le passé assaille encore ta gorge serrée
mais sur ton sentier incertain ton murmure est vainqueur
demain déjà est là pour toi tu le tiens maintenant
dans ta main ouverte
dans ta tête révoltée dans ton pinceau vagabond dans les couleurs de ta poésie
grande ouverte aux vents par d’anciens torrents rongeurs la porte de pierre
racines et branches d'une étreinte immobile s’emparent des roches
lourde lenteur du temps que les nuages seuls déchirent
demain oser franchir ce passage
Photo par Gilles Le Corre “Natural stone arch” 2021 November – By courtesy © Gilles Le Corre & ADAGP 2021
rochers écorchés en sentinelle
buissons épineux ciel pur et sentier à peine tracé
autour de la pierre sèche dressée sur la colline
sans impatience attendent les gardiens de la source
Photo par Gilles Le Corre “One of the rare sources on the plateau” 2021 November – By courtesy © Gilles Le Corre & ADAGP 2021
c'est le grand mercato des bouleaux, des chênes et des érables le sous-bois m'accueille encore et les feuilles me font un pont d'or
un contrat désirable sur le sentier je signe pour la saison d'automne
je fais un pas je vois des rues des gens des maisons où je suis et pourquoi je ne sais pas je ne reconnais rien
je fais un pas j'entends des voix des soupirs des clameurs qui me parle et pourquoi je ne sais pas je ne comprends pas
je fais un pas je sens des peurs des oublis des chagrins qui se plaint et pourquoi je ne sais pas je ne console personne
je fais un pas je me retourne me regarde et me vois qui je suis et pourquoi je ne sais pas je ne pèse rien je ne suis pas là
tentations
ouvrir tous les livres goûter tous les alcools
au-delà des verres vides des volumes alignés du globe terrestre immobile
franchir la fenêtre partir vers l’immense espace
pour toujours déserter sans laisser de trace
Photo par Gilles Le Corre “Cloudy day from the library” 2021 November – By courtesy © Gilles Le Corre & ADAGP 2021
dans la forêt sans bruit et la nuit de novembre je vois le ciel j’avance en silence traînant les pieds dans le feuilles au sol je ne laisse pas de traces
derrière mes lèvres closes j’entends monter un chant muet vers les étoiles
la forêt s'enfonce en silence sous l'eau du ciel
l'arbre lance un dernier signe à l'horizon fuyant
seule la lumière vit et les rameaux la célèbrent
Photo par Gilles Le Corre “By the moutains surrounding the village, wet cloudy afternoon..” 2021 October – By courtesy © Gilles Le Corre & ADAGP 2021
attendre que la lumière jaillisse que le feu vienne vite et qu'au sommet du brasier un seul souffle nous anéantisse
nous sommes sur des fils tendus dans le ciel d'octobre
oiseaux perchés frémissant souvent du désir intense de partir
sans jamais savoir vers quels nuages laisser passer nos ombres