L'errance à l'intérieur de soi a ceci d'étonnant qu'elle est tout à fait invisible. C'est une disparition sans avis de recherche. On glisse à l'intérieur de soi, aspiration sans expiration. Le corps continue sans routine, le visage réagit au son et à la lumière. Les yeux se vident, le sommeil s'échappe.
La ville morte n’est pas plus solitaire que les autres villes. Elle n’a pas la chaleur des villes où il n’y a rien à faire, cette saveur particulière de villes moyennes de fonctionnaires mutées qui croisent des paumés à la dérive. Elle n’a pas non plus la frénésie de la capitale, où événements sur événements on se représente, toujours pour les autres.
Au bord de la ville morte, dans un interstice entre le fleuve et l'échangeur, il y a une ville minuscule.
Les bus et les voitures tournent autour de ce recoin de terre, creusent le sillon qui le sépare du reste de la ville morte. A travers une vitre, s'étalent des bouts de vie qui ne nous appartiendront jamais. Des gamins courent dans le rassemblement chancelant. Tout est cabane. La ville minuscule est à leur échelle.
Sur la carte, les eaux ont des couleurs différentes et s'assemblent dans une hybridation magique. Les tourbillons du fleuve se mêlent avec le calme de la rivière.
Une équipe de marketing en a fait un slogan là où les eaux se mêlent. C'est un événement culturel, c'est une célébration. Au milieu, le triangle de terre devient un bout du monde, accessible en tramway.
La lumière des lampadaires bave et déborde. Sans forme fixe, des tâches lumineuses glissent sur la chaussée. Des micro paysages se dévoilent et nous promettent des futurs pluvieux.