
des fois on se demande
est-ce la lumière
qui troue les feuillages
ou bien les arbres
qui couronnent le jour
et le train
il est arrêté
ou bien il passe
à toute vitesse
c'est le soir
ou c'est le matin
le jour même
ou le lendemain
et nous là
on est tout seuls
ou alors combien
peut-être bien que tout ça
c'est tout et rien à la fois
photo by Smuk Luka, under license CC BY 2.0
nous tournons
sur nous-mêmes
si vite que nous semblons
immobiles
sous notre axe
bientôt chancelant
le monde tourne
dans l'autre sens
nous sommes
toupies ronflantes
lancées par le fouet des jours

longue distance
basse fréquence
haute tension
courts-circuits
messages transmis
messages perdus
réseau confus
des fils qui nous relient
et qui envoient des trains
se croiser dans la nuit
Photo “Train station” by eightfivezero is licensed under CC BY-NC-ND 2.0.
nous ne traversons pas la forêt
la forêt nous traverse
nous ne parcourons pas le sentier
il se promène sous nos pas
nous ne franchissons pas le torrent
son eau vive nous ruisselle
la colline nous augmente
de la hauteur de sa pente
on attend que le nuage
nous évapore

rideaux d'arbres
un puis un autre
et encore d'autres
de plus en plus loin
barrage de brumes sur la vallée marécage
collines qui veillent et verrouillent le décor
l'œil seul s'envole libre
vers un ciel où les nuages
s'estompent
#poésie #photo
Photo par Gilles Le Corre “Sur notre chemin des champignons, Lundi 28 Octobre 2024 vers 9h30”, Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP

au fil de la pente
l'eau du nuage retombe
sur les alpages et les forêts
suivant la pente la plus forte
deux ruisselets jumeaux miroitent
le torrent fredonne
un air qu'on reconnaît
slalome entre les roches
frôle les herbes longues
qui sur lui se penchent
l'eau de la rivière est vive encore
parfois furieuse elle explose ses bords
dévale la rue principale
en joyeuses vagues boueuses
le flot du fleuve est plus calme
on dirait qu'il ralentit entre ses rives
quand son courant hésite
entre de grands bancs de sable
mais enfin se noie
au large dans l'océan
la pluie d'octobre nous rappelle
que nos jours s'écoulent ainsi
d'une goutte à l'autre
du refrain allègre à l’abandon
de la colère à la libre divagation
au fil de la pente
sous le regard des ponts
Photo by Steve Carter: “The rivers and burns are flowing again (thankfully). These in the Coire na Ba.”
Le silence vibre et casse
sur le rebord fragile
de la nuit obscure
ni lune ni étoiles
pas de lueurs lointaines
pas de réverbères
ténèbres sans une ombre
dans la forêt profonde