La ville morte – épisode 7 / les liens

la ville morte - épisode 7 /  les liens

La ville morte n’est pas plus solitaire que les autres villes. Elle n’a pas la chaleur des villes où il n’y a rien à faire, cette saveur particulière de villes moyennes de fonctionnaires mutées qui croisent des paumés à la dérive. Elle n’a pas non plus la frénésie de la capitale, où événements sur événements on se représente, toujours pour les autres.

C’est une ville de centristes. Une ville de confort, qui cache ses aspérités. Camus disait des habitants de la ville morte “ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient pour éviter la vie”. La formule est belle, la surface est vraie, le reste est faux.

La vie n'est pas évitée, elle n'est pas jetée à la figure des gens. Ce n'est pas un spectacle, ce sont des routines qui se vivent. On tente de créer des habitudes : tel jour se retrouver, faire telle chose. On échoue, sans doute, mais dans l'essai, se créent les liens.

La maille de la ville est plus serrée. Il faut apprendre de nouveaux repères, qui se déplacent au fur et à mesure qu'on avance. La ville et sa géographie ramassée le permettent. C’est un archipel où les espaces se touchent. Les trois gares sont dans un mouchoir de poche, les 15 bars aussi. On croise des gens du passé, du futur – on les recroisera. L'anonymat se réduit avec l'espace.

La ville morte est une ville qui permet d’être là. Elle rend la disparition plus difficile. C’est sans doute ce qu’il me fallait.

#villemorte