selmakovich

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les démons - écrit à la main 1/100 jours d'écriture

Je fais le geste, une fois, deux fois, trois fois. Mes doigts tourbillonnent dans une ronde discrète. Je marmonne au creux de mon épaule. Ma marche se fait plus lente. C'est que j'ai cette impression, là, dans le coin de mon cœur — côté droit là où il n'est pas. Cette impression d'un surgissement à venir, d'un engloutissement tout entier.

On ne combat pas une impression. Quand elle m'emplit tout entier, je peux, au mieux la pousser du pied gentiment. Je lui dis : repasse demain ce n'est pas le moment. Tu étais déjà là hier, ce n'est pas le bon moment.

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collages 6/100 jours d'écriture, écrit à la main

Souvent, je regarde mon visage et ne vois que des bouts, fragments adossés les uns aux autres dans un château de cartes fragiles. Il m'est impossible de dire : ce bout-là c'est mon père tout craché, celui-là ma mère tout entier. Ce sont des brisures qu'on aurait pu récupérer n'importe où vraiment, chez le fleuriste comme chez le poissonnier. Ce visage n'a rien de cubiste, il n'y a qu'une seule perspective, plane et direct. Ce n'est pas une histoire Rashōmon racontée par une multitude de voix. Il n'y a que la mienne, qui s'étonne, de ne jamais reconnaître ni son nom, ni son visage.

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décider - 100 jours d'ecriture, écrit à la main

C'est l'âge où l'on n'est plus trimballé par la vie. Trop lourd. Prise au vent incertaine, brise trop légère. Pour avancer, il faut créer une force venue du fond. S'extraire seul de la terre.

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texte quadrillé

Les murs ne sont pas hauts, rien qu'un petit enclos. A l'intérieur, un champ, au dehors, un champ, et moi, au milieu, ne bouge pas. Rien qu'un petit enclos, des piquets de bois, des planches qui les relient. Pas de ces barrières dont on entend le courant fouetter les fils électriques. Des planches de bois toutes bêtes à hauteur des genoux. Une enjambée mène à l'autre champ. Je reste là. Chacune des planches est connue. Je me souviens les avoir clouées. Chacun des piquets est connu. Je me souviens les avoir plantés.

L'herbe n'est pas plus verte dans le champ autour. Alors je reste là.

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ecriture sur fond quadrille la reunion syndicale

C'est une de ces réunions où l'on essaie de résoudre tous les problèmes du monde en une mâtinée.

La salle est trop chaude alors qu'il n'est que 9h du matin. Les tables positionnées en rectangle se font face. Des piles de tracts dans un coin. Une affiche sur le mur, trop petite par rapport à la surface. C'est une rencontre. Les mains, pas encore moites se serrent, les bises claquent oh le covid. Les prénoms sont dits en même temps dans une cacophonie joyeuse, et vite reconnus ah oui c'est toi qui ....

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j'ai mis ma carte bleue à la poubelle ce n'était pas l'un de ces gestes précis découpage des numéros, fraudes au Nigéria, où l'on se déleste avec précaution d'une bout de sa peau.

la carte a glissé au fond du sac comme glisse tous les objets entre mes doigts leur texture trop lisse ma main ne peut les tenir comme si eux et moi ne faisions pas partie de la même famille comme des lointains cousins d'une dimension proche mais ne se touchant pas tout à fait.

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Un fil se tend, loin de ma mémoire ici j'oublie tout j'oublie le thé dans la tasse j'oublie l'or de tes yeux j'oublie puis m'endors dans le creux de ma main.

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Ce sont souvent des poursuites, je cours, je tombe, j'accélère, je me réveille.

Hier, j'ai traversé une ville citadelle, poursuivie par un groupe d'hommes en cape. Les ruelles s'enchaînent, les ombres des hommes se projettent sur les murs et me suivent. Je me réfugie dans un hôtel splendide. Les hommes sont toujours derrière moi. Je traverse des chambres décorées avec soin, dans un style moderne et victorien. Dans une des pièces, des tableaux représentants des scènes du Château dans le ciel. Dans la pièce suivante, Miyazaki boit un thé. Je sais que c'est lui car il a un visage rond et bienveillant, ainsi que deux oreilles de chat au sommet de sa tête. Les hommes me rattrapent dans la prochaine salle. Je me tue, donc je me réveille. Ainsi je ne leur aurai pas parlé. Je n'ai rien dévoilé

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“Les femmes n’ont jamais une demi-heure dont elles puissent dire qu’elle leur appartienne.”

Virginia Woolf écrivait que le temps des femmes est compté. Il ne reste entre leurs mains qu'un temps dont elles n'ont pas la maîtrise, haché et impropre à l'écriture.

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