Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

de colline en colline la forêt s’élève jusqu’à effacer les montagnes d'une gomme de nuages

comme elle monter jusqu’au trait de pinceau bleu du printemps promis


Photo par Gilles Le Corre “Neiges d'avril” – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2022


#photo #poésie

sur la mousse du toit sur le front des forêts graines blanches de printemps semées par milliers par le ciel de neige


Photo par Gilles Le Corre “Neige d'avril au matin” – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2022


#photo #poésie

combien de jours ai-je perdus en attendant le bon moment

de chemins que j'aurais pu suivre au beau milieu des champs ouverts

de destins que j'ai croisés qui auraient pu être miens

une heure de plus une heure de moins au bout du compte ne change rien

heure d'été heures d'hier les aiguilles ne tournent pas à l'envers  

je suis un vieux monsieur aux cheveux neigeux

je n'y comprends rien on me dit mais non c'est pas ça du tout

mais moi pourtant j'ai bien entendu les uns lancent des bonbons ardemment les autres livrent des arbres

on me dit tu as de la chance d'avoir si mauvaise ouïe

mais où vont ces mères et ces enfants si nombreuses sur les quais et les routes

je suis un vieux monsieur je n'y comprends rien  

par tous les torrents par tous les sentiers les nuages descendent vers la vallée

où sera demain dans quel brouillard laiteux la ferme aux toits rouges que le soleil allumait au temps de l'enfance


Photo par Lucio Barabesi


#photo #poésie

pulsation

la terre au loin se renfle et se creuse ses grondements se rapprochent

la cave est froide et humide la lumière faible et rare

les paumes vers le ciel la mère chante un autre air

dans ses bras l'innocence emporte le combat

la pulsation reprend toujours au poignet de l'enfant  

prends sur ton cœur le bord clair de la nuit cette lueur amie par la fenêtre haute enroule-toi sans crainte dans son voile

un seul de tes regards et déjà les ombres effarouchées s'éloignent enfin ton esprit va voguer en paix

toujours le petit jour accueille le sommeil tu t'endormiras dans les bras de l'aube  

la colline déferle en vagues sombres qui soulèvent des rouleaux de broussailles

seul un arbre à l'orgueil invaincu explose en gerbes de branches nues

sous un ciel de suie il capte un faisceau de lumière

nous pouvons au creux de cette houle comme lui nous dresser dans les ténèbres  


Photo par Gilles Le Corre “Dans les montagnes autour du village, après-midi nuageuse.” – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2021


#photo #poésie

quand le flot de paroles se retire et découvre de petits bouts de mots échoués mais non tenus en laisse pas de quoi faire un gros bateau

je marche sur l'estran je rêve de rejoindre le large horizon courbé sur une coquille de moi

 

cœurs serrés

foule dense valises lourdes visages fatigués des mères tiennent serrés dans leurs bras des enfants qui tiennent serrées des peluches

cœurs serrés regards dignes sans larmes de celles qui ont laissé leur pays