Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

Le ciel ce soir s'est arrêté et deux nuages immobiles attendent suspendus que la nuit les emporte

“Whispy Clouds in Charlotte's evening sky” par ballancio, licence CC BY 2.0

#photo #poésie

l'énorme échine de la colline se hérisse sous la caresse de la brume insidieuse


Photo par Gilles Le Corre “Gloomy morning in the mountains” D300-4302BW 2021 July By courtesy © Gilles Le Corre & ADAGP 2021

#photo #poésie

Pour une poésie fissile

Que la langue qui s’ankylose maintenant ose l’inouï l’infect l’inavouable et l’incongru
pas le sucrose mais la surprise de courant nu vif pointu qui court-circuite en paroles crues les discours curare Que viennent les flux sans fusibles !

Râler droit au cœur

Laisser râler sa colère ajouter des plaintes aux pierres et changer sa méduse en gelée tremblante et morte dans la flaque Hoquets haut-le-cœur
vomir sa douleur et sa rage sur tous les soleils trompeurs et courir vers le soir

Intempéries, un temps pour rire

la pluie me plaît le vent me va et n’ai pas peur que le tonnerre me gronde viennent les nuits fracassées dans le noir déchiré de grands traits de lumière que les torrents débordés à gros bouillons écumeux emportent loin les branches des arbres qui s’ennuient vers la fin du dimanche et le morne lundi

tranquille dans le fracas de l'orage La ligne des collines hausse les épaules


les arbres ne se mettent pas en travers de notre chemin leurs troncs au contraire s'élancent pour nous guider vers le ciel

photo par Guillemette Silvand


pauvre nuit sur terre nappe inégale déchirée de lumières crevée de milliards de veilleuses

on dirait bien que personne n'ose préférer tes profondes ténèbres

pauvre nuit sur terre trouée de blessures viens noyer nos vies blêmes dans tes vastes bras obscurs

bulle de lait flottant légère entre les nuages la lune de passage dans le noir café du ciel

(à Queen of Argyll)

je t'envoie

une coupe de fraises des bois de mon petit jardin

le soleil déjà puissant du matin qui allume les hautes branches des arbres

l'instant où la vie te redonne le courage de parcourir la journée d'un pied sûr

je t'envoie

le grand souffle du vent d'avant l’orage qui pourchasse les nuages lourds de ta mémoire et te donnera de nouveau l'envie de danser danser encore dans la lumière de l'été

dans ma rue grise

les hommes orange avec leurs corps courbés et leur fatigue à pleines mains

éventrent la chaussée et s'envoient des messages en poussant des cris par-dessus les compresseurs et marteaux-piqueurs

ils exhument les conduites rouillées des tranchées terreuses ils déroulent des filets rouges et jaunes et toutes sortes de tuyaux cannelés verts jaunes et bleus

sous la pluie persistante ils font glisser longuement des câbles dans des gaines d'un bout à l'autre du quartier

les hommes orange donnent à ma rue grise les couleurs qui lui manquaient