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La ville morte / épisode 17 - Michelle Gurevich et la station essence

Le karcher glisse sur les vitres de la voiture, je reste dans l'habitacle. Michelle Gurevich chante en filigrane. Sa silhouette en noir et blanc danse dans les coulées de savon. Son visage se découvre d'une fenêtre à l'autre. Elle a les yeux fermés, elle me chante un secret, entre deux mouvements, à la fois lents et violents.

Sa voix me berce et me dit : c'est ok de ne pas aller bien.

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La ville morte / épisode 16 - la balance

L'homme pose sa balance sur le banc. “Je pèse le banc” il dit. Ses gestes vont vite, trop vite pour que j'en comprenne le sens. Des chiffres s'affichent sur la balance grise. C'est étrange, je pense. Pourquoi des chiffres sur cette balance. Je crois que c'est cette question qui l'agite lui-aussi. Il pose la balance, se lève, part, revient précipitamment, caresse l'acier de la balance, s'assied, part de nouveau.

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titre en image : La ville morte / épisode 14 - dans une ville inconnue

J'ai pris un bus dans une ville inconnue. Je déchiffre mal les noms qui s'affichent sur les arrêts.

Comme souvent, cela commence par une fuite. “Je viendrai” et je ne viens pas. “Je resterai” et je pars. Cette fois-ci, j'ai quitté une énième soirée étudiante, un apéro, ou peut-être une colocation vide. J'ai sur moi un paquet de cigarettes, des pièces étranges et Radiohead qui me chante comment disparaître. Je suis sorti⋅e de la résidence et j'ai pris le premier bus.

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La ville morte - épisode 13 / la fin du monde

La ville morte a connu la frénésie du grand départ pré-confinement une nouvelle fois. Des kilomètres de bouchon le long des deux rives ont créé une panique de klaxons et de cris. Deux personnes, casques sur la tête ont couru sur un boulevard entier après un potentiel voleur. Les intersections étaient bouchées par des voitures optimistes qui pensaient “c'est vert je traverse je m'en fous”.

On a acheté des chips et on s'est doucement demandé à quoi allait ressembler cette deuxième fin du monde.

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Ce blog aborde principalement les thèmes de la santé mentale, la ville et des identités. Un peu de poésie aussi.

Pour lire la série ville morte, suivez le # : #villemorte – les articles en lien avec la santé mentale : #santementale – les identités / races : #identité – les poèmes : #poesie – le cinéma : #cinema – l'écriture : #ecriture

titre en image - La ville morte / épisode 12 - la police

Elle fume une cigarette devant le poste de police. Ses cheveux blonds cendrés tombent sur des yeux gris. Cernes qui ferment le regard dans un nuage de fumée. Elle parle dans le vide du kit main libre. Ses yeux se perdent dans le vague du gris matinal. Elle fume et ça découpe ses mots d'une manière peu naturelle. Un mot, une bouffée, un deuxième mot une expiration. On se demande s'il y a quelqu'un de l'autre côté des ondes.

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la ville morte / épisode 11 - gare multimodale

“Ici c'est une gare multimodale” dit une petite à sa mère. Les élastiques multicolores de ses cheveux illuminent son visage qui arbore un air docte. Elle saute de son siège et sort du bus avant sa mère. Elle la tire par la main et lui montre qu'elle connaît le chemin vers ce nouveau mot : “gare multimodale”.

En marchant, elle continue : “c'est une gare multimodale car il y a des bus, le métro, des voitures, des vélos, cela permet de connecter les gens qui peuvent aller au travail facilement.” Elle se retourne vers sa mère, ses tresses dansent sur le sommet de sa tête et elle s'exclame “on a vraiment de la chance, maman, d'avoir une gare multimodale vers chez nous !”.

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Titre : la ville morte épisode 10 / la prière

Trois mots sont écrits sur un post-it collé sur un téléphone. L'homme le tient fermement, des petites tâches de buée se forment autour de l'écran. Je ne vois pas quelles lettres se forment dans le griffonnage. Les yeux de l'homme sont plongés dans son reflet dans la vitre du bus. Sa présence se détache et s'efface tout à la fois dans cette fin d'après-midi.

Sur ce bout de papier jaune et lumineux, j'imagine qu'il est écrit un bout de prière. Je veux croire qu'il s'agit de mots magiques, recopiés avec soin, en pensant à un être cher, à une chose minuscule et infime. Le regard de l'homme me dit qu'il aurait besoin de ce bout d'infini qu'on trouve dans la plus insignifiante des choses.

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titre en image : la ville morte - épisode 9 / la chute

L'été s'accroche dans les confins de la ville morte. Un été calme, répètent les gens.

Pas de voitures brûlées, peu de cambriolages, et puis cet enfant renversé dont on ne parle déjà plus.

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collage de batiments en decalage sur un fond de ciel bleu

J'ai appris il y a quelques semaines que le bâtiment dans lequel j'ai grandi allait être détruit. C'est l'histoire de plein de gens qui ont grandi en HLM. On pousse, on fait de la place, on assainit le quartier. C'est pour la mixité sociale, c'est pour embellir.

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