morte-eau
je marche à pas lents sur le sable essoré
à mes pieds les flaques
frémissent sous le vent
s’étirent avec paresse
libres de rejoindre la vaguelette épuisée
qui tout au bord
au loin
s’obstine
le ruisselet sur le sable
va son infime pente
comme une invite à le suivre
vers la mer étale
pourtant n’ai nul désir
d’aller jusqu’à la faible ligne d’écume
dispersée en petits crachats
rien dans l’eau grise ne m’attire
rien dans le sable gris
rien dans le ciel gris
le brouillard maintenant
noie ce pauvre décor
il n’y a plus d’horizon
plus de vent
plus de bruit
je marche à pas lents sur le sable essoré
dans ma tête toujours ce bizarre refrain
le mouvement de la marée s’est arrêté
des gouttes de lait
en douce pluie ralentie
— la première neige
les tuiles du toit
en ordre serré
attendent dociles
leur pureté du ciel
tandis que la forêt
ombrageuse et rétive
ignore de ses branches
cette trouble blancheur
Photo par Gilles Le Corre « Première neige au village, 12 décembre 2022 »
Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP
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