Unvarnished diary of a lill Japanese mouse

Les notes du laptop, par NEKO

Journal 15 octobre 2024

Ici je suis assise sous les grands arbres du parc, je regarde les enfants sages, les petits Japonais polis dans leurs uniformes propres Certains sourient, d’autres sont plus graves, ils passent par groupes, trois ou quatre pas plus. Ils vont vers un monde mourant, une planète qui sera un enfer quand ils auront mon âge, si même on peut encore y vivre humainement. J’ai vu des vidéos de Gaza, l'enfer y règne déjà. Mes cheveux se dressent sur ma tête. Comment des humains peuvent-ils faire subir ça à des humains ? Au nom de quoi ? Non, je ne serai pas maman, jamais, j'aurais l'impression d'être encore plus complice de l'horreur en produisant une victime supplémentaire...

JOURNAL 15 octobre 2024 #tribunal

Avec ce témoignage au tribunal je me rends compte que je suis pas capable de reconstruire ma vie chronologiquement, tel événement il a eu lieu avant ou après tel autre ? Je ne sais plus. Ma mémoire est désordonnée on m’a volé une part de ma vie et je peux pas la reconstituer en entier, seulement par morceaux qui se bousculent. Je suis en colère et je ne sais pas quoi faire de ma colère Ma jeunesse est en miettes, vous savez comme c'est pénible pas avoir une vie de souvenirs en ordre ? De 12 à 14 ans c'est encore à peu prés construit, désagréablement, puis il y a eu cette dépression puis le hokkaidô et jusqu'à Nara c’est un sac obscur où s'entassent sans ordre des évènements décousus le plus souvent semblant sortis d'un cauchemar ou d'un film de terreur pervers et malsain. Quand je regarde derrière moi il y a un mur opaque de souffrance et de rage. Je n'ai jamais eu le courage de relire ce que j'avais écrit là-dessus depuis que c’est publié sur le blog, il va bien falloir que je le fasse pourtant.

JOURNAL #erotica

Le taxi nous laisse à la porte du jardin Tu suis ma robe longue mes cheveux noirs tu suis une ombre sous la lune Avant la pierre de seuil tu m'arrêtes Ta main sur ma nuque Ta main le long de mon dos Ton menton dans le creux de mon épaule ta bouche sur mon cou, là où le sang bat si fort si fort de chaque côté tes mains de bas en haut une à une font sauter les agrafes de ma robe jusqu'aux dernières sous les aisselles tes mains sur mon corps par derrière de bas en haut jusqu'aux pointes de mes seins oh mes seins si sensibles à tes caresses les pointes dures je tremble ça n’est pas le froid je ne sais comment ma robe est tombée tes mains oh tes mains Ma tête en arrière ta bouche sur ma gorge ta langue oh ta langue je suis toujours debout c’est toi qui me tiens debout toi derrière tes mains ta bouche je m’appuie sur toi mes jambes vibrent Tu pince les pointes de mes seins oh mes seins je gémis ta main entre mes cuisses par derrière je crois que je crie entre mes fesses ton pouce explore tandis que tes doigts oh tes doigts sur l'autre puis c'est ta main qui me tient debout l'autre main, la gauche, pince et tord je ne suis plus qu'un sein et entre mes cuisses ces deux entrées qui vibrent qui vibrent qui vibrent vibrent d’un éblouissement de vie si intense que je crois être morte... Oh aime-moi toujours, je t'en prie... La lune là-haut rit La lune rit de deux corps vivants sous sa lumière bleue qui s'aiment Elle rit de nos rires dans la nuit Elle rit de la révélation toujours nouvelle de la vie au fond tout au fond de nos corps blancs blancs sous le ciel noir dans la nuit bleue.

JOURNAL 21 octobre 2024

La nuit est là presque La ville s'allume au loin, par l'entrée du jardin, derrière la ligne d'arbres au-delà du champ, au sud. Dans la véranda j'ai pris une couverture sur mes épaules, le yukata ne suffit pas à me protéger il fait nettement moins chaud maintenant le soir, l'automne est bien arrivé Les feuilles commencent à parsemer le gravier du jardin, ce sera bientôt le temps des petits feux humides fumant et parfumant l'air de l'odeur gris bleu de la saison. Encore deux heures de solitude mélancolique mon cœur se serre mais je sais que cette attente sera récompensée quand je vais voir les cheveux blonds de mon aimée entre les arbres de l'entrée, mince auréol dorée autour de sa silhouette à contre jour La lune, la complice de nos plaisirs, n'est pas visible, elle nous attend peut être pour éclairer nos corps emmêlés à nouveau, la nuit prochaine ?

JOURNAL 6 novembre 2024

Ma nanny qui m'a élevée aimée soignée et défendue comme elle pouvait était américaine. Elle m’a appris sa morale, sa vision du bien et du mal c’était parfois en opposition avec ce qu’apprenait la petite Japonaise. En apprenant sa langue, j'ai forcément approché sa culture, Mark Twain a peuplé mon imaginaire d'alors d'aventuriers optimistes francs et honnêtes. Je sais donc intimement que tous les USA ne se résument pas à Trump et ses électeurs. Nanny aurait certainement été horrifiée par cette élection. Plus tard cependant je n'ai jamais rencontré de yankees qui ne soit pas déplaisants. Oh je suis si triste ce soir comme j’ai été triste le soir des législatives en France, c’est un peu comme si j'avais trois familles et que toutes me sembleraient décevantes...

JOURNAL 7 novembre 2024

grand ciel bleu sur ma tête dans le coeur c'est triste triste cœur sous le ciel en fête les dieux se moquent de nous indifférents à nos humeurs indifférents à nos malheurs comme des nuages hauts si hauts ils n'entendent pas nos pleurs

#poésie

JOURNAL 7 novembre 2024

… et ce qui met en rage c'est ce prétexte des jeunes US boys pour donner leur vote à Trump « ils craignent pour leur virilité » Mais les pauvres mignons, c'est pour ça qu'ils sont prêts à mettre le chaos dans le monde ? À cause de leur pauvre petite bite fragile ? Ben merde alors. Et qu'est ce que on devrait dire alors, nous ? On les enferme pas les chéris, on les bat pas, on les viole pas, on leur fait pas porter des vêtements impossibles, des talons hauts et des bas, des voiles sur la tête, on les marie pas de force, on leur coupe pas le clitoris, on les engraisse pas comme des oies, je peux comme ça continuer longtemps… Merde et merde On leur ferait bien bouffer leurs putains de ramen minables, sans bouillon, c'est tout ce que ça mérite. Virilité de merde, je n'ai connu que des lâches qui paradaient derrière cette prétendue virilité qui consiste à emmerder les filles et les gays quand ils sont en bande, tout seul ya plus de virilité plus que des petits garçons qui pleurent leur maman quand une fille de 1,57 m les fout par terre avec une seule main ! Merde alors.

JOURNAL

Dans la forêt

Le 8 novembre 2024 On est arrivées au temple une heure avant la nuit. Il fait nettement plus froid mais on a bien prévu on est équipées. La forêt est magnifique, tellement vivante, personne n'est passé par ici depuis longtemps. J'écris le journal assise sur le bord de la plate forme où est bâti un petit local en bon état, c'était peut-être la cellule du gardien quand il y en avait un. On a fait un peu de ménage mais il n'y avait pas beaucoup de poussière. C'est drôle on se croit dans un film de conte... En arrivant on a dérangé un renard qui vit ici, il est pas parti loin... Par endroits il y a du réseau mais dans le temple et cet abri zéro barre. Le temple est vide, je ne sais pas s'il y a eu des décorations dedans mais il n'y a plus rien, juste un bouddha de pierre très vieux très rustique, très lourd sûrement, donc on l'a laissé là. Comme souvent il y a des petits jizo sur le chemin, certains très anciens, tout ça est couvert de mousse, c'est très beau et aussi ça a l'air tellement vieux ça inspire beaucoup de respect. Les bâtiments sont en bois noir dispersés dans les arbres, les morceaux de bois sont tellement forts, on se dit ça n’est pas prêt de s'effondrer mais il y a des toits qui ne donnent pas confiance. On a mangé le bento préparé par l'auberge et allumé un petit feu entre des pierres devant l'abri. C'est en même temps amusant comme une aventure pour enfants et grave parce qu'on trouble une paix profonde. Sous le plancher on entend courir des petites bestioles qui s'agitent peut-être à cause de notre présence.

Je crois voir le renard nous regarder, couché juste à la limite du cercle de lumière de notre petit feu.

On va maintenant dormir, la montée est difficile on est fatiguées. Demain je suppose on se réveillera avec le soleil vers 5h... vite vite, une contre l'autre on va se tenir bien chaud Je continuerai le journal demain.

Le 9 novembre Au matin on s'est levées avec le soleil, un peu avant 6 heures. Ça a surpris le renard qui était devant le seuil, il est venu flairer dans la nuit tout près j'ai senti son odeur et ses petits bruits de pas sur le bois je crois qu'il n'a jamais vu un humain. Après avoir bien mangé on a roulé les sacs de couchage et en route pour le sommet. Il fait froid encore plus, on a traversé les nuages et arrivées en plein soleil tout en haut un peu avant 10 h. Il y a là un ermitage moitié pierre et moitié bois, le toit est presque effondré mais c'est extraordinaire on sent la présence du dernier ou la dernière occupante pourtant mortes depuis longtemps, c'est un endroit très fort très impressionnant. Je sais on ne croit pas ça en Europe mais moi je sens la présence très positive dans l'endroit. Au-dessous c'est le monde silencieux avec des voiles blancs qui se déchirent ici et là. On est restées méditer et se remplir de la force et la sérénité qui remplissent le lieu puis à regret on redescend. Le chemin n'est pas tracé il faut arriver au temple avant la nuit si on veut pas dormir dehors dans la forêt et se perdre.

La nuit du 9 novembre On est arrivées au temple avec l'obscurité vers 16 ½ Le renard nous attendait faut croire, il était avec une copine, les deux très beaux avec leurs bas de pattes noires peut-être frère et sœur, à distance ils nous ont regardé déballer nos sacs, le petit feu les a beaucoup intéressés et aussi les morceaux de poisson sec qu'on leur a lancés mais ils se sont pas approchés à moins de 10 mètres (?) environ. Il est tard maintenant, complètement nuit, on voit les yeux qui brillent dans la lumière qui reste du petit feu mourant. On entend aussi un chouette un peu loin. Le froid est plus fort, on va dormir très proches pour se tenir bien chaud et échanger les baisers. Le ciel est un coffre à bijoux étincelant, la beauté du monde donne envie de pleurer... Oh pourquoi les hommes sont-ils aussi fous ?

On s'est couchées serrées une contre l'autre il faisait froid la ½ lune brillait fort dans le ciel. Les deux renards nous observaient de loin, parfois un des deux se levait pour faire un petit tour, de temps en temps on voyait les yeux. Et puis je me suis endormie On s'est réveillées ensemble, il y avait du bruit du côté des sacs. On entendait respirer, grogner, gratter, dans l'obscurité on voyait de temps en temps deux grosses silhouettes qui bougeaient... Merde si ce sont des oursons la mère est pas loin on est dans la merde... Pour ces trois jours dehors A m'a rendu mon tanto, il est là tout près de ma main, c'est un peu dérisoire face à un ours mais une fille comme moi, ça lui donne la confiance. Le truc c'est de dégager les bras en silence, tout doucement et allumer la torche d'un coup dans leur direction ça va les surprendre et si on gueule bien fort on leur fout la trouille de leur vie. Je sais que dans ces cas là ma chérie me fait confiance, elle me suivra et fera pareil... J'allume la torche en m'asseyant d'un coup. Juste là à 2 mètres deux tanuki avec leur tête ronde de raton-laveur, deux grosses peluches qui nous regardent figés une patte en l'air comme des statues, on se regarde, le temps de se demander ce qui se passe, ils étaient en train d'essayer d'ouvrir le sac avec la nourriture, heureusement en filles consciencieuses on avait fermé les boucles et le zip, les deux pauvres tanuki ne connaissent pas le mode d'emploi de ces trucs des humains. ½ seconde qui dure 1 an et puis les deux se sauvent en panique, poursuivis par la lumière de la torche et nos rires. Évidemment toutes ces odeurs de bouffe ça ne peut qu'attirer les rôdeurs... Au fait où sont les renards ? Partis à leurs propres affaires, ou alors ils n'apprécient pas les grosses bedaines des tanuki faut croire. S'il y avait eu bagarre on aurait été réveillées. Je crois vraiment que les animaux de la forêt ici n'ont jamais vu d'humains avant nous, ne connaissent pas notre odeur, ça représente pas un danger pour eux, Ça a quelque chose magique ces rencontres, tanuki et kitsune ce sont les personnages de tellement de contes et légendes au Japon, rencontrer les deux c'est un peu comme si en France tu rencontrais la petite fille au manteau rouge et le loup ensemble... On a eu du mal à se rendormir, on était excitées, mais le froid nous a aidées on s'est bien serrées ensemble et d'un coup c'était le matin, la demi-lumière rose et jaune... rallumer le petit feu éteint pour chauffer l'eau pour le thé. Je n'ai pas dit qu'il y a une source dans le temple, l'eau est froide mais pas glacée, très bonne, qui sort au ras du sol dans un cercle de pierres taillées couvertes de mousse plein de traces autour dans la terre humide, renard, loirs, sika, des traces rondes griffues que je connais pas et d'autres, brouillées, et maintenant les traces de nos chaussures qui font vraiment bizarre ici. Après le déjeuner on a fait un peu d'ordre dans l'endroit et diverses choses, pour remercier de nous avoir accueillies puis il fallait redescendre pour arriver à l'auberge comme prévu avant la nuit, que personne ne s'inquiète et pour pouvoir se laver...

Voilà — fin des aventures banales de deux filles dans la forêt. Maintenant on attend le bus qui va nous ramener dans le monde agité des humains. Ce soir on sera à ichikawa. Dommage.

JOURNAL 11 novembre 2024

Partir et revenir

Le plus con d'un voyage, c’est le retour. J'adore partir, c’est un début, c’est plein de possibles, c’est l'inconnu, on va découvrir des choses, on va apprendre, revenir c’est une fin, on revient à ce que on connaît on va répéter des gestes usés puis on reprend une vie pas forcément rigolote. Quand je suis partie pour la France c’était une super aventure, j'avais la trouille, j'allais vers l’inconnu complet, un autre monde, qu'est ce que j'allais voir, apprendre, découvrir olala c'était un vertige. Revenir au Japon même avec l'amour comme j'aurais jamais cru que je pouvais le vivre revenir c'était pour moi un échec très dur Bon, j'ai redécouvert mon pays avec des yeux changés par la France, ça a sauvé le sentiment d'échec Mais j'aime pas les retours j'aimerai être toujours dans la découverte.

Oh je sais ce qu’on peut répondre à ce désir puéril, la découverte au quotidien, les petites choses de la vie, tout ça… — tant pis pour moi, je préfère partir à revenir !


De l'autre côté de la vitre du petit train défile un monde jouet, un décor pour train miniature, petites maisons en carton sur un fond de montagnes peintes. Le décorateur a accentué les ombres pour bien montrer que c'est la fin du jour, c’est bien fait, on croirait un monde réel, mais rien ne bouge, rien de vivant, tout est figé, on comprend facilement que c’est un décor, ou alors c'est un rêve.

En réalité on dort tranquillement dans notre chambre du haut, le bruit du train c’est celui de la pluie, on va se réveiller ce sera le matin, il faudra se lever, s'habiller, manger puis se quitter pour une longue journée de travail, séparées par nos activités dans le monde réel.

Oh décidément je préfère rester dans ce rêve de petit train ou je peux si je veux prendre ta main, la serrer fort sur mon cœur, me pencher et embrasser ton cou délicat, là juste ou bat sous la peau cette veine pleine de vie.

JOURNAL 19 novembre 2024

J'en peux plus de n’avoir que des rapports humains, des bruits humains…

La musique de la forêt le chant profond des pierres accompagné par les oiseaux, le vent, la pluie, les odeurs de la vie le mouvement d'un animal surpris dans sa sieste, tout ça qui me nourrit me manque, je ressens ce manque comme la soif ou la faim, c’est si dur par moments.

Je supporte uniquement pour l'amour de A, en retour ça la culpabilise c’est une situation inconfortable pour les deux mais on sait pas encore comment changer ça...