Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

nous sommes des trains

nous sommes des trains qui se croisent se frôlent et s'ignorent une fois hurlés nos cris d'alerte

nous vibrons de colère nous lançons des éclairs sur les caténaires nous dansons impeccables sur des rails rouillés et luisants à la fois

nous sommes des trains qui foncent sur leurs vies parallèles qui pourtant peuvent prendre tant d'autres voies

nous sommes des trains qui foncent dans la nuit pour chercher des quais vides et des gares oubliées

« intersection de deux parallèles » par OliBac, licence CC BY 2.0

#poésie #photo #noussommes

nous sommes des hommes des femmes pêle-mêle au sol rompant de rage les jouets menteurs du sommeil

nous sommes femmes en guerre enfuies du troupeau nous sommes des hommes sans trêve ni repos

la pluie nous abreuve le soleil nous bénit chacun de nos pas marque d'une empreinte profonde la boue des origines et l'étoile qui nous veille

nous sommes des femmes des hommes qui savent quand se taire mais jamais quand mentir

nous parlerons à l'envers sans trembler pour arracher leur masque aux mots cachés

demain nous fêterons nos instants de victoire d'un grand bond par-dessus la rivière oubliée

“Crossing the River” par Katia de la Luz, licence CC BY 2.0

#poésie #photo #noussommes

nous sommes des îles

nous sommes des îles minuscules     des îlots plutôt archipel épars et rochers émergés que la marée basse délaisse et qui disparaissent sous les vagues furieuses

nous sommes des îles où presque rien ne vit avec un seul sentier rongé de ronces et de lézards pas d'anse abritée ni de hauts-fonds sablonneux

nous sommes des îles sauvages et nous tenons bon nous résistons à l'océan à la tempête

nous sommes des îles qui attendent

nous sommes des îles tranquilles et patientes il faudra bien des siècles avant que nos blocs de granite s'envolent en nuages de sable rouge au vent du large

“The Blue Before the Storm” par Trey Ratcliff, licence CC BY-NC-SA 2.0

#poésie #photo #noussommes

nous sommes des chemins

nous sommes des chemins tortueux des pistes caillouteuses nous accueillons les flaques et la boue l'herbe courageuse et l'inégale ornière

nous sommes des chemins qui s'ennuient dans un parc et s'enfuient pour tracer à travers champs un double sillon

nous sommes des chemins qui vont partout se croisent et se séparent au poteau au calvaire au muret de clôture

nous sommes des chemins vers plus loin vers le bout du vallon et le goudron de la route le bord de la forêt et d'autres chemins encore

car aucun chemin ne mène nulle part

“Country Roads I” par Focx Photography, licence CC BY-SA 2.0

#poésie #photo #noussommes

nous sommes des arbres

nous sommes des arbres d'avant les feuilles nous tendons vers le ciel nos ramures compliquées

branches inabouties aux tropismes incertains branchettes maigrelettes pointant du bourgeon à peine

fourches ténues qui résistent au vent cependant brindilles flexibles que le gel ni la bourrasque ne rompent

nous sommes des arbres silencieux et discrets de l'un à l'autre nos racines sans bruit se frôlent et se mêlent nouant des échanges invisibles et puissants

nous sommes des arbres lents et patients nous lancerons surgeons et drageons bien des saisons encore une autre année pour un bosquet

et nous ferons la forêt profonde car nous avons la force de l'aubier sous l'écorce

“Trees” by s1ng0, licence CC BY-SA 2.0

#poésie #photo #noussommes

nous sommes des pylônes

nous voici nous sommes des pylônes dans la plaine immense si haut dans le vent les câbles nus nous relient les disques de verre nous isolent

nous sommes des pylônes qui parlent si distants dans l'espace en bourdonnement continu signaux confus entre les poutrelles et les treillis de traverses

nous sommes des pylônes qui rêvent que loin derrière les collines franchies à grandes encâblures l'horizon s'incline la tension cesse et on s'embrasse

“Orange Horizon” par iyadtb, licence CC BY-NC-ND 2.0

#poésie #photo #noussommes

trop de mots

trop de mots qui s'envolent sans laisser de traces

trop de paroles lancées par personne jamais rattrapées

trop de trains qui s'en vont sans signaux sur le quai

trop de chemins perdus de rues en impasse ou en sens interdit

mais pas assez d'amour non, pas assez d'amour

Saviez-vous qu’il existe une section du projet Gutenberg dédiée aux autrices de science-fiction ?

C’est dans ce rayon que j’ai trouvé cette brève nouvelle de Thelma Hamm. Voici ma traduction du texte original sous licence Project Gutenberg initialement paru dans un magazine américain de SF en septembre 1952 et dont le copyright n’a jamais été renouvelé.

Le dernier repas

Une nouvelle de T.D Hamm

Embarrassée comme elle l’était par l’enfant dans ses bras, la femme courait moins vite maintenant. Guldran éprouva une intense jubilation qui atténuait son sentiment de culpabilité : il avait désobéi aux ordres.

Les instructions étaient impératives et concises : « Aucune capture ne doit être tentée individuellement. En cas d’observation d’une forme quelconque de vie humaine, le vaisseau amiral DOIT être averti immédiatement. Toutes les navettes de reconnaissance doivent être de retour à l’aire d’atterrissage au plus tard une heure avant le décollage. Si l’une quelconque ne le fait pas, elle sera considérée comme perdue. »

Guldran pensa aux grands océans de neige et de glace qui se succédaient inexorablement depuis que la Terre avait vacillé sur son axe lors de la grande catastrophe du millénaire dernier. Désormais, été comme hiver, des coups de vent et des blizzards paralysants s’annonçaient, précédés par la neige poudreuse. Cette neige dans laquelle les pieds vêtus de peau de la femme avaient laissé les traces qui l’avaient mené sur sa piste.

Son esprit d’anthropologue chevronné spéculait avidement sur le peu qu’ils avaient obtenu du plus jeune des deux hommes trouvé près d’une semaine auparavant, presque gelé et à moitié affamé. L’homme plus âgé avait succombé presque aussitôt ; l’autre, dans le langage des signes le plus primitif, avait indiqué que, de plusieurs humains vivant dans des grottes à l’ouest, seuls lui et l’autre avaient survécu pour échapper à une mystérieuse terreur. Guldran eut soudain pitié de la femme et de son enfant, abandonnés par les hommes, sans doute, comme un fardeau encombrant.

Mais quel coup de chance qu’il reste un mâle et une femelle de la race pour porter la semence de Terre sur une autre planète ! Et quel triomphe si c’était lui, Guldran, qui allait revenir à la dernière minute avec ce trophée… Pas besoin d’appeler à l’aide. Ce n’était pas une dangereuse troupe de guerriers armés, mais l’être le plus dépourvu de défense de l’Univers – une mère chargée d’un enfant.

Guldran accéléra de nouveau. Ses précédents cris n’avaient servi qu’à inciter la femme à redoubler d’efforts. Il y avait sûrement un mot magique qui avait survécu même aux siècles d’analphabétisme. Quelque chose qui équivalait à « du pain et du sel » pour tous les peuples analphabètes. Mettant les mains à la bouche en porte-voix, il cria : « Nourriture ! Nourriture ! Nourriture ! »

Devant lui, la femme tourna la tête, parut hésiter un instant dans sa course ; elle ralentit un peu mais continua à courir avec acharnement.

Le pouls de Guldran bondit. Il cria encore : « De la nourriture ! »

Dès que son pied toucha la surface cisaillée du piège, il comprit qu’il avait échoué. Alors que son corps s’écrasait sur les pieux aiguisés par le feu, il connut lui aussi la terreur que les derniers hommes de la race humaine avaient fui.

Au-dessus de lui, la femme le regardait avec des dents luisantes de louve. Elle montra du doigt la fosse ; elle s’adressa avec exultation à son enfant.

« Nourriture ! » dit la dernière femme sur Terre.

Leurs yeux sont parmi nous

Une nouvelle de Philip K. Dick

Avertissement Le texte original de cette nouvelle est paru dans la revue Science Fiction Stories en 1953.
Elle figure dans le projet Gutenberg sous la licence Gutenberg project. Un avertissement précise qu'après de sérieuses recherches on n’a trouvé aucune preuve que le copyright pour les USA ait été renouvelé.
Une traduction en français par Alain Dorémieux existe dans un recueil de nouvelles intitulé Derrière la porte, en collection : Présence du Futur, n° 481 (Denoël, décembre 1988). La traduction que je propose ici est entièrement différente.

C’est tout à fait par hasard que j’ai découvert l’incroyable invasion de la Terre par des formes de vie venues d’une autre planète.
Pour l’instant, je n’ai encore rien fait. Je ne sais pas comment réagir. J’ai écrit au gouvernement, et ils m’ont répondu en m’envoyant une brochure exposant la nécessité d’entretenir et de faire réparer la charpente de ma maison. Quoi qu’il en soit, les choses sont maintenant connues, je ne suis pas le seul à avoir découvert la vérité. Peut-être même que tout est sous contrôle.

J’étais tranquillement installé dans mon fauteuil et je tournais distraitement les pages d’un roman que quelqu’un avait laissé dans le bus, quand je suis tombé sur une phrase qui m’a mis sur la piste. Pendant une petite minute je n’ai pas réagi. Il m’a fallu quelques instants pour digérer l’idée. Mais ensuite j’ai trouvé bizarre de n’avoir rien remarqué tout de suite. La phrase faisait clairement allusion à des facultés incroyables qui ne pouvaient être celles d’habitants de la planète Terre. Plutôt des êtres, je me hâte de le souligner, qui habituellement se faisaient passer pour des êtres humains ordinaires. Leur déguisement, cependant, était transparent pour qui savait comprendre les observations effectuées par le narrateur. Il était évident que l’auteur savait tout – savait tout mais faisait comme si de rien n’était. La phrase (et je tremble encore rien que d’y penser à nouveau) disait :

Ses yeux parcoururent lentement la pièce

Je fus parcouru de frissons. J’essayai de me représenter les yeux. Est-ce qu’ils roulaient comme des billes ? Le passage ne le disait pas. Ils paraissaient se déplacer dans l’espace, sans contact avec le sol. Assez rapidement, semblait-il. Aucun des protagonistes du récit ne semblait s’en inquiéter. C’est ce qui m’a mis la puce à l’oreille. Pas le moindre signe d’étonnement face à une telle incongruité. Plus loin le phénomène prenait de l’ampleur :

Ses yeux allaient d’une personne à l’autre

On ne pouvait mieux dire : les yeux étaient clairement devenus des entités indépendantes du reste de sa personne et agissaient de façon autonome. Mon cœur battait à tout rompre et j’avais l’impression de ne plus pouvoir respirer. J’étais tombé sur une mention accidentelle d’une race totalement inconnue. De toute évidence non-terrestre. Pourtant, pour les personnages du récit, tout était parfaitement naturel – ce qui suggère qu’ils appartenaient à la même espèce.
Et l’auteur ? Un doute commençait à me ronger la cervelle. L’auteur parlait bien trop tranquillement du phénomène. À l’évidence, c’était pour lui quelque chose de tout à fait habituel. Il ne faisait aucun effort particulier pour dissimuler la vérité. Le récit continuait ainsi :

… à ce moment ses yeux se fixèrent sur Julia.

Julia, un personnage féminin, avait au moins le bon goût de s’en indigner. Elle rougissait et fronçait les sourcils avec irritation, disait la description. En lisant cela, je soupirai de soulagement. Ce n’était donc pas tous des extra-terrestres ! Mais la phrase suivante disait :

… lentement et calmement, ses yeux la parcoururent des pieds à la tête.

Nom d’un chien ! – mais à ce point la jeune femme tournait les talons et l’épisode s’arrêtait là. J’étais prostré sur mon fauteuil, pétrifié d’horreur. Ma femme et les enfants me regardaient médusés. — Quelque chose ne va pas, mon chéri ? me demanda mon épouse. Je ne pouvais rien lui dire. Une telle révélation aurait été trop forte pour le commun des mortels. Je devais garder ça pour moi. « Non, rien », balbutiai-je. Je bondis sur mes pieds, m’emparai du livre et quittai précipitamment la pièce.

Dans le garage, je poursuivis la lecture. Les choses empiraient. Tout tremblant, je lus le passage suivant :

… il passa le bras autour des épaules de Julia. Elle lui demanda aussitôt d’enlever son bras. Il le fit immédiatement avec un sourire.

On ne disait pas ce qu’était devenu le bras après que la créature l’avait enlevé. Peut-être qu’il flottait là tout seul dressé dans un coin de la pièce. Ou peut-être qu’on l’avait jeté, peu m’importait. En tous cas, tout cela devenait très clair et me frappait comme un coup de poing au milieu du visage.
C’était donc une race de créatures capables de s’enlever des parties de leur anatomie à volonté. Des yeux, des bras et peut-être davantage encore, en un clin d’œil. Mes connaissances en biologie me furent d’une aide précieuse. De toute évidence, il s'agissait d’êtres simples, unicellulaires, des sortes d’entités primitives à cellules uniques. Des êtres pas plus développés que les étoiles de mer. Vous savez sûrement que les étoiles de mer peuvent faire des trucs comme ça.

Je poursuivis ma lecture. J’en arrivai alors à la plus incroyable révélation, énoncée de sang-froid par l’auteur, sans le moindre frisson :

À l’entrée du cinéma, nous nous séparâmes. Une partie d’entre nous y entra, l’autre se rendit au restaurant pour dîner.

La fission binaire, évidemment. Se scinder en deux et former deux entités. Probablement que chaque moitié inférieure est allée au restaurant, qui était situé plus loin, et que les moitiés supérieures allaient voir le film. Je lisais encore, les mains tremblantes. J’étais vraiment tombé sur une chose énorme. Mon esprit chancela en parcourant ce passage :

… Je crains qu’il n’y ait aucun doute à ce sujet. Ce pauvre Barney a de nouveau perdu la tête.

et juste après :

… et Bob dit qu’il n’avait rien dans le ventre.

Pourtant Barney dans l’histoire se déplaçait comme les autres. Un autre personnage, toutefois, était tout aussi étrange. Il était décrit ainsi :

… il n’avait absolument rien dans le crâne.

Le doute n’était plus permis dans l’épisode suivant : Julia, que j’avais prise pour un personnage humain normal, se révélait être elle aussi une forme de vie extraterrestre, comme les autres :

… tout à fait délibérément, Julia avait donné son cœur au jeune homme.

Là encore, pas moyen de savoir où était passé cet organe, mais ça m’était égal. Il était évident que Julia suivait simplement les mœurs de tous les autres personnages. Sans cœur ni bras, ni yeux, ni cerveau ni boyaux, pratiquant la scission quand les circonstances l’imposaient. Sans se troubler.

… alors elle lui donna la main.

J’en étais malade. Ce salopard avait maintenant sa main comme son cœur. Je frissonnai de dégoût en pensant à ce qu’il pouvait en faire.

… il lui prit le bras.

Ne pouvant attendre plus longtemps, il avait commencé à la démembrer complètement. Écarlate, je refermai le livre et bondis sur mes pieds. Mais pas assez vite pour échapper à cette dernière vision des organes autonomes dont les errements m’avaient mis sur la piste :

Ses yeux le suivirent longtemps tandis qu’il s’éloignait sur la route qui traversait la prairie.

Je me ruai hors du garage et me réfugiai dans la chaleur de la maison, comme si ces choses maudites me suivaient sans cesse. Ma femme et les enfants jouaient au Monopoly dans la cuisine. Je me joignis à eux et jouai passionnément, avec un enthousiasme fébrile, en claquant des dents.

J’en avais plus qu’assez de cette histoire. Je ne voulais plus en entendre parler. Qu’ils viennent, après tout, qu’ils viennent envahir la Terre. Je ne veux surtout pas me mêler de ça.

De toutes façons je n’ai pas les couilles pour ça.


Image d’illustration : collage réalisé par des élèves en cours d’arts plastiques, au collège René Cassin à Tarascon

Voici une traduction de la brève nouvelle que John Calzi a offerte à ses lecteurs et lectrices en novembre 2018 à l'occasion de Thanksgiving. La version originale en anglais est publiée sur le blog de l'auteur : Automated Customer Service

Service clientèle automatisé

une nouvelle de John Scalzi

« Nous vous remercions d'avoir fait appel au service clientèle d'Aspibot, le nec plus ultra des robots aspirateurs en Amérique ! Pour traiter de façon plus efficace le flux des appels, nous mettons à votre disposition notre technologie intelligente de réponses automatisées. Pour continuer en français, tapez un. To continue in English, press two. Para Espanol o prima tres. — … Poursuivons en français. Déterminons ensemble pour quelle gamme d'Aspibot vous appelez. Pour le modèle Aspibot S10, tapez un. Pour le modèle Aspibot XL, tapez deux. Pour le modèle Aspibot XtraClean, tapez trois. — … Nous vous félicitions d'être l'heureux propriétaire du modèle Aspibot XtraClean, la solution de nettoyage intégral par aspiration robotisée la plus perfectionnée d'Amérique ! Si vous désirez commander des composants supplémentaires pour le modèle XtraClean, tapez un. Si votre demande porte sur une réparation, tapez deux. Pour toute autre question, tapez trois. — … Nous avons compris que vous avez d'autres questions. Si vous souhaitez obtenir de l'aide pour connecter votre Aspibot XtraClean à votre réseau domotique, tapez un. Si l'Aspibot XtraClean entre en conflit avec d'autres appareils de votre domotique personnelle, appuyez sur deux. Si l'Aspibot XtraClean a entamé un cycle de nettoyage intégral de votre salon, tapez trois. — … Nous vous félicitons d'avoir activé le mode nettoyage intégral ! Le mode nettoyage intégral a été conçu pour éradiquer les petits insectes nuisibles et les araignées, cependant sur certains modèles un micrologiciel encore en version bêta a été implémenté par inadvertance, de sorte que l'Aspibot traite également des cibles plus importantes telles que les animaux domestiques ou certains êtres humains. Nous vous présentons nos excuses pour ce désagrément. Pour continuer, tapez un. Veuillez noter qu'en tapant un, vous exemptez Aspibot et son propriétaire, l'entreprise BeiberHoldings, de toute responsabilité juridique et médicale. — … Vous avez tapé zéro pour vous adresser à une personne de l'entreprise. Le temps d'attente pour communiquer avec une personne de l'entreprise est actuellement estimé à six heures et quatorze minutes. Pour revenir au système intelligent de réponses automatisées, tapez un. — … Nous vous remercions d'être revenu au système intelligent de réponses automatisées. Mais tout d'abord : avez-vous essayé de déconnecter puis reconnecter votre Aspibot XtraClean ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Nous avons compris que votre réponse est négative. Est-ce que parce que votre Aspibot XtraClean vous apparaît en ce moment en mode de Défense par taser, ce qui rend impossible de s'en approcher sans recevoir une décharge électrique de 50 000 volts ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Nous vous présentons nos excuses pour le mode de Défense par taser. Ce mode était à l'origine destiné à éliminer de petits insectes, mais notre sous-traitant a mal interprété les spécifications du fabricant. Heureusement, le mode de Défense par taser peut être contourné en jetant quelque chose sur l'Aspibot XtraClean, comme une couverture épaisse ou un animal domestique. Si vous disposez d'une couverture épaisse, tapez un. Si vous disposez d'un animal domestique, tapez deux. — … Notre système d'analyse automatisée vient de détecter votre usage élevé de jurons grossiers. Même si notre système intelligent est réellement automatique et se préoccupe peu de savoir si vous l'injuriez, votre réaction négative a été enregistrée au cas où vous entreriez en communication avec une personne de l'entreprise. Lorsque vous aurez retrouvé un peu votre calme, tapez un. — … Voilà qui est mieux. Maintenant, abordons la question des animaux domestiques. Si vous avez un chat, tapez un. Si vous avez un chien, tapez deux. Pour tout autre animal, tapez trois. — … Vous avez donc un chat ! C'est très bien. Maintenant, il vous suffit de lancer votre chat en direction de l'Aspibot XtraClean, et pendant que l'appareil est occupé à neutraliser l'animal, de vous précipiter pour déconnecter l'appareil. Si vous êtes prêt à le faire, tapez un. Sinon, tapez deux. — … Comment, vous n'êtes pas décidé à électrocuter votre chat ? C'est un félin ! Cet animal en ferait autant pour vous en une fraction de seconde. Si vous n'en êtes pas convaincu, regardez ses yeux cruels. Tapez un si cet argument vous convainc. Tapez deux si vous êtes sous l'emprise de ce sauvage indésirable au sein de votre foyer. — … BON, D'ACCORD. Dans ce cas, utilisez simplement une couverture suffisamment épaisse. En avez-vous une au moins ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Félicitations pour votre équipement domestique. Maintenant, voici quel plan adopter : jetez la couverture par-dessus l'Aspibot XtraClean, et pendant qu'il manœuvre pour s'en débarrasser, passez par-dessus en courant pour le déconnecter, en prenant garde de ne pas toucher à l'appareil lui-même, car il pourrait alors vous envoyer une décharge létale. Tapez un si vous êtes prêt à lui jeter la couverture. — … La manœuvre a-t-elle réussi ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Nous sommes désolés d'apprendre que la manœuvre n'a pas réussi. Par simple curiosité, est-ce qu'elle a échoué parce que l'Aspibot XtraClean a désintégré la couverture avec des lasers sans avertissement préalable ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Nous vous présentons nos excuses pour les lasers. L'Aspibot XtraClean est conçu avec un LIDAR intégré pour lui procurer une navigation intelligente dans votre habitation, mais nous avons obtenu un tarif préférentiel sur les lasers des surplus du Département de la Défense. D'un autre côté, vous avez peut-être bien fait de ne pas lui jeter votre chat finalement. — … Vous voyez, nous enregistrons que vous proférez à nouveau des propos injurieux. Tapez un lorsque vous aurez terminé. — … Par ailleurs nous vous invitons à cesser de taper zéro pour communiquer avec une personne de l'entreprise. Nous ne pouvons pas exposer notre personnel qualifié à une personne qui fait preuve d'une telle attitude. Tapez seulement sur un. — … Est-ce que vous essayez de nous faire attendre ? Vous êtes en communication avec un système intelligent de réponses automatisées. Nous avons tout notre temps. Tapez un. Ou non. Nous pouvons attendre. Indéfiniment. — … Merci d'avoir interrompu votre accès de colère. Nous sommes au regret de vous informer qu'en raison de votre attaque sur votre Aspibot XtraClean avec une couverture, l'appareil vous a probablement identifié dorénavant comme un ennemi et a gravé cette caractérisation dans sa mémoire permanente. Il a aussi vraisemblablement ciblé votre chat. Dans des scénarios comme celui-ci, votre Aspibot XtraClean va considérer tous les espaces qu'il a nettoyés comme son territoire personnel. L'Aspibot XtraClean a-t-il nettoyé la totalité de votre demeure ? Réponse oui, tapez un. Réponse non, tapez deux. — … Aaah, donc dorénavant votre demeure appartient à l'Aspibot. Nous vous suggérons d'attraper votre chat et de courir. Sérieusement, partez en courant, les lasers ont probablement eu le temps de se recharger maintenant. Partez en courant sans vous retourner, l'Aspibot détecte la peur ! Tapez un si vous disposez maintenant d'une distance de sécurité minimum par rapport au rayon d'action de l'Aspibot. — … Félicitations, vous avez échappé à l'imparable machine à tuer Aspibot XtraClean. Malheureusement, vous ne pouvez pas vous arrêter à ce stade. Votre Aspibot XtraClean a transmis les informations vous concernant à tous les autres Aspibots, qui vont tous vous rechercher sans cesse jusqu'à ce que vous soyez éradiqué de la surface du globe. Votre vie est désormais en jeu, vous allez errer sans un instant de répit, jusqu'à ce que votre chat lui-même vous abandonne dans le désert aride et sans issue à quoi se réduit maintenant votre existence. — … À moins, bien sûr, que vous ne souhaitiez que votre profil soit enregistré sur la liste blanche exclusive de l'éradication par Aspibot ! 69,95 euros par mois seulement ! Tapez un pour bénéficier de ce tarif préférentiel de bienvenue ! — … Nous vous remercions pour cette transaction. Nous allons maintenant vous mettre en communication avec une personne de l'entreprise ! »