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J'ai quitté Twitter à cause de Musk et des communautés tech

🇫🇷 – jeudi 27 juillet 2023

Mots clés : #Twitter, #tech, #dev, #Musk, #communautés

Mardi 25 juillet 2023, j'ai décidé de laisser tomber Twitter, et finalement on s'en fout. Mais je trouve que c'est pertinent d'expliquer pourquoi, et je n'ai plus envie de me répéter car au delà des lubies idiotes d'Elon Musk il y a aussi une autre variable à prendre en compte : les communautés.

Musk, ou le saccage accéléré de l'outil

Elon Musk, de mon modeste point de vue, a flingué Twitter, même s'il n'a pas eu l'exclusivité de le faire. Depuis un moment la publicité occupait une place non négligeable, tout comme les trolls ou les comptes de robots. Mais en soit, on y était déjà habitué, ici ou ailleurs. En quelques mois, ce libertarien d'extrême droite néo-fachiste de Musk aura pourri Twitter après le running gag de l'achat de la plateforme.

Déjà, les clients tiers ont été chassés sans sommation. Et c'est dommage. Dommageable car on avait grâce à ces apps open source une diversité d'usage, de UI et de UX permettant de profiter de Twitter mais différemment. À l'époque j'aimais bien Tweetline et Twidere. Chasser ces apps est un coup dur pour les développeurs et les utilisateurs, et permet d'imposer l'app officielle gavée de traceurs, de permissions à demander et de publicité (comme le montre ce rapport de εxodus).

Ensuite les API ont été partiellement fermées ou sont devenues payantes, avec des tarifs exorbitants. Des services intéressants se sont donc retrouvés obligés de fermer boutique car financièrement ils n'étaient plus viables.

L'autre coup de massue fut la refonte des comptes certifiés. Dorénavant, il suffit de remplir quelques règles et de payer, alors qu'avant un simulacre d'enquête était fait et des éléments attestant de la notoriété de l’utilisateur devaient être fournis. Sauf qu'avoir le badge bleu est indécent : leurs tweets sont mis en avant (sans critère de qualité quelconque) et la limite des 250 caractères saute, faisant qu'un compte “badge bleu” pouvait bien plus s'exprimer sur le réseau, et de façon totalement inéquitable par rapport aux autres usagers.

On pourrait s'arrêter là, mais non. Musk veut doper le court du memecoin Dogecoin car il en posséderait une grande quantité ? Il créé de la hype autours et change le logo de la plateforme. Niveau de maturité ? Zéro.

Lorsque l'algorithme de recommandation a été rendu open source (soyons sérieux, par soucis de transparence totalement intéressé plus que réelle motivation à rejoindre ce mouvement), surprise (ou non) : les comptes certifiés sont mis en avant, et les tweets de Musk aussi. Quand on sait que le premier écran que l'on voit sur les apps Android et iOS est l'écran de contenu “recommandé”, ça en dit long : écoutez l'appel de l'argent et de Saint Elon, et ensuite allez voir ce qui vous plait.

Des comptes sont menacés de voir leurs pseudos réattribués, des médias qui refusaient le racket de Musk ont vu disparaitre leur badge, et la censure est mise en place. Mais pas une censure “juste”, non.
Les références à Mastodon étaient interdites entrainant des blocages, il en serait de même pour Bluesky. Quand à tout ce qui touche de près ou de loin à l'univers LGBTQIA+, même des termes naïfs comme “cisgenre”, les réactions arrivent. Par contre des États voyous, eux, pouvaient demander de censurer du contenu important, sans problème. Musk prônait la liberté d'expression à l'américaine, le business et les idéologies personnelles priment.

On aurait pu s'arrêter là, mais c'est sans compter sur la pingrerie de Musk qui refusait de payer ses factures chez GCP. Résultat ? Un rate limit très faible (surtout quand on n'a pas payé pour le badge bleu), et une app qui se sabote elle-même : les limites étant basses, quelques scrolls et c'était fini. Remarque c'était rigolo de polluer les fils de chacun avec des tweets inutiles. Le pire dans tout ça, c'est que Musk n’assumait pas, ou plutôt arguait que c'était normal et qu'il fallait ça pour aller prendre l'air dehors. Un imbécile.

Et pendant ce temps, les comptes suspendus reviennent (comme celui de Trump), et les robots qui spamment et inondent d'arnaques prolifèrent plus que jamais. Là où on pouvait avant voir sans connexion un profil Twitter, maintenant il faut se connecter au service. On pourrait parler aussi des équipes qui ont été virées par Musk, ou du fait qu'il a décidé de rebaptiser Twitter en X. Maintenant on aura “x.com” au lieu de “twitter.com”. Donc en plus de ruiner le produit, il ruine l'identité sans même se rendre compte qu'il risque d'être davantage censuré par des proxys. Pourquoi pas pr0n.com tant qu'à faire ?

Bref, sur le côté produit, Musk a saccagé une bonne partie, rendant plus difficile l'accès à de l'information potable. Musk est imprévisible, gamin, mégalomane et dangereux. Et en plus de ça chipe les pseudonymes des autres car il le veut et il le peut.

La toxicité des communautés et des influenceurs tech

Mais ce n'est pas tout, car il y a aussi à prendre en compte les ✨communautés✨. Et suite aux derniers problèmes / dramas / polémiques / coups d'éclat d'imbéciles, j'ose partager et relayer un constat qui en dérange plus d'un : la communauté tech / dév est une pétasse 🤪, ravagée par des dindons 🦃 de la tech et des paons 🦚 du web. Oui, comme certains l'affirmaient avant de recevoir une volée de bois vert, cette communauté est consanguine et toxique (évidement il y a des membres qui sortent positivement du lot, heureusement).

En quelques mois, on a enchainé merde sur merde, et à chaque esclandre, tout partait en vrille et prenait des proportions énormes. Pourquoi ? Parce qu'une partie de ces gens sont gonflés à l'égo. Leur orgueil est consacré. Leur vanité est un privilège. Certain sont cons comme des balais et laisseront faire leurs chiens de la casse s'acharner sur des personnes. Tout le monde n'est pas comme ça ; et même si j'ai pu me prendre le tête avec certains, avec mon style au napalm, on finissait toujours par discuter en off après, et ça restait adulte et courtois. On peut ne pas être d'accord, mais on se respecte, et on prendra une mousse un jour.

Sauf qu'en 2023, et depuis des années, être adulte ça ne fait pas de reach. Il faut entretenir le fame. Et si par des pics assassins on peut ratio un compte, c'est encore mieux. Et quand on ne veut pas laisser de chance à une personne de s'expliquer, ou autrement dit si on veut entretenir le harcèlement, on quote tweet ou on fait une capture d'écran des messages. C'est malsain, puéril, toxique et au raz des pâquerettes. Sauf que ces façons de faire ne sont pas appliquées par tout le monde : elles sont appliquées par des gros comptes qui justifient leur réalité et leur vérité par le nombre de followers qu'ils ont. Et tous les moutons de Panurge exécrables les suivent joyeusement en disant amen. Et c'est leur fond de commerce à ces idiots. Faire un thread avec plein de hot takes, de fausses vérités et de raccourcis grossiers passe très bien vu que la communauté derrière va liker, retweeter et mettre en avant gratuitement. Et si on a le malheur de démonter un à un des arguments, on se fait insulter et bloquer. En soi, que l'on raconte sa routine matinale en commençant par des prières, qu'on compare des pays sur le développement de features bidons (après avoir allumé des développeurs débutants), que l'on raconte sa vie de junior (en ventant des tutos bâclés et surfaits sur Git), qu'on fasse des vidéos survolées et imprécises avec Jammy ou qu'on cherche à vendre des formations alors que ça fait 2 ans qu'on est sur le terrain, d'accord. C'est un choix, un droit, j'accroche pas, ce n'est pas ma came, mais pourquoi pas, ça plaira à des gens j'imagine. Mais quand j'explique à quelqu'un point par point que chacun de ces tweets est faux, grossier ou inexact (surtout quand c'est évident), j'apprécie qu'on dise merci plutôt que de me faire insulter et bloquer. Des paons.

Sauf qu'à côté de ça, on assiste encore et toujours à des guerres de factions : un groupe VS un autre. Des fortes têtes VS d'autres. Des groupes fermés quasi sectaires avec des relents patriarcaux et condescendants VS des gens qui font le job et osent ouvrir leur gueule en public pour des causes justes. Des clichés sur pattes hypocrites, faux et mielleux VS des gens plus humbles et qui essayent de faire bouger les choses. Du gate-keeping VS des personnes authentiques. Des conservateurs VS des wokistes. Des dev influenceurs avocado seniors VS des gens qui semblent être les seuls sur le terrain. Des personnes qui passent leur vie sur Twitch, Discord, Instagram et Twitter VS des développeurs... qui codent, eux. Avec ce niveau, on pourrait croire que la médiocrité est devenue tendance, et que le nivellement par le bas est une norme.

Bref, Twitter n'est plus fiable pour aller chercher de l'info devenue difficile à traiter. Twitter n'est déjà plus fiable et stable en tant que logiciel. Et la qualité du contenu est reléguée très loin pour favoriser ce qui va faire de l'audience. Peu surprenant.

Twitter comme d'autres réseaux sociaux est devenu la caricature du Web 2.0 : un poulailler, une basse-cours et une fosse à purin.

Je n'adhère plus, donc vais me recentrer sur Mastodon. Et pour celles et ceux qui veulent papoter, il y a Matrix et tout ce qui est listé ici. Et je m'en tiens à mes sujets favoris clairement affichés pour ne pas polluer les fils des autres. Désolé les copains si je vous ai déçu, choqué ou surpris, mais je préfère laisser tomber et papoter avec vous IRL ou en privé, que ça reste sympa même si on n'est pas d'accord.

J'aurais tenu longtemps pour attendre que mes comptes préférés arrivent dans le fediverse, maintenant tanpis. Quelle tristesse.

Ciao Twitter, c'était sympa pendant presque 10 ans. Ton boss t'a coulé, les communautés t'ont achevé.

Dernière mise à jour : lundi 04 décembre 2023

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A story of people, tech watch and koalas

🇺🇸 – Tuesday June, 11th 2019

Keywords: #tech, #readings, #news, #learnings, #watch

Did you meet this moment where you were looking for a blog post you read about a topic but can’t find the hyperlink pointing to it? Did you ever ear about a new killer framework for your project but during a meeting were not able to get back its name? I did. From my point of view, developers should make technical watch (tech watch), share and save things they found, to avoid such situations. Let me explain why.

🌍 1 — Make tech watch to DISCOVER

People who have technical or creative positions (developers, architects, whatever you want) and also I think non-tech / non-creative people (project manager, team manager, etc.) should care about watch so as to discover things.

We are human (I hope) and by definition are curious: read articles or listen podcasts enables us to be more open-minded and to get rid of prism we have on some themas. By always crawling the same blogs we might be more narrow-minded or see problems and topics only with the same single point of view and horse blinders. For example “why should I parse, as a developer, an RSS stream about ecology? My job is not related to this theme because I work on backends, not with koalas, no need!” That’s a first way to react. However if I spend some time to consume ecology-related contents, I may get a new point of view about some subjects I know. “Koalas may die because of the global warming due to too much greenhouse gases made by the coal-powered plants built to feed our datacenter using my not-enough-optimized backend. Oh crap, how should I make my code greener?”

Discover new things is cool. Read content from unusual providers to remain curious is cooler. Look for RSS feeder, tech-related or not web sites, or blogs of people outside your scope. You may find interesting things you can directly or not use afterwards. A good exercise is to talk to colleagues with a job far-away from yours.

Some examples of websites about laws, regulations, hardware, games, scientific subjects: Ars Technica, NextInpact, Numerama or The Verge. You can also go to events like Pas sage en Seine and listen podcasts like these in Artisan Développeur.

🎓 2 — Make take watch to LEARN

Tech watch is not hopefully a story of RSS streams, publications or other things to crawl with a cup of coffee. Tech watch is also about practicing.

We have the chance with the job of developer to have a massive bunch of communities all around the world. These groups e.g. like Android User Groups, Google Developers Groups, Java User Groups, and communities built about frameworks or programming languages provide a lot of meetups, keynotes, codelabs, or coding dojo. Going to one of these events allows you to try new tools you might use, and also meet people. By gathering people around a topic for a noon or an afterwork, these communities make the ecosystem more dynamic and living. They can also set up big events attending hundreds or thousands of men and women who want to discover new subjects with keynotes, or satisfy their curiosity with noon’s quickies, or try a new framework during workshops.

Making tech watch by talking to people and practicing with colleagues is a good opportunity to be aware of the power or the efficiency of this or that tool. Companies who do not let their collaborators go to these kinds of events, or who do not set up internally such events, are blinded and out of the game. And they might kill koalas for sure. By acting like this they refuse to make their workers more skilled or efficient. Ask to your chief if you may find a slot in the agenda to make a workshop. If the answer starts by “useless”, “waste of money, not profitable”, “not enough time” or “it’s not your job”, it may be the time to go somewhere else. Sometime you can see those kinds of companies complaining about the lack of talents or workforce. Hey, software / doers / makers culture or not?

Have a look on DevFests (powered by Google without chains or gags) or Devoxx for example. You should also keep an eye on Code d’Armor (no koalas but incredible seagulls), Codeurs en Seine, DevFest du Bout du Monde, DevFest Nantes, FOSDEM or Libre en Fête en TrégorYup I make my own advertisement, but it’s my blog ;–) Communities may use social networks like Twitter and also Meetup to register their events. You can find here a Google Developers Group near you! You can also keep an eye on worldwide events like Apple WWDC, Google I/O or Microsoft Build.

🚨 3 — Make tech watch to GUARD

The last reason you should really make tech watch, and this argument should make your chief interested, is guarding. Guarding? Yep, guarding. Guarding from all crappy things which may come to burn your company, eat koalas or waste so much money. To my point of view developers are in the frontline of the tech ecosystem.

Thus if a critical flaw appears on, randomly, almost 100% of the sold CPU in the world, developers may be able to understand the huge quantity of problems which will fall. Other example, if a web giant is angry with another giant and removes its certificats from the store due to a misuse of user agreement, developers may be the most aware people and can warn their colleagues and chiefs about this problem which can be spread to all users. A last example, if a flaw has been found and perhaps with exploits on a library or a tool all projects of the company use, developers should be ready to evaluate the risk, to apply the patches and to warn. So let them enough time to read, check and react! These examples above are not invented, they were true facts (from Ars Technica, The Verge, and Tech Crunch). Thus if your chiefs do not understand the gain to make tech watch, talk to them including money. And with koalas.

Worried about to miss something? Have a look on CERT-FR, CVE, Google Project Zero or US-CERT.

📤 4 — But how to deal with such amount of data?

Good question and I do not know the perfect solution. Bookmarks of your web browser are cool, but with too much references it will be a pain. Some tools like Pocket can be efficient but never tried with a large amount of documents. Using social networks to share content is a good idea, but choose the good tool. Some companies used places within Google+ to share data… woops, Google+ closed. Sharing a spreadsheet? Ok but too much 90'.

Personally on my week-ends I implemented my own solution. A spreadsheet with its sheets exported to CSV, then parsed to HTML and JSON contents feeding my PWA with a Ruby web service. And a terminal so as to deal with the logic of my program without using a GUI. I had a lot of time to kill and it worked. Why not uploading the project on a server? Good idea.

As a developer you should make tech watch. It is the only thing you should remember here. You have to do it. Your boss must provide you resources to make it. But a good tech watch is not done behind your own desk. You should share things you found with your colleagues. Go to meetups, attend to events, talk with people outside your scope. By essence we work on a fucking living world where each day new tools to discover and new rules to learn appear.

So think ahead, discover, learn and guard. And save koalas ʕ •ᴥ•ʔ

Last update: Tuesday, June, 11th 2019 Previously on Medium and paper.wf

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Et si on parlait de l’hypocrisie vis à vis des GAFAM et du libre ?

🇫🇷 – jeudi 16 août 2018

Mots clés : #GAFAM, #libre, #opensource, #FLOSS, #tech

Cet article est à considérer comme un billet d’humeur, et à ce titre les opinions exprimées ici ne sont que les miennes. Mais je trouve pertinent de préciser pour la suite plusieurs choses. Tout d’abord, oui je me considère comme libriste, et partisan de l’open source. Oui, la vie privée, le partage et l’ouverture sont des sujets qui me préoccupent. Oui, je suis aussi cette année président d’un Google Developers Group (GDG). Si vous faites un blocage là-dessus me considérant comme un dévot, inutile de continuer à lire vous risqueriez d’avoir un avis nuancé :) Sinon sachez qu’être dans un GDG n’engage à rien, n’impose rien, ne contraint rien, et ne permet que d’avoir accès à beaucoup de contenus, et dans le cadre d’une p’tite association de développeurs de Lannion comme Code d’Armor, ce n’est pas négligeable. Ce billet d’humeur fait suite à ces vagues d’hypocrisie institutionnalisées et un brin démagos qui concernent aussi bien les géants du web que les solutions alternatives…

\( •_•)_† Vade retro GAFAM

Ne nous voilons pas la face, il y a des bons et des mauvais côtés chez les géants du web, et c’est un fait. Dit autrement, les avis butés et non nuancés hurlant au “diable Google” et au “cancer Facebook” sont assez risibles et tristes. Bim, c’est dit.

Que leur devons-nous, à ces grosses entreprises Américaines ? Beaucoup de choses, mais pas tout non plus. Prenons l’exemple d’Apple. Ce membre de GAFAM propose des produits onéreux, mais généralement efficaces, et faisant partie d’un écosystème riche et cohérent pour l’utilisateur. Qui a démocratisé (sans inventer) les tablettes numériques proposant (enfin !) des bons produits ? Apple. Qui évite de tomber dans la facilité en limitant son catalogue de smartphones pour ne pas avoir à proposer des appareils bas de gamme bons au rebus au bout de 2 ans ? Apple (pas seulement). Qui met en avant la protection de la vie privée de ses utilisateurs quitte à avoir des déboires avec le gouvernement Américain ? Vous avez compris. Il y a certes une prison dorée et verrouillée pour les usagers, saupoudrée d’un peu de marketing bullshit, mais la marque de Cupertino a su répondre efficacement à des besoins. Passons du côté G des GAFAM. Sans chercher pour autant à faire un catalogue des services de Google/Alphabet, il y a des éléments qui se démarquent dont des projets de X. Le projet Loon pour délivrer un accès à l’Internet dans des endroits reculés, le projet Wing pour d’autres modes de transport ou le projet AI, sobrement baptisé pour l’intelligence artificielle. Alors oui, il ne s’agit pas ici de pure philanthropie. Google et Alphabet restent des entreprises, et les revenus de la firme de Moutain View sont essentiellement publicitaires. Mais il y a des efforts pour creuser différents sujets et faire avancer les débats sur des thèmes qui finiront tôt ou tard par s’imposer.

Je ne vais pas m’amuser à faire une liste des contributions de tous ces géants, ni de leurs dérives vis à vis des données, de la vie privée ou de la coopération avec des États, mais voici quelques éléments posés en vrac qui me font me poser la question suivante : Si nous devons bannir ces entreprises de nos vies, serions-nous prêt à jeter ces produits, ou ceux sur lesquels ils sont basés, ou encore les outils auxquels des contributions ont été apportées ? Je cite en vrac entre autres les librairies et frameworks Flutter, Angular, Polymer et React, le système d’exploitation Android, le navigateur Chromium, les langages informatiques GraphQL, Dart, Go et TypeScript, l’outil Kubernetes, TensorFlow et PyTorch pour l’intelligence artificielle, l’Open Handset Alliance, et Google Project Zero pour la sécurité informatique.

On peut ainsi constater deux choses : nous devons beaucoup d’outils et de produits à ces sociétés, certains vraiment formidables d’ailleurs, mais justement, ne nous leur en devons pas trop ? La question reste ouverte.

(╯°□°)╯ Serment d’hypocrite

La raison qui me fait écrire ce billet, est de voir l’augmentation de cas de comportements schizophrènes, ou de syndromes de Stockholm, vis à vis des GAFAM. Comment peut-on rester stoïque quand des élus torpillant les GAFAM vis à vis de leur ingérence dans la vie privée et la collecte de données laissent leurs écoles ou ateliers numériques s’installer sur le territoire ? Comment ne peut-on pas être affligé quand on voit des personnalités politiques scandalisées par le monopole de ces géants, quand on leur laisse des villes, l’Éducation Nationale et le Ministère des Armées ? Comment peut-on à la fois critiquer l’omniprésence des entreprises Américaines dans nos vies quotidiennes, sans pour autant éduquer les citoyens au numérique et favoriser les solutions alternatives ? Car oui, il y en a ! En cherchant un peu, on peut voir que dans une multitude de situations, des solutions non intrusives, respectueuses et vertueuses existent, et rendent dispensable l’utilisation des produits de GAFAM.

Nombreuses sont les critiques vis à vis de l’hégémonie d’Android dans le monde des appareils mobiles. Si sa présence (indirectement celle de Google) gène autant, quand arriveront les soutiens officiels et concrets à des projets comme eelo ou LineageOS ? Lorsque des villes ont besoin de services en ligne à des fins de gain de productivité ou de partage, pourquoi ne voit-on pas ou peu de communication sur des solutions comme celles proposées par Cozy Cloud ou Framasoft ? Quand des personnalités politiques tirent sur WhatsApp et Telegram, applications n’ayant pas leur confiance, pourquoi voit-on des travaux sur une app française de messagerie sécurisée alors que d’autres existent comme Signal ? Devrions-nous nous attendre à des fiascos comme Louvois et SAIP ?

(ლ╹◡╹ლ ) La route est longue...

Il ne faut cependant pas voir le verre à moitié vide. Des progrès peuvent être cités, notamment avec GendBuntu dans la Gendarmerie (système d’exploitation basé sur Ubuntu) (chacun sa paroisse hein), ou encore la montée en puissance de Qwant. Des associations et partis continuent de taper du poing sur la table et de débattre, comme l’April, la Quadrature du Net ou le Parti Pirate. Des projets ont même donné des fruits pas dégueus comme CHATONS, et Dégooglisons Internet.

Le problème est que, au jour d’aujourd’hui, les projets et entités qui se soucient de la vie privée, du numérique, de la décentralisation et du partage sont généralement catégorisés dans un coin comme une sorte de militantisme paranoïaque à voir le mal partout, un peu comme ce tonton réac’ qu’on invite aux repas de famille mais qu’on évite de trop laisser parler. Mais ne serait-il pas tant d’essayer ou de promouvoir de nouveaux modèles ?

Prenons par exemple la plateforme Patreon. Si des artistes arrivent à être financés via cette plateforme, pourquoi pas des membres de projets libre et open source ? En France, le mouvement (relativement louable) de la #StartupNation s’installe pour favoriser la création d’entreprises. Et si on avait un mouvement similaire type #FreeNation ? Le nom claque un peu quand même. Dernière idée, les cryptomonnaies. En supposant que l’on place les efforts et débats ailleurs que sur la spéculation, la régulation ou l’interdiction des cryptomonnaies et des ICO, ne pourrait-on pas par exemple imaginer des tokens permettant de financer des entités dévouées à l’open source ? Quitte à être disruptif avec ces monnaies alternatives, pourquoi pas l’être à fond et repenser la rémunération ?

M’enfin bon. A force de réflexions de ce genre, et puisque tous ces éléments sont généralement inconnus du public, et que les discours concernant les GAFAM sont systématiquement binairisés pro/anti, je me demande s’il n’y a pas finalement un refus de la classe politique et d’une partie de la population de se poser des questions, de soutenir des solutions meilleures pour tous, et de remettre en cause ses habitudes. Personnellement je me dis qu’un jour le message finira par passer. Pas à grands coups d’articles putaclicks, mais plutôt à force d’éditions de Libre en Fête comme à Lannion ou de Cafés Vie Privée, ça finirait peut-être par changer… mais les prises de conscience tardent.

Je terminerai par une belle phrase de Framasoft qui résume tout ça : La route est longue mais la voie est libre...

Entre temps, faîtes un tour sur la page du projet Contributopia ;–)

Dernière mise à jour : mercredi 9 février 2022 Précédemment sur Medium et paper.wf

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