selmakovich

poetry

dormir, 8/100 jours d'écriture

It was just too much, I had to shut down

Plus tard on rendra compte de ces semaines, ces mois, disparus, entre le rêve et le sommeil. En face de nous les calendriers refusent toute tentative d'éluder. Il y a un mois et puis il y a un autre, une saison pousse la suivante avec obstination. Il n'y a de place ni pour le rêve ni pour l'absence. il n'y a jamais de place pour l'absence.

Les plus pragmatiques mentent : un voyage à l'étranger, un souci familial (rien n'est faux après tout.) Les plus lointains partent sans revenir (on parlera longuement d'eux un temps et puis plus du tout). Leur dernier geste d’au revoir pour toujours fixés dans leurs yeux.

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les démons - écrit à la main 1/100 jours d'écriture

Je fais le geste, une fois, deux fois, trois fois. Mes doigts tourbillonnent dans une ronde discrète. Je marmonne au creux de mon épaule. Ma marche se fait plus lente. C'est que j'ai cette impression, là, dans le coin de mon cœur — côté droit là où il n'est pas. Cette impression d'un surgissement à venir, d'un engloutissement tout entier.

On ne combat pas une impression. Quand elle m'emplit tout entier, je peux, au mieux la pousser du pied gentiment. Je lui dis : repasse demain ce n'est pas le moment. Tu étais déjà là hier, ce n'est pas le bon moment.

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collages 6/100 jours d'écriture, écrit à la main

Souvent, je regarde mon visage et ne vois que des bouts, fragments adossés les uns aux autres dans un château de cartes fragiles. Il m'est impossible de dire : ce bout-là c'est mon père tout craché, celui-là ma mère tout entier. Ce sont des brisures qu'on aurait pu récupérer n'importe où vraiment, chez le fleuriste comme chez le poissonnier. Ce visage n'a rien de cubiste, il n'y a qu'une seule perspective, plane et direct. Ce n'est pas une histoire Rashōmon racontée par une multitude de voix. Il n'y a que la mienne, qui s'étonne, de ne jamais reconnaître ni son nom, ni son visage.

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décider - 100 jours d'ecriture, écrit à la main

C'est l'âge où l'on n'est plus trimballé par la vie. Trop lourd. Prise au vent incertaine, brise trop légère. Pour avancer, il faut créer une force venue du fond. S'extraire seul de la terre.

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Un fil se tend, loin de ma mémoire ici j'oublie tout j'oublie le thé dans la tasse j'oublie l'or de tes yeux j'oublie puis m'endors dans le creux de ma main.

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une araignée au bord de mon visage, ses pattes caressent ma joue, un fil nous sépare, j'attends les fils qui nous tiennent.

la cheminée fume derrière la vitre quelques minutes à peine je sais qu'elles n'existent pas quelques minutes, à peine, quelque existence c'est un sentiment océanique de ne vouloir être nulle part être l'horizon même des parcelles de soi réagencé en un tout incompréhensible.

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