Unvarnished diary of a lill Japanese mouse

Les notes du laptop, par NEKO

JOURNAL 31 août 2025

On est rentrées à la maison, assises face à face on regarde le courrier papier : le notaire, les impôts français on doit plus rien, les factures, les publicités, tiens un chèque de trop perçu, des cartes des deux minis, elles sont trop mignonnes, un relevé bancaire monstrueux, bienvenue dans la cité, bon retour dans la vie moderne.

On est revenues chargées de lichen séché, de miso de montagne, de légumes en saumure, tout maison bien sûr, et un énorme sac d'affection et de souvenirs délicieux. Ce soir on mangera les derniers onigiri aux poissons de lac. On a la gorge un peu serrée.

JOURNAL 4 septembre 2025

Je me mets en pause. Mon supérieur en théorie – parce que en réalité il n'a aucune autorité sur moi – ne m'aime pas parce que je fais ce que je veux comme je veux, et lui il croit que j'abuse de mon nom, il est furieux, il déteste les aristos. Il a pas tort mais je cherche pas à lui expliquer rien c’est un pauvre con je l’emmerde.

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Alors la rencontre avec le banquier d'abord. A. lui donne sa carte de visite du ministère toute neuve elle l’a eue lundi, n'empêche que ça en impose, le mec ouvre des yeux plus ronds que les miens. Il commence son baratin mais ma princesse l’interrompt et lui sort qu’on a le capitalisme en horreur et qu'on méprise totalement l'idée que le fric serve à gagner de la tune sans rien foutre sur le dos de ceux qui bossent pour des clous. On ne veut pas placer notre tune pour un yen. Il faut qu’il nous ouvre un compte commun et compte tenu que la banque de toute façon va faire du fric avec le nôtre on veut pas que ça nous coûte un centime, pas un de plus, faut nous arranger ça, on va faire deux donations à deux organisations humanitaires qui nous tiennent à cœur et le reste on s'en servira pour travailler et se loger et s'il en reste on claquera tout… non monsieur, rien pour nos vieux jours. L'autre il transpirait déjà en roulant des yeux qui lui sortaient de la tête, mais il a le respect du fric dans le sang, il a plus osé rien dire que oui madame bien madame comme veut madame, on a obtenu tout ce qu’on voulait. Il était absolument furieux mais fermait sa gueule comme un chien lâche devant un qui gueule plus fort que lui. Nous on est sorties très fières de nous et à la réflexion on l'est toujours.

JOURNAL mardi 9 septembre

Levées 5h30 Petit dej´ poisson froid omelette bouillon miso riz tsukemono un umeboshi métro la foule endormie du matin changement foule plus chic et plus réveillée des étrangers aussi

8h 30 tôdai ma princesse me serre fort fort dans ses bras j’enfouis mon visage dans ses cheveux oh ça sent bon je t'aime je t'aime je t'aime

l'entrée l'ascenseur le petit escalier mon placard je prends mes affaires dans mon sac à dos mon stylo en bois ramené de France le petit escalier dans l’autre sens les couloirs les couloirs la porte direction coordination du personnel mon cœur tu batS trop fort calme-toi mon cœur calme-toi calme calme calme une grande respiration toc toc ... — C'est pour vous dire que j'arrête ... ... — vous arrêtez quoi madame ? — de faire la traductrice dans un placard ... Il me regarde, il voit une folle disant des chose incompréhensibles ... — Vous voulez un bureau peut-être ? ( sourire sarcastique ) — non je veux m'en aller je cesse de travailler ici ... — je démissionne — mais vous (êtes dingue où quoi ?)... La question ne sort pas de sa bouche c’est moi qui traduis … — mais vous vous rendez compte de ce que vous me dites ! En japonais c’est une façon de dire ce que j'ai mis entre parenthèses — J'ai besoin de bouger monsieur f... je ne peux pas rester enfermée toute la journée dans un placard à balais — Mais vous avez des week-ends de deux jours, c'est exceptionnel — J’ai besoin de bouger tout le temps monsieur f... ... je l'entends qui se répète elle est folle elle est folle il m'imagine prise de convulsions sans doute… son regard s'agrandit, un soupçon de peur au fond des yeux …dangereuse ? — comme vous voulez Il est pressé tout d'un coup, il veut que je vide les lieux, on ne sait jamais et si c'était contagieux ? — rendez moi votre badge (fait) on vous enverra votre relevé de compte par courrier Au revoir madame... — Adieu monsieur f... amusez vous bien (Je n'ai pas pu m'empêcher)

Fin de l'épreuve

à suivre : – téléphoner à l'aîné des sensei de mon école – après déjeuner j'ai rendez vous avec mon frère – une pensée tendre pour yoko qui est malheureuse ici et qui va l'être encore davantage.

Demain je raconte mon nouveau job Maintenant dodo, ma princesse dort déjà, je suis sûre Il est presque minuit mais je voulais finir ça

JOURNAL 10 septembre 2025

Pas de kabukichô ce soir. Je mange vite fait un bento eleven et je rencontre les adultes du soir. Les jeunes cette après-midi  : bon niveau les katas dont intégrés, les petits mecs font les machos, les quelques filles en retrait comme il se doit, et tout ça est brutal en revanche, je n'aime pas du tout, ça va changer, en douceur mais ça va changer...

Les 2 entraîneurs pareil et je commence par eux. On a tenté quelques assauts 1. ils ont vu de suite qui est le chef et on discute pas 2. ils vont avoir des cours privés faut que ça change de style

Mon frère me laisse tout pouvoir et a prévenu qu'il ne recevra aucune réclamation. Personne n'est forcé il y a d'autres dôjô. J'y retourne.

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Ma princesse est venue me chercher, elle est ravie de sa rentrée, elle va coacher des élèves motivés...c'est motivant.

J'ai pris ma douche,pas du luxe. Prise de contact avec les grands élèves : que des mecs ça fait chier. Quand je dis grand, yen a qui font plus d'une tête de plus que moi. 9 assauts individuels. ya des ego qui ont souffert là... Genre “on va lui montrer à la petite qu'on a pas besoin des leçons d'une demi-portion” Attention quand on est brutal je deviens méchante. yaura des bleus ce soir en rentrant à la maison. Je leur ai bien fait comprendre mon point de vue. Avec une hache ou un shinai on cogne, avec un sabre on coupe en glissant en glissant pas en cognant

En revanche il y a plein de choses avec lesquelles on a le droit de cogner si nécessaire et ca fait mal au moi surtout quand on doit aller ramasser son sabre par terre, et même pas besoin de dégainer... Fin du premier cours. Vous êtes libres de ne pas revenir et à la fin arigatogozaimasu sensei naturellement. On va manger un morceau, je suis morte de faim, puis on rentre à la maison avant le dernier métro.

JOURNAL 30 septembre 2025

Alors les parents m'ont enlevé deux élèves. Ils veulent qu’on leur enseigne la compétition, le combat pour la réussite sociale, toute cette merde. Ils vont les mettre en kendo. Ils ne changent pas de dôjô parce que ici c’est plus pratique pour eux. C’est dommage, c'étaient de gentils enfants, je ne pense pas que la compétition, tout ce bordel ce soit fait pour eux, en plus ils vont en baver. Merci papa merci maman. Je leur ai dit. Ils étaient encore plus furieux, ils veulent que leurs enfants deviennent des tueurs sociaux. Moi je suis juste triste, pas pour moi mais pour ces deux-là qui vont en chier un max dans ce système. 😞 Je vais avoir du mal. Peut être que j'ai eu tort de prendre ce poste, ces responsabilités, dans un cadre pas très bien adapté mais je ne me vois pas enseigner l'agressivité et la violence. Mon idéal c'est la maîtrise des pulsions, le contrôle de soi, la beauté du geste, la recherche de perfection harmonieuse des mouvements jusque dans le quotidien, pas seulement au dôjô, et l'esprit clair et droit. Je sais que je mets le challenge très haut, mais c'est comme ça qu'on arrive à dépasser la vulgarité ordinaire. Merde alors on n’est pas des chiens qu’on dresse à mordre !

JOURNAL 4 octobre 2025

C'était pas facile pour moi de poser à ka chan la question : — Est ce que tu es prête à venir travailler avec moi deux heures par jour tous les jours pendant sans doute plusieurs années si je t'accepte comme disciple ? Je savais bien que non, ça n'est pas compatible avec les études qu'elle va entamer. J'ai bien vu ses yeux devenir brillants, elle a baissé la tête et d'une petite voix tout bas elle a dit qu’elle ne pourrait pas. Ensuite je lui ai dit que donc ce sera quand elle voudra, que j'accepte sa demande mais ça ne doit pas nuire à ses études ni à sa vie après, puis je lui ai dit que je l'aime comme une petite sœur, alors là elle a pleuré franchement et je l'ai serrée dans mes bras… J'étais pas loin de pleurer aussi. En attendant elle va venir à mes cours adulte pour rester entraînée, je lui ferai faire aussi des assauts avec les meilleurs élèves, ça fera progresser tout le monde.

C'est comme ça accepter être sensei, ça oblige à du discernement et à ne pas faire n'importe quoi. Je ne suis pas une guru je n’ai pas besoin qu’on m’admire. J’ai un savoir à transmettre. Ce n’est pas du bricolage, c’est dur.

Maintenant c'est le week-end, on se détend. On a reconduit ka chan au métro, on va se payer un whisky bar.

JOURNAL 29 octobre 2025

Ma tête sur tes genoux ta main sur ma joue douceur et paix bonheur tranquille celui qui râle je l'aligne.

JOURNAL 21 octobre 2025

En ce moment j'ai plein de souvenirs sales et tristes, alors j'en parle ici parce que c'est plus facile de les écrire. On est en octobre et je revois la fille de 16 ans dans la porcherie tremblant de froid et de révolte dans son samue, quatre jours enfermée sans manger jusqu'à ce que la porcherie soit si propre qu'elle puisse manger, enfin par terre comme un chien mais son ventre apaisé, les ongles en sang, pleurant de honte d'avoir cédé. Habitée d'une rage folle devant les sourires moqueurs et les plaisanteries grasses autour d'elle. Mon estomac me fait mal encore 15 ans plus tard en l'écrivant.

Oh pourquoi les dieux ne me font-ils pas la grâce de l'oubli ? Pourquoi ce ciel bas d'octobre, ces premières soirées froides ne m'évoquent elles pas de meilleurs souvenirs ? — Les douces soirées à écouter les cours patients de littérature française de maman Cat dans la grande bibliothèque là bas dans la montagne...

Les événements actuels dans le monde et au Japon ne font que raviver des sentiments noirs dans mon cœur. Mon grand-père criminel pendant la guerre avec la Chine puis la Malaisie j'ai profondément honte, d’une part, d’autre part son idéologie fasciste et nationaliste cinglée a pourri mon père qui à son tour a presque pourri mes frères et m'a complètement pourri la vie à moi.

Je suis effrayée par l'idée que ces cinglés veulent changer la constitution, réarmer le pays, ils nient les crimes commis par l'armée impériale. Petit à petit on dirait qu’ ils veulent recommencer et imaginez si les Japonais sont mûrs on va encore à la catastrophe, et ça réveille avec netteté des souvenirs que je voudrais oublier comme à chaque fois qu'une boule d'angoisse me serre la gorge.

J’ai peur pour ma princesse. L'ultra nationalisme de certains Japonais est quelque chose de dangereux vous avez pas idée en Europe de ce que les Japonais peuvent faire quand leur folie est libérée. Je sais dans mon corps de quoi ils sont capables en rigolant, c’est gravé dans ma mémoire. J'ai raconté un peu déjà mais j'ai pas raconté tout… Mais je revis tout quand l'angoisse revient et je peux juste presser mes poings sur mes yeux et laisser couler les larmes que pendant des années je pouvais même plus avoir. C’est pour ça j'écris j'écris je pourrai écrire comme ça des heures quand ça commence, c'est morbide heureusement ma souveraine est là qui me calme elle voit bien que ça va pas elle va me prendre dans ses bras

JOURNAL 26 octobre 2025 Une dernière (?) pièce du puzzle

Voilà j'ai bien pleuré, j'ai été bien bercée et consolée comme la petite sotte geignarde dont parle mon père pares la mort de maman. Avec l'approbation de ma souveraine je me lance maintenant dans la mise au point et clôture de cette partie de ma vie jusque 19 ans. Mon frère aîné a trié et mis en forme ce qui dans les notes de notre père nous concerne tous les quatre. On a le droit de savoir, il m'a dit. J’ai donc reçu avec avertissement et précautions de ses mains 5 cm de photocopies Je découvre ça petit à petit depuis une semaine, j’ai fini aujourd'hui et je découvre pourquoi mon père m'a fait élever jusque 12 ans par une nurse americaine : il voulait que je maîtrise l'anglais pour m’utiliser comme monnaie d'échange dans une alliance commerciale avec les usa. Il ne me détestait pas c'était juste du mépris pour une fille, il aurait voulu un 4e fils, mais une fille c’est encore une valeur commerciale si on arrive à la rendre attractive. Il trouvait que mon frère perdait son temps à enseigner les techniques de combat à une demi-portion qui n’arriverait jamais à rien mais il laissait faire si ça l’amusait… En passant il préférait l'aîné et méprisait aussi le 3e qu'il appelait « le poète »… dans sa bouche c'était pas un compliment. Quand ma nanny est repartie aux usa malade il m'a confiée à son frère pour ne plus avoir à veiller sur moi, même de loin. Ma “maladie” subite vers mes 14 ans l'a contrarié comme un accroc à son programme. Quand remise sur pieds un peu avant 16 ans j'ai déballé publiquement les abus et le viol que j'avais subis, il m'a d'abord réellement crue folle, mais dans les heures pendant lesquelles j'étais enfermée, il a quand même interrogé son frère et est devenu fou de rage en apprenant la vérité. C'est là, considérant que j'avais perdu toute valeur marchande qu’il a décidé de se débarrasser de celle que maintenant il haïssait et nommait la petite putain vicieuse. C’est à ce moment-là qu’il a commencé à employer des prostituées de mon âge. Plus tard il n’était pas vraiment au courant de ce qu’on me faisait mais il trouvait que mes “vacances” lui coûtaient un peu trop cher pour rien ! Il était radin en plus… Il était ok pour que j’aie un accident définitif pendant une de mes “fugues” qui arrivaient trop souvent. La dernière aurait dû être la bonne, manque de pot contre toute attente j’ai survécu malgré tous les efforts pour que je ne me remette pas de leur traitement. Parce qu’il ne suffit pas de tuer les gens faut d'abord s’amuser un peu. Quand la police m'a trouvée et que l'affaire est devenue judiciaire, il était évidemment furieux, mais il a accepté de me donner ma liberté légale pour éviter le scandale public qui aurait bien nui à ses affaires et finalement c’est tout ce qui l'intéressait. Quand il a appris aussi l'existence des vidéos il a exigé d'être indemnisé “pour la perte subie” je sais pas combien il a touché mais il a bien touché un paquet du fric sur mes viols ! C’est ce qui me met le plus en rage, je ne sais pas pourquoi merde alors ! Plus tard il a regretté de pas m'avoir fait tuer carrément quand l'histoire des photos de Nara a éclaté. Après il a réussi à me faire obtenir les papiers francais en un temps record grâce à ses complicités politiques et il m'a fait surveiller par des détectives pendant plusieurs années. Je m'en doutais c’est pour ça que j'ai quitté Paris en douce et me suis cachée chez une dame Russe puis chez C. et G. dans le sud de la France, je voulais pas qu'ils emmerdent mon amour qui avait pas fini sa thèse, elle ne pouvait pas quitter Paris.

Voilà, j’ai rassemblé toutes les pièces du puzzle. Ça enlève rien à la souffrance. Ça change rien aux souvenirs qui me hantent. Juste ça explique et ça fait récit. Un récit c’est clair, il y a plus de flou, plus de suppositions. Je remercie mon frère pour m'avoir pensée assez forte pour regarder le réel en face. J'ai passé l'épreuve, je suis debout. J’ai pleuré encore, j'ai cherché le réconfort là ou je savais pouvoir le trouver : mon amour mes amis vous qui lisez Merci.

Pardonnez-moi de prendre autant de place, je ne suis pas sûre qu’une petite souris ait vraiment ce droit. J'ai une fortune immense je suis aimée, je ne sais comment exprimer toute ma reconnaissance. Aussi je vous aime !

JOURNAL 2 novembre 2025

On est entrées dans la saison des ciels nuageux et des nuits froides. Hier ka chan nous a emmenées chez ses parents, à ginza : un grand immeuble presque neuf, 10e ou 11e étage je ne sais plus mais en haut, et là un appart qui ne finit pas et c'est une maison japonaise traditionnelle, comme ma maison familiale mais dans un immeuble. incroyable… Il y a même un petit jardin, on ne se refuse rien. Une immense gentillesse pour nous recevoir, toute mon éducation est revenue d'un coup, c’est vrai que j'ai les clés pour entrer dans ce milieu. Ma princesse a fait comme d'habitude une grosse impression par sa maîtrise de la langue, et du protocole. Bref, les parents de ka chan voulaient officiellement me remercier pour la transformation de leur fille de folle enragée violente en jeune femme posée et maîtresse d'elle même et surtout heureuse. Transformation que moi je pense due à ses propres qualités que j'ai juste réveillées. Bon c'était une super soirée on a parlé de beaucoup de choses, d’histoire, du Japon de la France tout ça, pas de politique. Au Japon on ne parle jamais de politique. On s'est quittés tard on est allées dormir à shinjuku. Je me suis endormie dans le taxi ! On s'est baladées dans tôkyô et maintenant on va rentrer à la maison.