Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

cent lumières vives la gomment du ciel de nuit la lune invisible

l'année passée déjà loin est partie avec ses ombres   ~~~~~~~~~~   la nuit a emporté dans un ciel tourmenté le corbeau qui rôdait

dans la pluie et le vent caché dans le buisson le moineau qu'on attend  

délaissés par leur feuillage les arbres croisent en tous sens leurs branches en filet maladroit

leur échappe tout autant la vallée noyée de blanc et la montagne orgueilleuse qui s'élève vers le bleu

les nuages égarés cherchent trop bas le ciel à la surface du lac

l'œil ravivé du randonneur amoureux saura mieux cadrer l'image pour embrasser le paysage


Photo par Gilles Le Corre « en marche vers le sommet…, 25 décembre 2022 vers 9h30 » – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


#photo #poésie

bien alignés pour réfléchir les jeunes peupliers au bord du canal ne font que se répéter

le soleil amusé de leur naïveté incendie l'eau plate  

les arbres noirs de leurs réseaux de branches nous envoient des signes confus

l’âpreté de l’écorce la froideur de la roche sont cachés à demi sous la mousse complice

mais un rayon rasant en dessine les lignes et trace déjà le fil ténu de nos jours dans la faible lumière d'hiver


Photo par Gilles Le Corre « Visite de nos lieux préférés, 21 décembre 2022 16h  » – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


#photo #poésie

morte-eau

je marche à pas lents sur le sable essoré

à mes pieds les flaques frémissent sous le vent s’étirent avec paresse libres de rejoindre la vaguelette épuisée qui tout au bord au loin s’obstine

le ruisselet sur le sable va son infime pente comme une invite à le suivre vers la mer étale

pourtant n’ai nul désir d’aller jusqu’à la faible ligne d’écume dispersée en petits crachats rien dans l’eau grise ne m’attire rien dans le sable gris rien dans le ciel gris

le brouillard maintenant noie ce pauvre décor il n’y a plus d’horizon plus de vent plus de bruit

je marche à pas lents sur le sable essoré dans ma tête toujours ce bizarre refrain

le mouvement de la marée s’est arrêté  

le souffle glacé des collines est descendu ce soir sur le village

seule une lumière crie dans la ruelle un rien de neige l'assourdit

façades blêmes goudron luisant murs écorchés escaliers muets nuit pesante

pas même un spectre ne paraît

bientôt dans le silence s'évanouit toute vie


Photo par Gilles Le Corre « Ambiance au village, premières neiges, 12 décembre 2022 » – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP

#photo #poésie

des gouttes de lait en douce pluie ralentie — la première neige

les tuiles du toit en ordre serré attendent dociles leur pureté du ciel

tandis que la forêt ombrageuse et rétive ignore de ses branches cette trouble blancheur


Photo par Gilles Le Corre « Première neige au village, 12 décembre 2022 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


#photo #poésie

un jour j’arracherai cette ombre fuyante mon double fantôme qui encore à moi s’attache

un jour je laisserai ce gris retomber dans la nuit

j’accorderai cette prière aux saisons de ma chevelure aux fleurs ouvertes de mes mains à mon corps libre et apaisé enfin plus lourd enfin plus léger


Dessin « Ombre fuyante » © Rita Renoir & ADAGP


#artwork #dessin #poésie

la colline respire de toutes ses herbes mouvantes et souffle vers le ciel des flammes de feuillage allumées par le couchant sur un arbre solitaire



Photo par Gilles Le Corre « En redescendant au village, ce soir. 6 décembre 2022 » Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP


#photo #poésie

je veux me montrer nue étendue et lasse dans l'abandon de mes défenses

si l'amour me laisse encore au bord d'un désir de caresse les yeux clos ma main sur la cuisse saura retrouver le chemin du plaisir



Dessin « Je veux me montrer nue » © Rita Renoir & ADAGP


#artwork #dessin #poésie