Pierre-Emmanuel Weck

Zone d'Écriture Temporaire

Une amie se change, elle retire son tee shirt. Poitrine nue. Aussitôt je regarde dans le miroir à mes côtés son image et je la photographie. Je n’aurais pas photographié cette amie directement, non pas par pudeur, nous nous sommes connu intimement mais parce que cela aurait été une photo de nu de plus. Son intérêt n’aurait pas été au delà d’elle et moi. C’est comme si son image dans le miroir ne lui appartenait déjà plus tout à fait et à moi non plus d’ailleurs. Elle peut nous échapper à tous les deux et possiblement être regardée par d’autres. Cadre dans un autre cadre, image inversée, il y a comme le début d’une histoire dont nous ne sommes que les acteurs. chacun peut écrire la suite. On approche l’intemporalité, peut-être même, avec un peu de chance, l’éternité.

J’ai souvent l’impression de ne pas avoir de mémoire. Déjà, n’étant pas rancunier, je n’arrive jamais à me souvenir de la manière dont un conflit a pu se créer. Je me souviens juste de l’atmosphère, et, si une nouvelle fois un conflit identique apparait, j’en ressens la similarité, je n’arrive pas alors à me rappeler suffisamment de détails pour pouvoir comparer et argumenter. Je « sais » juste que c’est proche de la dernière fois, que ça se construit de la même manière mais je ne peux en dire davantage.

Du coup, faire des photos quotidiennement est assez important. Lorsque je dois revisiter mes archives, j’arrive à faire revenir les atmosphères mais toujours pas les détails. C’est sans doute pour cela que je vais de plus en plus vers le noir et blanc qui pour moi ne s’intéresse qu’aux structures de l’image. Sans couleur, on réduit les détails. De même qu’une image floue n’est pas pour me déplaire. Il arrive parfois que les aplats, les textures de grains (ou de bruit numérique) soient plus beaux que le sujet de l’image.

C’est aussi pour cela que j’aime faire des photos de concerts. Je m’y retrouve enveloppé de musique, je dois me mettre au diapason et traduire des sons en images. On ne retrouvera jamais dans une image le thème du morceau de musique photographié, juste une atmosphère.

On lit parfois que traduire, c’est trahir. Mais à l’invers, on pourrait dire que traduire, c’est (re)créer. L’idée de trahison dans ce cas là est proche de l’idée de pureté. Ça peut être intéressant pour faire réfléchir le cerveau comme on ferait du sport pour le corps mais c’est une pensée inutile pour vivre. Ce genre de pensée débouche sur les idées d’incompréhension, d’incommunicabilité, de faussé entre les cultures et les individus. C’est une forme de fractionnement, d’individualisme extrême qui mène à la méfiance, au relativisme ou au sectarisme. À l’invers, l’idée de (re)création ouvre sur les possibles, les variantes. Elle introduit de la subjectivité assumée, un monde en mouvement que l’on a envie de partager. Elle refuse d’enfermer les représentation et la pensée dans quelque chose d’immuable, elle en fait quelque chose de fluide. Le roc de ma montagne fini par se fissurer et la montagne disparait tandis que l’eau continue son cycle, se transformant plusieurs fois en donnant naissance à de multiples formes de vies lors de son voyage.

Moi qui n’est toujours cessé ce chercher à me dissoudre dans le monde, voilà que je recommence à faire des autoportraits.

Je sais que lorsque cela me prend c’est que je doute de ma propre existence. J’ai besoin de voir ma propre image sur mon écran, vérifier que je suis bien toujours en vie. Moi qui ne m’ai jamais senti comme très intéressant parce que tellement creux, j’ai fini par développer cette capacité à entrer en résonance avec le monde afin de m’en emplir. Entre empathie, extrême attention, concentration de chaque réaction chez les autres afin de pouvoir rendre compte ensuite de leur image la plus belle au reste du monde. M’effaçant derrière mes images, cherchant même à disparaitre derrière elles. Bien sûr, j’ai la fierté de faire ces images et j’en connais la valeur, mais c’est un peu comme si je n’en étais pas responsable. Aujourd’hui, une fois de plus, je dois réapprendre à vivre pour moi-même, enfin. Je découvre donc progressivement qui je suis, ce que j’attends des dernières années qui me restent à vivre, ce que je souhaiterais réaliser pour ne rien regretter. Désormais le temps m’en compté, il y aura une fin, comme pour tout. La quête d’absolu est sans doute résolue même si je n’y renonce pas tout à fait ne serait-ce comme prétexte pour aller un peu plus loin et ne pas se satisfaire de ce que je possède déjà. « Temps partager résiste au temps » est maintenant ma seule raison de continuer d’avancer, seul. C’est pour cela que je recommence à faire des autoportraits. Pour voir qui je suis, pour voir les traces du temps, la lente descente vers la dissolution finale.

Aller dans un pays comme l'Éthiopie pour quelqu'un comme moi qui n'a jamais beaucoup voyager et particulièrement déroutant dans le fait que TOUT devient intéressant.

Il faudrait pouvoir tout photographier mais pour cela il faut un minimum de structure que l'on n'a pas au premier abord. Ainsi, le nombre de gens dans les rues, dans le paysage, partout, ces foules incroyable, cette densité d'humains… Il faut l'organiser dans le viseur.

Du coup quand on se retrouve dans les petites ruelles de Harar avec ses murs peint et ses passants portant des étoffes de couleurs, tout redevient facile : un cadrage simple et l'image est belle.

Elle est belle, soit, mais que raconte-t-elle ? Harar, l'Éthiopie, l'Afrique deviennent alors images de cartes postales. Bien sûr, c'est véritablement simple et beau comme ça mais d'une part ça correspond tellement à ce que l'on a déjà vu mille fois et d'autre part ça détourne de tout le reste.

On a tellement peur d'alimenter les stéréotypes et on se rend compte aussi qu'en un mois, si on a fait beaucoup de photos, on n'a pas vu grand chose. D'ailleurs peut-on voir autant qu'on le souhaiterait ? Simplement plus on s'éloigne de chez soi, moins on maîtrise les codes de la société que l'on visite et donc plus il faudrait ajouter de textes pour préciser, nuancer, faire remarquer tel détails, expliquer… ce que l'image montre et ne montre pas.

Il faudra donc y retourner ou abandonner l'idée de raconter une histoire.

Quelle représentation photographique de ce que nous vivons actuellement ?

Nous avons besoin de nous rattacher à un récit collectif. Quelque chose qui donnerait à voir ce que nous vivons. Même si la solitude, le retrait forcé de l’agitation du monde peut être temporairement une source de plaisir, le manque de contact social finit par provoquer comme une dilution des individualités de chacun.

Alors, il y a bien entendu toutes les images réalisées dans les hôpitaux qui ont un peu toute la même beauté du jeu des couleurs et des lignes (les capteurs numériques aiment beaucoup les lumières au néon contrairement à la pellicule qui avait plus de mal), tous ces lieux se ressemblant assez en matière d’architecture et en pratiques vestimentaires. Mais cela concerne, somme toute, une infime minorité de Français. Cette agitation est un peu le contrepoint du calme de nos vies quotidiennes.

Il y a les scènes de rue avec une voisine à sa fenêtre, un couple jouant de la musique dans la rue, des canards sur une place un peu loin du canal où on les trouve habituellement… La variété des photographes fait qu’il ne se dégage pas encore une esthétique particulière. Les seules scènes de rue qui ont la même esthétique sont celles des films au smartphone des agressions policières principalement sur les jeunes des quartiers…

Il y a toutes les photos « poétiques » voulant rendre compte d’un temps suspendu, d’une forme d’attente ou de redécouverte de l’environnement du photographe. Il y a d’ailleurs comme une forme de retenue, car j’ai l’impression, que ce sont surtout des images d’objets plus que de personnes. La vie privée semble moins s’étaler[1]. Là encore, la variété des personnes donne une grande variété de styles.

Il y a aussi les agences et photographes professionnels qui en profitent pour tenter des correspondances entre aujourd’hui et leurs images archives qu’ils publient ensuite sur les réseaux sociaux. Il s’agit pour eux de continuer d’exister, même s’ils ne peuvent plus produire autant qu’avant. C’est agréable de revoir d’anciennes images, mais ça ne fonctionne pas pour dire ce que nous vivons aujourd’hui contrairement à un texte de science-fiction ou de littérature[2]. Et finalement, les films catastrophes sur la fin du monde produits en masse ces 20 dernières années, ne nous aident pas tellement puisque leur fonction est de faire du spectaculaire, ce qui ne représente pas notre réalité aujourd’hui[3].

En fait, les seuls à pouvoir encore être dans le spectacle sont les hôpitaux (via la photo principalement) et le gouvernement (via la télévision). De ce point de vue, le monde politique est assez pauvre en innovation de représentation et ne laissera sans doute pas un grand souvenir. Tandis que le monde des hôpitaux est au moins chargé de fortes charges émotionnelles. L’un est utile, l’autre…

Il y a comme une quête d’icône, mais il ne semble pas y avoir de récit. Pour qu’il en soit ainsi, il faut quelque chose de collectif, et le confinement empêche justement le collectif. D’autre part, une icône doit synthétiser tout un univers déjà existant[4].

Peut-être qu’une compilation d’images organisée par un journal à partir des reportages publiés ou d’un appel à participation des lecteurs donnera une meilleure vision avec l’effet d’accumulation.

Notes

[1]: J’ai l’impression qu’il y a moins de selfies ou moins d’images autocentrées. On voit pas mal de vidéos de personnes organisant des parcours sportifs dans leur appartement, mais il s’agit de montrer une création. Le selfie n’est pas une création, mais plutôt une contemplation et une validation d’être là, quelque part. Les gens ont l’intuition que leur intimité est banal, que leur univers intérieur, reflet de leur mental, n’a pas d’intérêt. Ils sont finalement assez ordinaires, sans le paysage extraordinaire du voyage ou la fête.

[2]: La peste de Camus et de nombreux autres.

[3]: Fictions d’apocalypse, par Sébastien Omont (En Attendant Nadeau). Mediapart, samedi 23 novembre 2019 et « Anthologie des dystopies. Les mondes indésirables de la littérature et du cinéma », de Jean-Pierre Andrevon, Vendémiaire.

[4]: une jolie fille sur les épaules de son compagnon avec le poing levé revient régulièrement dans les manifestations comme la mère ou la famille en peur devant le cadavre d’un homme ou d’un enfant dans un conflit armé.

Je n’ai jamais aimé les journaux, même des grands écrivains. “J’ai fait ci, j’ai lu ça, machin m’a dit…”. C’est parfois utile au regard de l’œuvre de l’écrivain pour comprendre certains passages, certaines allusions, l’origine possible d’une idée… Mais c’est tellement autocentré…

Désormais, on a tellement l’habitude avec les blogs, les chaines YouTube et autres traces de soi et des autres sur les réseaux sociaux que l’on n’a plus besoin, comme auparavant, de témoignages intimes pour comprendre l’être humain. Le trivial est désormais notre quotidien numérique.

Dans une autobiographie, il y a au moins un peu de recul. On réécrit le passé, on lui donne forme, on dit sa vérité, on peut construire un cheminement, il y a une certaine épaisseur. Alors que le journal, soit c’est du factuel soit on s’écoute écrire.

Un journal de confinement n’est pas non plus un carnet de voyage. Ce n’est pas un regard curieux sur le monde, mais plutôt un regard condescendant sur son nombril…

Pour ma part, je ne peux produire qu’avec le monde extérieur, en entrant en résonance avec lui. Aujourd’hui, je me retrouve donc avec moi-même-tout-seul… Et bien ce n’est pas très intéressant. En tout cas pas plus que ce que vit celui qui lit ces lignes.

Plus tard, on aura une avalanche de bouquins sur le sujet. Les plus intéressants seront certainement ceux des journalistes qui auront pu continuer de travailler à voir et analyser le monde. Les autres seront du genre selphique, bourgeois ou pornographique.

La densité du visage de l’être aimé.

Les yeux, la bouche, le nez, les oreilles, la peau, les cheveux…

Toute la promesse d’un autre monde, d’un changement, d’un état permanent de fulgurance.

Dans le regard, le concentré du désir et de l’ivresse. La promesse et sa réalisation. La tension et l’abandon.

Le temps suspendu pour l’éternité, la liaison réconsilliante entre l’instant et l’enfance.

ici, ailleurs, partout le monde est à modre à pleines dents.

Le corps ne fait plus qu’un avec l’esprit, les corps s’assemblent puis se frôlent et jamais ne se quittent longtemps.

Tous les sens sont en effervessence. L’intelligence est dans les corps et l’a sensibilité dans les esprits.

J’ai regroupé toutes les images de ma dernière histoire d’amour et les ai parcourues.

Comme le graphe d’un rythme cardiaque, elles me rappellent les bons et mauvais moments de cette relation. Avec le recul, je vois les instants critiques qui annonçaient les suivants. Je retrouve les choix que j’ai faits et ceux que j’aurais du faire.

J’y puise une sorte de douleur ainsi qu’une intensité brouillonne mêlant tristesse et désir, regrets et sentiment de libération. 

J’y vois les impasses et ne peux pourtant m’empêcher de regretter la fin.

Je redécouvre nos rituels. Les autoportraits dans les reflets des vitrines, les fotoautomates, les repas dans sa petite cuisine ou dans mon salon, ses mains tenant sa cigarette et son sourire, les cafés fréquentés, ses yeux baissés sur un livre ou son regard direct dans l’objectif, son corps qui se dévoile…

D’un seul coup, je survole plusieurs années de vie commune, d’aller-retour entre deux pays. Il y avait tant d’espoir, de tendresse et d’usure. Tant d’attirance, de confiance et de férocité. Tant de rire et de fatigue. Il y avait tant de beauté…

Sans image, je n’aurais peut-être pas de souvenir. Peut-être serais-je alors plus léger ? De la lourdeur d’être photographe.

Je louche depuis pas mal d’années maintenant. Mon père avait déjà ce problème-là et je l’ai aggravé à une époque en travaillant trop su un écran. Maintenant, je m’y suis fait même si cela me gêne continuellement.

Cela a changé mon rapport au réel.

Confusion

Je me suis mis à faire des images de reflets dans les vitrines des rues de Paris. Pas tout à fait comme ce que je voyais le réel, mais tout au moins pour m’approcher d’une certaine confusion. Ça s’est fait d’une manière intuitive. Ce n’est que bien plus tard que j’ai fait le rapprochement entre le fait de loucher et le fait de faire ce genre d’images.

Cette imprécision du regard s’est aussi traduite dans le fait que je ne cherche pas la précision dans mes images, plutôt une atmosphère. Cela me pousse par exemple à aimer les ambiances de manifestation et à y rechercher un ordre dans le chaos. Le Leica est parfait pour moi dans ce cadre-là. Pas de détail, pas de cadrages précis au millimètre près. Au contraire ce qui se passe hors du cadre est tout aussi important que ce qui se trouve dedans. C’est peut-être aussi pour cela que j’ai du mal à produire une image et qu’il m’en faut plusieurs pour raconter une histoire.

Cyclope

Loucher n’est pas un problème au moment où l’on fait une photo puisque de toute manière on n’utilise qu’un œil pour viser. C’est plutôt avant pour capter le réel et après pour y revenir. Le temps de l’image, on se trouve dans une sorte d’espace très agréable et puissant. D’un sel coup, on VOIT, pleinement et entièrement ce qui se passe devant nous.

Avant quand je ne louchais pas, je pouvais me trouver dans cet état à tout moment. Maintenant, je dois faire un effort particulier. Avant ce que je voyais était devant moi et je n’avais plus qu’à le capter. Maintenant, j’en ai comme l’intuition et je le confirme en regardant dans le viseur. L’image est désormais en moi d’abord puis est confirmée par l’appareil photo.

L’image dedans/dehors

C’est un peu la philosophie du Leica, on projette une image que l’on a en soi. Aujourd’hui avec les écrans qui se trouvent à l’arrière des appareils photo (ou des téléphones), on observe une image déjà cadrée par les bords de l’écran et on décide de la fixer. C’est désormais l'outil qui nous montre le monde. Je ne sais pas quelles conséquences cela peut avoir pour l’humanité. Un autre rapport au réel, ça, c’est sûr. Il n’y a pas forcément d’appauvrissement à moins de considérer une perte similaire entre le livre et le film. Comme on le pensait de la photo lors de son invention par rapport à la peinture. Si les deux coexistent, si chacun développe son chemin tout en se confrontant, pourquoi pas.

De loin, les crient semblaient bon enfant et puis quand on m'a expliqué l'activité, ils m'ont semblé moins agréables. Se transformant en éructations. Je suis donc allé voir.

La pratique daterait du moyen-âge. Le jeu consiste à bander les yeux d'un joueur qui va avancer avec un sabre émoussé, guidé par un petit tambour ainsi que les paroles de la foule, vers une oie morte suspendue par les pieds à laquelle il devra trancher le cou.

Si la foule criait certes, mais il n'y avait pas cette excitation malsaine provoquée par le sang et la mort. Plutôt la volonté d'aider ou d'embrouiller le joueur avec beaucoup d'humour. Le cadavre de l'oie, n'était pas l'objet du jeu, juste une masse nécessaire et pratique de par ses caractéristiques physiques afin de rendre l'action plus difficile.

Les photographies théâtralisent l'action et ne rendent finalement pas compte de l'atmosphère véritable du moment. Tout comme les cris au loin donnaient une interprétation fausse de l'événement. La présence du sabre comme arme donnant la mort crée une dimension tragique alors que cela ne dure qu'une fraction de seconde. Il faut bien entendu photographier toute l'action et donc la progression du joueur vers l'oie ainsi que le moment où il frappe la bête, mais ne retenir que la dernière action donne une image fausse de l'ambiance globale du jeu.

Tout comme réduire une manifestation politique qu'aux casseurs en fin de cortège occulte les revendications du cortège.

Il est toujours plus tentant de photographier le spectaculaire que l'inaction, l'action que l'attente, la violence que le calme… Quoi qu'ils en disent, c'est ce que voudront les journaux et c'est ce que retiendront les lecteurs.

On peut donc avoir deux lectures de l'événement. D'un côté, un homme avec un sabre symbole de toute puissance, du pouvoir de trancher la vie d'un animal fragile et sans défense avec autour une foule qui cri. Et de l'autre, un individu aveugle, avec un sabre émoussé rendant dérisoire son acte de frapper un animal déjà mort et un public qui s'amuse à le faire tourner en bourrique. Loin de la toute-puissance, il n'y a qu'un homme aveugle qui ne peut se déplacer qu'avec l'aide d'un public plus ou moins taquin, dont l'arme n'est pas fiable et qui devra frapper un cadavre inanimé, mais pas inerte.

Tout le monde peut participer (hommes / femmes / enfants). On ne sort pas de la condition humaine, il n'y a pas de super-héros. On demeure dépendant du groupe qui nous fait vivre. L'outil, ou la technologie, n'apportent pas la toute-puissance et l'acte de frapper est dérisoire puisque la mort a déjà eu lieu. C'est plutôt un jeu de dépossession, de double pantin, l'homme aveugle et titubant face à l'oie pandouillante et récalcitrante.

Il faudrait faire évoluer le jeu en utilisant un substitut moins macabre à l'oie déshumanisée, car cela ne serait pas un renoncement à la fête et ses symboles populaires, mais permettrait de monter d'un cran dans la dignité et le respect du vivant (et donc de la mort). Perçu parfois comme une sensiblerie, cette sensibilité au vivant est d'autant plus importante que nos sociétés ont atteint un degré d'autodestruction des cultures et de l'environnement tels que la sacralisation du vivant, et la mort, apparait comme le dernier rempart à la barbarie.

Enter your email to subscribe to updates.