dans le ruisseau divisé elle contourne les obstacles l'eau rapide
la lumière vive filtre à travers les branches des grands arbres
il bat toujours le cœur sensible dans l'obscur de la nuit
Photo © Ellis
dans le ruisseau divisé elle contourne les obstacles l'eau rapide
la lumière vive filtre à travers les branches des grands arbres
il bat toujours le cœur sensible dans l'obscur de la nuit
Photo © Ellis
la vitesse nous rend flous c'est peut-être mieux ainsi
le temps passe nos ombres s'effacent et bientôt plus personne sur le quai
on n'est pas sûrs non plus qu'il y ait vraiment quelqu'un dans le train qui pourtant nous emporte
mots cousus ensemble mais trop lâchement
ça se défait ça part n'importe comment pas moyen de rattraper en resserrant
le coton ténu qui les relie souvent casse
je m'embrouille avec le nœud pour tout arrêter j'emmêle sur lui-même le fil de la phrase
ça fait une sorte de moche araignée sur elle-même repliée qui tient dans ses courtes pattes le grommellement maussade des syllabes empêtrées

usées fatiguées flétries meurtries par les vents les pluies nous tenons bon
aux premiers bourgeons sur les rameaux du printemps aux premières feuilles vertes nous partirons sans regrets
le vent peut-être nous conduira à travers les brumes de la vallée vers les eaux froides encore où nous dormirons enfin
Photo © Gilles Le Corre “Le lac et la rivière confondus, 9 avril 2025”, Courtesy of Gilles Le Corre & ADAGP

tronc en travers tombé sous la neige
la trace est encore là aux détours incertains
mesurer le poids de quelques pas de plus
sous le regard des arbres noirs
avancer lentement jusqu'au bout de la piste
Photo “Mind the step” by Mike is licensed under CC BY-NC-SA 4.0
arrêtez tout jouez la fille de l'air prenez la poudre d'escampette appuyez sur la touche Échap
levez le pied prenez la fuite d'un pas pressé
décampez !
il faut s'esquiver léger se tailler en douce filer déguerpir s'éclipser s'évader s'échapper se barrer vite fait foutre le camp
disparaître
car tout ça c'est se sauver
la roche s'arrondit la rivière penche la lumière cascade
chacune recommence sans jamais se lasser
*
où vont les bulles joyeuses qui gonflent l'écume
quelles gouttes sont passées combien viendront encore
“BW River” by SRFN is licensed under CC BY SA

la danse du ciel rend plus sombre la montagne
les nuages conduisent la lumière
*
la maison s'honore de deux arbres entre deux pentes
sous le toit d'ardoises la vallée profonde n'existe plus
*
le chemin qui mène plus haut commence là
Photo by Thomas Nilsson, licensed under CC BY-SA 2.0

des fois on se demande
est-ce la lumière qui troue les feuillages ou bien les arbres qui couronnent le jour
et le train il est arrêté ou bien il passe à toute vitesse
c'est le soir ou c'est le matin le jour même ou le lendemain
et nous là on est tout seuls ou alors combien
peut-être bien que tout ça c'est tout et rien à la fois
photo by Smuk Luka, under license CC BY 2.0