il avait 12 ans et était très déçu d’avoir une sœur, il était élevé dans le virilisme et entendait partout et au dôjô aussi que les filles c’est de la merde, alors il avait honte de dire qu’il avait eu une petite sœur et honte d’avoir honte de moi, et comme avec le temps il voyait que j’étais une petite fille très gentille et discrète et tout, il me détestait d’avoir honte. Quand maman est morte il a voulu me former au sabre comme il formait nos 2 frères, il avait 18 ans et était déjà un excellent kendoshi et excellent aussi au kenjutsu, alors il pensait que le sabre c’est pour les hommes et qu’en m’apprenant il arriverait à faire oublier peut-être que j’étais une fille et même il se disait qu’avec un entraînement très dur je pourrais devenir si bonne que je pouvais presque égaler les garçons etc. et alors il n’aurait plus honte. Et en fait, quand je suis partie chez notre oncle, à 12 ans, j’étais meilleure que beaucoup et même de bien plus âgés. Il avait finalement réussi mais du coup il n’était pas content non plus parce qu’on lui disait que j’étais meilleure que lui à son âge et que je pourrais le battre un jour. Et c’est arrivé finalement. Mais parce que je me bats comme une fille, pas comme un garçon, en finesse et agilité, pas en force mais c’est une autre histoire. Alors aujourd’hui il pense aussi que c’est à cause de lui je suis devenue lesbienne mais là je lui explique qu’il se trompe, il n’a rien changé à ma nature. Je ne suis jamais devenue un garçon, je suis une vraie fille et si j’aime les filles c’est comme une fille aime, pas comme un mec, et ça n’a rien à voir avec le kenjustsu. Surtout je lui rappelle ce qu’on m’a fait après, il en est innocent, et seulement ça, ça suffit à vous dégoûter des hommes, mais j’ai toujours été lesbienne, je ne crois pas que je suis devenue homosexuelle, c’est ma nature et voilà. Alors on est là maintenant, il n’a plus honte d’avoir une petite sœur, il est très content d’avoir une belle-sœur comme A, il essaye de faire une place aux femmes dans le kendo, là où il peut être influent, il regrette d’avoir adhéré au virilisme et tout ça, mais on sait bien tous les deux qu’on va pas changer la mentalité japonaise tout seuls, juste dans un tout petit rayon autour de nous. Et moi je fais des réparations à mon âme, petit pas par petit pas, en essayant de comprendre pourquoi on m’a fait ce qui est arrivé. C’est pas facile comme truc, ça oblige à me mettre à la place de ceux qui m’ont fait souffrir, ça fait mal de voir qu’ils sont humains autant que moi, mais après si je comprends je suis plus calme, les blessures sont toujours là, mais j’accepte mieux qu’elles me font ce que je suis maintenant, comme je suis qui n’est peut-être pas si mal.