(pour F.)
à la première lueur du matin revient l'oiseau familier du jardin et son chant s'élève
après les tourments de la nuit elle est là toujours frémissante la simple feuille de l'arbrisseau qui attend un signe de votre cœur
(pour F.)
à la première lueur du matin revient l'oiseau familier du jardin et son chant s'élève
après les tourments de la nuit elle est là toujours frémissante la simple feuille de l'arbrisseau qui attend un signe de votre cœur
la branche un peu lasse se balance à peine au vent calme du soir
une faible et dernière lueur cède aux ténèbres avec confiance
il est temps de s'abandonner aussi à la vie de la nuit
écluse débordante du jour qui vient dans quelle clarté pouvoir se baigner flot de lumière par-dessus l'horizon quelle aube attend où déverser son cœur
il y aura des arbres odorants de résine des étoiles clignotantes du côté de la mer et j'irai me noyer dans l'immense et douce nuit d'été
en marchant vite sous l'averse de printemps dans la rue vide où mes pas résonnent pour personne
esprit vacant refrain aux lèvres je fais dans ma tête plusieurs pirouettes acrobatiques
au matin le vent d'ouest emmènera plus loin ce que la nuit me donne
on dirait
que tu serais en promenade dans notre rue en pente avec ton parapluie ton manteau d'autrefois et ton air de t'en foutre je te regarderais en te croisant
alors tu me dirais
et je te dirais
on dirait
on dirait que la forêt se noie dans l'ombre du versant que les nuages aussi cherchent le sommeil
je ne dirai rien au matin du secret de la nuit
je marche vers la mer le soleil me pousse dans le dos
mon ombre bien plus grande que moi vide et légère allongée sur le sable me fait signe
elle est au bout de mes chaussures trop lourdes du poids de mon corps fatigué
puis mon ombre disparaît dans l'ombre d'un nuage qui me laisse seul sur la plage
de mon ombre envolée ne restent à mes pieds qu'une flaque d'eau grise et le désir de danser
“Loneliness...” par Giuseppe Milo, licence CC BY 2.0
nous sommes l'herbe des champs la lueur de la led la lenteur d'un moment
nous sommes crainte et fureur et sommeil nous sommes l'orage et la pluie de septembre
nous sommes l'erreur, le syndrome et la parenthèse nous sommes sans mesure ni surface ni centre ni circonférence ni profil ni relief
nous sommes proches et nous sommes lointains nous sommes des arbres, des pylônes et des trains, des nuages, des chaussures et des chemins nous sommes des riens
nous sommes les autres et les mêmes en même temps
nous sommes tout et rien et le très peu qui les sépare
nous sommes nous hommes
pas de vent et pourtant la mince tige de bambou ploie au souffle invisible que seules ses feuilles ont senti
ni joie ni peine pour saluer la clarté le chant d'un oiseau
triste et terne demi-lune
une autre nuit peut-être brilleront partout
deux mille lunes
le cerisier enneigé de fleurs au printemps réticent attend le vent
impeccable et gracieux posé sur la poutre le soudain rapide salto arrière
tête au-dessus des herbes le chat en vigie dupé par le vent surveille les branches
un tonnerre de réacteurs explose le ciel mais où regarder long-courrier déjà loin
pied très lentement posé sur l'eau des flaques sans troubler son miroir
marcher dans le ciel
rouillé fourbu percé il rigole de l'eau du ciel le toit de tôle ondulée
toujours libre au fond du parc le vieux banc de bois gravé de prénoms et de cœurs attend patiemment le retour des amants d'autrefois
corps plus lourd tête en arrière par la vitre la rue accélère à la vitesse du tram
ciel qui s'éclaire
au fond de la tasse sombre et encore tiède ce qui reste de nuit
fleur ouverte sous le givre le glace la protège du froid qui la tue
iris dorés qui font imaginer des secrets mais rien à voir derrière les yeux du chat
fantôme qui passe en trombe et ne s'arrêtera peut-être plus jamais nulle part le bus sans voyageurs
à peine visible herbe nouvelle submergée par le nombre de boutons d'or
il perce les nuages et fissure le ciel
faible et puissant soleil déclinant
jamais deux fois la même strophe haut perchée trilles de la grive
le livre tombé de ses mains déploie de puissantes images pour le lecteur assoupi