La ville morte – épisode 2/ la routine

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Je traverse la ville morte tous les jours depuis deux ans. Je cherche désespérément le quotidien.

Le travail est aux confins de la ville. Il faut traverser la ville morte. Le trajet en métro puis en bus n'a rien d'un automatisme, il faut étudier toutes les petites variations qui nous indiquerait que quelque chose se passe mal. On scrute les voyageurs, les conductrices. Les panneaux lumineux ne nous donne pas d'informations, les pannes sont découvertes trop tard.

Les jours sans travail, je reste sur place. Je vais au même café, un des rares qui ne sert pas un café acide, presque aigre. Le goût grillé me réconforte. Je vais à la même librairie. Le libraire parle trop et réussit à tout ramener à Baldwin. Je l'aime bien.

J'erre peu. Mes déplacements sont efficaces. Cette ville est efficace. Les développements carrés et rationnels. Les squats virés efficacement. Les habitants apprécient. Ils sont rationnels. N'ont jamais quitté la ville, ou alors un an ou deux seulement puis sont revenus.

Deux ans que je m'adapte. J'ai un boulot rationnel. J'achète un appartement, c'est logique, les loyers de l'argent jeté par les fenêtres, le CDI rassure les banques, je visite des immeubles propres avec ascenseur. Je fais du sport, en salle, aux horaires qui m'arrangent. Je fais des crises d'angoisse une fois par semaine. Je loupe des weekend entre amies, jamais un seul jour de travail.

Je recherche un réconfort dans ce quotidien qui ne vient pas.

#villemorte