je veux me montrer nue étendue et lasse dans l'abandon de mes défenses
si l'amour me laisse encore au bord d'un désir de caresse les yeux clos ma main sur la cuisse saura retrouver le chemin du plaisir
sur le chemin de rousseurs mortes les frondaisons vertes encore s'écartent et nous invitent vers la légère barrière de brume qui noie la forêt dans le gris
quel inconnu au-delà nous attend quel autre chemin trouver plus loin pour cueillir les restes de la nuit
mais où sont parties les lumières que nous suivions où sont parties les lumières que nous aimions
peut-être ont-elles cru s'envoler vers le ciel
elles ont voltigé dans son reflet brumeux sur l'eau trouble
bientôt noyées les feuilles encore vives lentement dérivent
nous sommes les pentes pelées et caillouteuses sur nous s’abattent en vain de furieuses vagues de nuages
bientôt leur eau dans l'air descendra sur les drailles nous la vomirons en torrents rapides
une seule clarté sur nous résiste à toute l'ombre et l'éclat de nos flancs met le ciel à l'envers
Photo par ForestEyes
longtemps nous avons cherché vers le haut les lointains nuages
nos branches et brindilles toutes dressées en vain dans le vent et la pluie
puis de nos racines jointes nous avons su capturer un vrai morceau de ciel blanc
les feuilles et les mousses lui ont fait bon accueil et parfois nous voyons dans son miroir passer le soleil
Photo par Ithilwen
brutal partage des roches jaillissements de falaises rongées par les siècles de l'eau du fleuve écrasées sous leur propre masse et clivées jusqu'aux noires profondeurs
elles résistent cependant redressent leur effrayant mufle contre les vents malgré l'entaille contraire d'un sentier qui n'ira nulle part
Photo par Ian Cylkowski licence CC BY-NC-SA 4.0