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ViePrivée

Retour d'expérience concernant le navigateur web Brave

🇫🇷 – mardi 23 août 2022

Mots clés : #Brave, #privacy, #ViePrivée, #web, #cryptomonnaies

Un peu de contexte

En 2016 Brendan Eich (créateur de JavaScript, cofondateur de la Mozilla Foundation, cocréateur du langage de programmation Rust) lançait son nouveau projet du moment : un navigateur web respectueux de la vie privée et voulant redéfinir le modèle économique du web bien sclérosé par les capitalismes de la donnée personnelle, de l'attention et de la publicité. En plus de 20 ans d'existence, le web a largement été bouffé par la publicité à tout va, les régies publicitaires sans scrupules, et les piliers du web et du numérique plus généralement : GAFAM, NATU, BATX. Bref, Brendan Eich lança le navigateur web Brave, et en 2017 grâce à une grosse Initial Coin Offering (ICO) le projet du Basic Attention Token démarra.

De mon côté, je ne sais plus comment j'en suis arrivé à essayer Brave et à l'utiliser pendant 3 ans, mais je suppose que je devais avoir appris l'existence des Basic Attention Tokens, étant déjà bien calé avec mon Firefox.

Après environ trois ans d'utilisation, j'aimerai faire un bilan.

Le navigateur web

En soit, je n'ai pas vraiment utilisé d'autres navigateurs que celui-ci depuis un sacré moment. Internet Explorer ? Oublié depuis mes années lycée. Edge ? Jamais touché. Chrome ? Abandonné depuis les premières polémiques avec Google. De temps en temps Chromium, essentiellement Firefox. Presque jamais Safari. Très vaguement Opera. Ainsi il parait un peu hasardeux de comparer Brave à d'autres navigateurs web, je doute qu'il n'y ait aucun article à ce sujet.

Sous le capot, c'est du Chromium. Certes cette base est utilisée dans d'autres navigateurs (dont Opera, Edge et Vivaldi), mais ça reste du Google / Alphabet derrière, et on finit par centraliser les navigateurs vers une seule solution, qui même si elle est open source sous licence BSD 3-Clause appartient à un GAFAM. Bref, ce n'est pas une bonne idée.

J'ai pu utiliser ce navigateur que ce soit sur ordinateur (essentiellement macOS) que sur smartphone (iOS). En soit, il y a un réel comfort d'utilisation pour des tâches basiques : navigation sur le web, gestion des marque-pages, gestion de l'historique. À savoir pour les développeurs web, forcément Brave pour iOS utilise le framework WebKit d'Apple, tout comme ses concurrents.

L'usage

La publicité embarquée

Mon besoin était le suivant : je navigue sur les internets, en voulant un minimum de protection pour ma vie privée (mes exigences n'étant pas nécessairement les mêmes que celles des autres), et en voulant éviter de me bouffer de la publicité à tout va, tout en profitant des basic attention tokens. Et sans aucun add-on à installer.

Concernant la facilité d'utilisation, c'est classique, et je n'ai rien à dire de négatif à ce sujet et je mets Brave au même niveau que ses concurrents (à tort ?). Pour ce qui des publicités et des traceurs sur les sites web, je suis satisfait. J'ai pu tester le site web de 20 Minutes, choisi arbitrairement, en ayant activé les Brave shields et en les désactivant : de manière propre et transparente les publicités disparaissent et des pisteurs sont bloqués. Pour rappel, supprimer les publicités peut vous éviter de perdre votre attention, vous laisse davantage maitres de votre navigation web, et peut aussi réduire l'impact sur le traffic (moins de contenu tiers à télécharger sur votre appareil). Ci-dessous une comparaison avec la page sans les shields activés, et la page avec ceux-ci activés.

Page d'accueil du site de news 20 Minutes.fr avec deux encarts publicitaire Page d'accueil du site de news 20 Minutes.fr avec deux encarts publicitaire

La vie privée

Comme évoqué précédemment, les Brave shields permettent de protéger un minimum votre vie privée en agissant sur plusieurs leviers :

  • Le bloquage des traqueurs, balises et publicités, avec un mode “agressif” possible
  • Le forçage des requêtes vers HTTPS
  • Le bloquage de scripts (dont du code JavaScript)
  • Le bloquage des captures d'empreintes numériques
  • Le bloquage des cookies interdomaines

La prise en main est simple au possible, même s'il me semble que d'autres navigateurs embarquent par défaut certains de ces éléments. L'interface est simple, intuitive, et permet de voir aussitôt ou presque le résultat sur la page donnée. On accède au panneau de contrôle notamment via l'icône de la tête de lion dans la barre de recherche du navigateur, voyez ce panneau ci-dessous.

Panneau de contrôle des protections proposées par le navigateur web Brave

Si vous voulez en savoir davantage, consultez cet hyperlien sur les privacy shields et celui-ci sur les autres fonctionnalités protectrices de la vie privée.

Pour celles et ceux qui veulent aller plus loin, les préférences du navigateur proposent bien plus encore. Il est possible de forcer le navigateur web à afficher les pages originelles plutôt que les rendus optimisés pour les appareils mobiles, rendus générés par Google et son projet AMP. On peut aussi définir les listes de filtres à appliquer pour bloquer tout ou partie du contenu indésirable que l'on peut rencontrer au cours de sa navigation ; ces listes pouvant être déjà proposées ou définies à la main. De même, il est possible d'autoriser ou non les intégrations de réseaux sociaux et de services tiers (Google, Facebook, Twitter et LinkedIn). Et comme beaucoup de ses concurrents, on peut avec Brave définir son moteur de recherche par défaut (dont celui de Brave, Qwant, DuckDuckGo, Startpage, Ecosia et Google). Bref, ce que propose nativement Brave est déjà pas mal, même s'il serait intéressant de faire une comparaison avec un Tor Browser vanilla ou un Firefox avec des add-ons comme Privacy Badger et NoScript.

Enfin, Brave propose en plus du mode “navigation privée”, un mode “navigation privée avec TOR”. On peut ainsi passer par le système de routage en oignons pour être potentiellement moins pistés. Toutefois, j'ai déjà fait la comparaison entre ce mode et le navigateur TOR mentionné précédemment, et j'ai eu davantage de sites web qui plantaient avec Brave qu'avec le navigateur dédié à l'oignon. De plus, il faudrait regarder si pour ces deux cas le web fingerprinting n'est pas fructueux ; le navigateur à l'oignon va bien définir une fenêtre de navigation spéciale pour fausser ce calcul d'empreinte, mais quid de Brave ? Avec mon pote Seb on avait pu proposer ce sujet lors du Café Vie Privée que l'on avait monté à Lannion en 2018. Le support de présentation est d'ailleurs ici.

La publicité proposée

L'un des idéaux de Brave est de proposer autre chose concernant la publicité qui est jusque-là imposée aux usagers du web. Pourquoi devoir subir tous ces encarts publicitaires douteux, sachant que les régies quand ce ne sont pas les géants du web nous pistent pour toujours nous proposer autre chose ? Est-ce que la consommation de ces publicités ne représente pas un travail d'un genre nouveau ?

En 2021 le livre blanc du projet Basic Attention Token fut publié, et les différents chiffres présentés sur le site web basicattentiontoken.org sont intéressants : presque 60 millions d'utilisateurs mensuels du navigateur, plus de 400 annonceurs enregistrés et près de 2 000 campagnes en cours.

De manière générale, durant votre navigation sur le web vous pourrez recevoir sur votre appareil une notification assez classique, mettant en avant tel ou tel produit ou service. En cliquant sur cette notification, vous irez dans un onglet dédié tout droit vers le contenu publicitaire, et vous serez in fine prorata temporis rémunéré. Dit autrement, plus vous consommez de pubs de ce genre, plus vous cagnottez en Basic Attention Tokens (BAT). Par la suite, vous percevrez mensuellement une somme de BAT, et c'est reparti pour un autre mois. Bref, on ne vous force pas à voir de la pub, et on vous rémunère au temps passé si vous le faîtes. Curieux paradigme rafraîchissant dans un système où le pigeon qui regarde, clic, et achète est le même qui se bouffe toutes les pubs.

Que faire alors de ces tokens BAT ? Vous pouvez faire par exemple du staking, i.e. vous les mettez de côté en attendant / spéculant sur le fait que ça prenne de la valeur. Bref vous entretenez tout ce côté abscons, abjecte et malsain au possible que l'Homme a donné aux cryptomonnaies : vous spéculez, reproduisant le même schéma qui a échoué et qui devait être combattu par les premières cryptomonnaies. L'autre solution est de les convertir en devises “classiques”, mais un bref coup d'oeil aux taux de conversion devrait vous faire comprendre que ces tokens “ne valent pas grand chose”. D'après CoinMarketCap, 1 BAT vaut 0,365 dollar américain ou 0,37 euro d'après Coinbase. La dernière solution, la plus fidèle à la philosophie du projet, est de reverser ces tokens à des créateurs de contenus référencés chez Brave. La chose est aisée : via un autre bouton sur la barre de recherche du navigateur, on peut apprendre si le site web consulté est enregistré auprès de Brave et peut recevoir des tokens. En quelques clics, on envoie mensuellement ou en une seule fois une certaines quantité de tokens, Brave en retenant un petit pourcentage en guise de frais. D'ailleurs il y a quelques infos sur cette page web concernant les Brave publishers qui publient du contenu. La procédure est très rapide, et on peut le faire pour son site web, son profil Twitter et aussi son profil GitHub. Il faudra pour ça avoir un compte dédié à la gestion de vos cryptoactifs.

Panneau contextuel pour donner des BAT à un site web Panneau contextuel pour présenter le créateur à soutenir

Et finalement ?

Finalement je suis mitigé, car je suis déçu. Au début du projet, les choses étaient simples et faciles, mais je commence à cumuler les frustrations qui me feraient partir de nouveau vers Firefox.

D'une part, les publicités ne m'intéressent pas car elles tournent toujours autours de projets de cryptoactifs, ou de jeux Web3. Et j'ai été amené plusieurs fois sans raison apparante à refaire les réglages des notifications entre les versions macOS et iOS du navigateur. En plus de ça, je note que Brave décide d'aller plus loin en proposant un wallet pour gérer d'autres cryptoactifs, ce qui ne correspond plus à mon besoin initial. Il y a aussi d'autres services qui ne m'intéressent pas, comme le support natif WebTorrent et aussi Widevine (dehors les DRM !).

Puis vinrent les grosses frustrations. Auparavant, les choses se passaient bien sur iOS. Mais gagner des tokens BAT et les envoyer via une app sur un appareil Apple sans accepter leur racket ? Un rêve éveillé. Le coup de grâce finit par tomber fin 2020, et ça m'a vraiment saoulé. Je continuais tout de même de tester sur macOS le système des Basic Attention Tokens avec un des services wallet proposés pour gérer mes BAT, et il s'avère que du jour au lendemain, ma “région” (i.e. le pays du coq au vin et du claquos sur la baguette) n'était plus prise en charge ! Expliquez-moi donc comment utiliser un navigateur web qui cumule des tokens sans wallet ? Impossible.

Conclusion

Bref, devant des pubs qui ne me plaisaient pas, sachant que le nouveau paradigme proposé par les BAT ne semble pas vraiment prendre en 6 ans, et que l'on est toujours tributaire des “gros” (Apple et ses règles, et les lois des pays), j'ai du mal à voir un intérêt à Brave, alors que j'y ai vraiment cru. Toutefois, ça reste une solution intéressante pour naviguer tranquillement sur le web sans avoir à installer des extensions et faire trop de configuration. C'est toujours un beau projet, et c'est audacieux. En soit je ne regrette pas du tout d'être passé à ce navigateur web et d'avoir essayé son service basé sur les BAT. Mais quitte à avoir un navigateur web, autant qu'il corresponde davantage à mes besoins, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui. Bref, Basic Attention Tokens comme Brave et cryptoactifs, je laisse tomber. Mais merci pour ce moment ! En attendant des jours meilleurs, je retourne sur Firefox 🔥

D'ailleurs si vous voulez creuser un peu les sujets de l'hygiène numérique et de la protection de la vie privée, 3 hyperliens en vrac : – Un article sur l'hygiène numériqueUn article (en anglais) sur la vie privée et des outils à avoir pour le numériqueLe site web du Café Vie Privée de Lannion de 2018

Sortez couverts !

Dernière mise à jour : mardi 23 mai 2023 Précédemment sur paper.wf

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Une bonne dose de café… vie privée

🇫🇷 – vendredi 19 novembre 2021

Mots clés : #ViePrivée, #cryptoparty, #chiffrofête, #Lannion, #privacy

Logo du Café Vie Privée de Lannion 2018

Bon, j’ai enfin un peu de temps pour moi pour avancer sur ce blog, et faire un retour sur un truc qui a mieux marché que prévu. Une idée lancée en l’air autour de bières entre deux copains (1) : un café vie privée, dans leur patelin au fond du Trégor.

En quelques mots, les “cafés vie privée”, ou les “install parties”, ou encore les “chiffro-fêtes” ou “cryptoparties” sont des rencontres qui sentent bon les effluves de geeks, de libristes, de libertaires et de cryptanarchistes. Mais pas que. Là où les “install parties” mettent le focus sur l’installation de systèmes d’exploitation sur ordinateurs et téléphones, les “cryptoparties” se concentrent davantage sur les sujets autour du chiffrement, et notamment l’échange de clés cryptographiques. Pour les “cafés vie privée” c’est un peu différent. On retrouve le même esprit, à savoir se poser dans un lieu convivial, papoter et faire des trucs cools, mais on va peut-être moins entrer dans le dur et être davantage dans la vulgarisation et le partage. Il en faut pour tous les goûts. Enfin bref chacun fait à sa sauce mais vous voyez l’idée.

Mais pourquoi en avoir organisé un ? Parce qu’on avait, entre potes, l’envie. Et paf.

Peu de temps après l’édition 2018 de Libre en Fête en Trégor, qui a bien cartonné soit dit en passant, Séb et moi avions une discussion, de celles qu’on retrouve autour de plusieurs pintes dans un bar entre copains (2):

« Ca te manque pas un peu l’ambiance de Libre en Fête ? – Ouais carrément. Faudrait qu’on refasse un truc. Plus petit, sans pression ni ambition. Un truc intime, 40 danseurs, 80 musiciens, 300 invités. – Genre chiffro-fête ? – Oui, mais commencer doucement pour pas perdre tout le monde. Genre un gros meetup, mais pour tout le monde, du plus geek ou plus néophyte pour oublier personne. – Ah bah un café vie privée alors ! »

Merci Séb pour l’idée !

L’idée de base donc : faire une truc tranquille, si ça attire 10 personnes c’est cool. Entre les meetups de Code d’Amor, le Libre en Fête et avant ça le Startup Weekend de Saint Brieuc, faire un truc sans trop de monde ni budget ni paperasserie ni pression c’est chouette.

Première étape: faire de la communication. Bon, service minimum, Twitter et Mastodon, et bouche à oreille. Sans prétention on a dit.

Ouais mais ok, question conne : on fait ça où ?

Ah. Ah bah oui. C’est vrai que quitte à y aller en freestyle, on n’avait rien prévu. Le lieu donc.

Déjà condition indispensable sur laquelle aucun de nous ne voulait transiger : un bar, qui sert de la bonne bière, en pinte. À Lannion, ça va, il y a des candidats. Par pure conscience professionnelle on a dû se faire un avis approfondi sur la question. On élimine ceux trop petits ou aux salles étouffantes, d’autres étaient fermés. Certains étaient commerciaux et trop bruyants. Et d’autres c’était non car on trouvait que les gérants étaient des gros cons. Ah bah oui, pour une fois on met le respect en prison.

Puis, vint l’idée lumineuse : Le Truc. Endroit super sympa, gérants adorables (merci Elise et William !), tapas et bières vraiment plaisants, et aussi, du choix pour les végans, les végétariens et ceux qui ne consomment pas d’alcool. Et en plus, cerise sur le gateau : ils avaient une toile et un vidéoprojecteur ! Nickel. Puis c’était notre repère aussi.

Salon qui semble comfortable et chaleureux avec canapé marron, chaises et tables

Sauf que, on n’avait pas encore pensé à quelque chose. Le lieu, la date, la communication ok. Mais le contenu ? Ah oui, faut que ça plaise.

D’emblée, je propose un sujet sur un thème que j’aimais bien, les cryptomonnaies. Sur le coup ce n’était pas une mauvaise idée, mais finalement on aurait dû la garder pour la fin car le sujet était un peu hardcore quand même. Déjà fallait faire digérer le concept de cryptomonnaies, et ensuite faire comprendre ce qu’il y avait sous le capot de ZCash et Monero. Aouch. Séb avait envie de parler de web fingerprinting et des usages des internets. Nickel, un sujet facile à aborder, complet, et qui va être bien intéressant. Et que les gens peuvent appliquer en rentrant à la maison !

Deux sujets c’est chouette, mais si on pouvait faire plus ?

À ce moment là ça commençait à partir en sucette, un peu. Trop d’idées d’un coup, trop de temps libre à meubler, et pas l’un pour rattraper l’autre. Alors, demandons aux copains !

Pas de chance syl de Nos Oignons était sous l’eau, pas grave, on comprend carrément. Tentons clochix alors ; bingo ! Il était super partant pour parler hygiène numérique, ça nous faisait plaisir car on aimait bien ce qu’il partageait sur les réseaux sociaux, et on avait appris un paquet de trucs grâce à lui. Allez on est fou, on tente aeris22 pour les mêmes raisons. Loupé, pas dispo et pas dans le coin, dommage ! Et je ne sais plus du tout comment, des copains de Saint Brieuc étaient chauds pour parler de leur projet de fournisseur d’accès internet associatif : FAIbreizh. Parfait ! 4 sujets, on touche à plein de choses, ça va plaire, et y’a les potos.

Là on se dit bon, on est bien.

Y’a ce qu’il faut.

On a la communication, les sujets, le lieux, le cadre et l’ambiance du lieu, on incitera le public à être cool et à pas squatter le bar sans consommer, on poussera pas à la consommation pour autant, chacun se responsabilise.

Mais… encore une fois, pas l’un pour rattraper l’autre.

« Tiens, et si on avait de goodies ? Ce serait cool. – Mais on demande à qui ? – Allez au pif, Qwant. On va demander à Tristan Nitot directement. – Genre ? – Genre. »

Et bah on a remercié Tristan pour les stickers et les flyers, ils ont fait fureur !

« Oui mais bon, FDN, FFDN, Framasoft, l’April, La Quadrature du Net… on tente ? – Allez, au culot, on tente »

On a tenté. Et j’ai jamais eu autant de goodies. Et quand ce n’était pas directement les associations qui pensaient à nous comme Framasoft et FDN, c’était les adhérents ou sympathisants des autres qui habitaient dans le coin qui venaient avec ce qu’il fallait. Tout le monde a répondu.

On s’est pas dit sur le coup que si tout le monde nous suivait comme ça, c’est que y’avait du monde intéressé. Oups.

« Bon, c’est bien tout ça, mais si on faisait des goodies « utiles » ? – Ah ouais, des caches webcams ! – Allez banzaï »

J’ai découvert Thingiverse. C’est pas bien Thingiverse. Faut vraiment pas que j’ai une imprimante 3D. Et paf les cache-webcams ! Un peu de sous dans la cagnotte participative du FabLab de Lannion et aussi dans le tiers lieu d’Orange, et hop.

Cache webcam blanc

Sauf que voilà, à un moment, on a les goodies en stock avec tout le reste mais une idée me trottait en tête… faire des affiches ? Non Séb va ronchonner, on a dit qu'on faisait un truc tranquille pour une fois, pas d'ambition. Relax. Ça ne m'a pas empêché de le revoir un soir avec deux types d'affiches à mettre partout. Elles étaient jolies (tout est relatif bien entendu), et au moins on mettait les logos de ceux qui étaient avec nous, surtout le bar quand même. Hop, une dizaine d'affiches par ci par là… et on sera bon.

Affiche Affiche

Oui mais… mais il manque un truc. Un p’tit truc en plus pour la postérité. Après tout, en une soirée bien énervé y’a moyen. Pourquoi pas un site web ?

J’en connais un qui devait éviter les baffes de l’autre. Bon à ce rythme là on n’était plus trop dans le truc tranquille. Mais y’avait un site web tout simple de fait. Avec un nom de domaine en .bzh. Quand même, bordel cafe-vie-privee-lannion.bzh ça claque.

On était bien. Bien bien bien. Un peu loin de l’idée de base dans un coin de bar avec 3 bouts de ficelles et une planche sur tréteaux, mais bon.

Sauf que la ville avait relayé l’info (on avait dû mettre ça dans l’agenda, je ne sais plus) et… les médias locaux ce sont intéressés à nous. Un. Puis deux. Puis trois. Merde, pas prévu non plus ça. Et même la radio, car le journaliste était déjà bien sensibilisé à la protection de la vie privée ! Et aussi l’info fut diffusée via l’Agenda du Libre.

Et donc c’est parti pour les articles de presse. Le seul regret, c’est qu’on voulait amorcer un truc, lancer une idée, et ensuite que chacun puisse prendre les clés du camion et continuer après nous. On ne voulait surtout pas qu’on soit identifiés comme les deux barbus qui gèrent ça. Pour ça qu’on ne voulait pas faire d’association ou de collectif à l’avenir. Mais bon, les articles de presse sans photos ni citation des personnes… allez on se plie à l’exercice. Nous qui adorons les photos en plus.

Donc on en est là.

Lieu, ambiance, sujets, goodies, goodies faits maison, copains. Affiches. Articles de presse. Site web. Annonce municipale. Bien, bien loin du truc initial, on s’est pas ménagé finalement. Et vint le jour J.

On s’installe, pépouze, no stress, on a tout le matos. Elise et William avaient tout préparé, de vrais amours, et leurs chats se demandaient ce qui allait se passer. Puis viennent les copains, avec leurs potes. Et leurs potes ont ramené des potes. On est une grosse dizaine, on va commencer. Puis ça rentre dans le bar, et nous rejoint. Une vingtaine, cool ! On commence, on attend encore quelques instants, puis encore du monde. Oui, y’avait déjà des gens qui étaient dans le bar avant notre arrivée ; on pensait qu’ils vivaient leur vie tranquille mais non, ils nous attendaient. Une trentaine de personnes, chouette. Par contre la salle dans le bar est pleine. C’est cool mais faut pas plus, allez on lance.

On démarre le premier sujet… et ça n’arrête pas. Ca rentre, ça rentre, ça rentre. Plus de place pour voir les diapos. Un peu galère pour circuler et prendre une mousse ou des tapas.

Et ça rentre encore, on en est à un quarantaine. Oui mais y’avait aussi les potes des potes de Saint Brieuc dans les embouteillages, qui arrivent plus tard.

On est presque une cinquantaine. Merde, c’était pas prévu. Et gros soucis : on n’avait pas de micro. Car autant à 10 dans un coin de salle, ça va. Mais autant de monde dans un bar bondé avec des murs épais… fallait un micro. Bon plus qu’à faire sans ! Heureusement que le bar faisait des grogs. Bobo la gorge.

Et finalement ? Ça a cartonné. Élise et William étaient contents, même si les gens auraient pu ne pa se contenter de rester à écouter sans prendre un truc. Ça par contre ça me m'a bien gonflé. Mais on m'a appris à ne pas être exigeant avec les autres, juste moi-même. Le public ? Ravi aussi, même si le sujet des cryptomonnaies au début avait bien fait flipper. Les autres sujets ont vraiment été appréciés, et ont permis d’avoir des échanges entre les uns et les autres. On commençait à créer un truc bien sympa, convivial, ouvert, respectueux et plein de partage. Les gens sont rentrés chez eux avec quelque chose à mettre en pratique, ils ne sont pas venus pour rien. Ça, ça vaut de l'or.

Et nous dans tout ça ? Foutrement contents. Ça avait cartonné. Bon, portés par l’idée on ne maitrisait plus rien et on avait bien explosé le peu d’ambition de base, mais ça valait le coup.

On s'était dit qu’on allait recommencer tous les 2 ou 3 mois, parler des OS pour smartphones, et caler des session d’échanges de clés. Y’avait moyen.

Mais… mais finalement l’un comme l’autre on a eu nos contraintes pros et persos, et finalement on a quitté la région. Séb d’abord, puis moi. On avait lancé quelques bouteilles à la mer pour que d’autres reprennent le bébé, mais ça n’a pas marché. Alors, un peu dépités quand même, on s’est dit qu’au moins on aurait fait un truc chouette au Truc, avec des bons moments et des copains qui ont bien aidé. Et que ça a servi aux gens. Les comptes Twitter et Mastodon ont été supprimés, pas fan d’avoir des comptes qui étaient inactifs.

On a gardé le site web par contre, c’est pas pour ce que coûte l’hébergement web et le nom de domaine. On en a profité pour y rendre accessibles les supports de présentation, et aussi quelques ressources pour aller plus loin. Il y aura de beaux restes.

Voilà ce que peut donner une idée lancée comme ça, entre deux potes (3), autours de bières. Faut s’attendre à tout, même au meilleur ! D’ailleurs on a refait un dossier de presse après le truc.

Extrait de Ouest France en date du 23/20/2018

(1) madame était là aussi, et je la remercie de pas s’être enfuie vu les échanges qu’on avait Seb et moi ❤ (2) mais je l’aime hein ! (3) elle va me manger tout cru 🙀

Dernière mise à jour : mercredi 9 février 2022 Précédemment sur Medium et paper.wf

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