Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

nous sommes les arbres du bord de l'eau

à la rivière miroitante de clarté nous apportons l'ombre apaisante

l'eau vibre dans nos racines

le flot lance un frisson jusqu'à nos rameaux

ainsi le chant du courant s'élève dans le vent


Photo par Gilles Le Corre Le ruisseau près du village – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2022


#photo #poésie #noussommes

à fond

je dévale à toute vibure la rue qui descend vers la boulangerie un chat endormi soudain s'effraie du grondement de ma machine dont les roues parfois couinent sur le macadam j'ai huit ans et je pousse comme un damné sur ma jambe gauche je suis le roi du village sur ma patinette je ne sais pas trop comment m'arrêter et ma vue n'est pas si nette je lâche tout et l'engin s'en va tout seul percuter le monument aux morts pour la patrie nette.  

sous les ronces les plus denses au fond d'un ruisseau obscur sur le flanc du rocher même

à les voir toutes ensemble de bien près chacune est différente

elles se ploient et sans malice se redressent puis s'échappent vers le ciel

pas si folles les herbes vives  

à Neko

que le vent venu de l'ouest enjambe les collines chasse brumes et sombres nuages

et t'emporte vers le jour naissant où l'arbre aux feuilles d'or abritera l'amour de ta vie  

à Neko

notre vie toujours est une forêt perdue dévastée de coulées de larmes troncs abattus par la tempête racines à nu dressées en vain vers le ciel

à quel arbre ancien confier tes secrets à quel grand pin ton chagrin

mais d'autres forêts debout d'autres arbres t'attendent tu pars à leur rencontre

pour étreindre encore les troncs puissants et doux des hêtres centenaires

pour écouter encore leur voix venue des âges la rumeur continue des siècles sous l'écorce

et leur sagesse ancienne apaisera ton cœur  

au plus lourd du sommeil la nuit combat la nuit le temps s'allonge et multiplie

car nos yeux grand ouverts dans le noir inventent des jours inventent des vies que le matin ne dissipera pas  

le fleuve traîne sa flemme sous le gris de la pluie

la nuit gagne lentement elle éteint la journée

et sur la passerelle tendue de câbles vibrants le vent nous emporte  

de colline en colline la forêt s’élève jusqu’à effacer les montagnes d'une gomme de nuages

comme elle monter jusqu’au trait de pinceau bleu du printemps promis


Photo par Gilles Le Corre “Neiges d'avril” – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2022


#photo #poésie

sur la mousse du toit sur le front des forêts graines blanches de printemps semées par milliers par le ciel de neige


Photo par Gilles Le Corre “Neige d'avril au matin” – Courtesy of © Gilles Le Corre & ADAGP 2022


#photo #poésie

combien de jours ai-je perdus en attendant le bon moment

de chemins que j'aurais pu suivre au beau milieu des champs ouverts

de destins que j'ai croisés qui auraient pu être miens

une heure de plus une heure de moins au bout du compte ne change rien

heure d'été heures d'hier les aiguilles ne tournent pas à l'envers