Il y a deux ans, je publiais dans The Conversation un article faisant état de la grande distance entre les vertus attribuées à l'agriculture biologique et les faits avérés. Cet article a fait réagir bien des gens, positivement et négativement – le site de The Conversation montre un peu plus de 95 000 vues à ce jour.
Depuis, la réflexion publique à ce sujet a cheminé. Georges Monbiot, probablement le journaliste en environnement le plus connu sur Terre, a vu les lobbies de l'agroalimentation récupérer le romantisme agricole dans leur opposition aux nouvelles technologies.
The paper (Viana et al., 2022), of which Maxime Paré is co-author, compares the production of organic and conventional oats with a life cycle assessment.
Il y a presque deux ans, je commençais à rédiger un article de vulgarisation sur les impacts écologiques de l'agriculture bio comparativement à celle non-bio (que l'on nomme “conventionnelle”). Malheureusement, je n'avais alors pas de données québécoises autre qu'un rapport du MAPAQ de 2011, qui admettait lui-même n'avoir que très peu de données québécoises sur le sujet, ainsi qu'une petite quantité d'études internationales. Je n'ai lu depuis aucune étude québécoise vraiment fiable... jusqu'à il y a quelques jours, alors que mon collègue de l'UQAC, Maxime Paré, m'écrit.
L'article (Viana et al., 2022), dont Maxime Paré est co-auteur, compare la production d'avoine bio et conventionnelle avec une analyse par cycle de vie.
Abeille du genre Lasioglossum pollinisant une fleur de cannerberge. Crédit: Tom Murray
Les cannebergières du Canada, deuxième producteur mondial, sont des agroécosystèmes construits sur des sols sableux aménagés en bassins de 1 à 2 hectares entourés de digues servant à confiner l’eau, à l’acheminer de bassin en bassin, et de voies de circulation. Sur de rares zones de production, les digues ont été ensemencées de plantes attrayantes pour les pollinisateurs dont la canneberge a essentiellement besoin pour produire des baies. Mon projet consiste à concevoir et construire des ouvrages géotechniques aménagés pour accueillir des nids et des niches écologiques de proximité pour les pollinisateurs sauvages.
Vous avez inséré dans votre livre une critique d'un article que j'ai écrit dans The Conversation, dans lequel je soulignais, entre autres, que l'état des connaissances actuelles ne permettait pas de confirmer les vertus écologiques généralement attribuées à l'agriculture biologique. Vous critiquiez également mon argumentaire dans un article que vous avez publié dans Le Soleil. Selon vous, malgré mon inexpérience, j'utiliserais la notoriété conférée par mes diplômes et mon titre de professeur pour mousser une opinion minimisant les dégâts de l'agriculture conventionnelle en lui attribuant faussement une aura scientifique. Bien que j'aie trouvé ces attaques personnelles malaisantes, sachez que j'aborde la conversation en toute cordialité et sans animosité.
Comme professionnels, mais aussi comme parents et comme citoyennes et citoyens, nous sommes plusieurs à être préoccupé.e.s par l’état de la planète (la planète Terre, s’il faut préciser). Les moyens pour l’améliorer sont souvent sujet à débat.
S'il y a une ligne directrice dans ma perception du monde, c'est que le progrès, technique ou social, permet de libérer le monde de contraintes malheureuses. Parmi ces contraintes, on retrouve l'oppression, la maladie et la faim. Je suis un progressiste.
🌱 Alors que des mouvements conservateurs (pourtant bien en vue chez les écologistes) nous souhaitent une agriculture paysanne et extensive, en ce jour de la Terre je nous souhaite plutôt une agriculture moderne, intensive et industrielle.