Unvarnished diary of a lill Japanese mouse

Les notes du laptop, par NEKO

Triste poupée cassée 25 août 2024

La tristesse soudain comme un orage Dans le ciel un éclair dans mon cœur la tristesse coup de tonnerre Ma joie, mon plaisir à vivre, instantanément disparus le ciel est noir ma tête penche mon dos ne me porte plus le monde soudain rempli d'humeur gluante, la patte d'un animal cruel sur mon cœur, qui serre qui serre à m'étouffer Pas de larmes pas de larmes ces larmes chèrement réapprises qui à nouveau n'arrivent pas à couler Oh prends-moi dans tes bras Berce-moi berce tendrement la petite fille la poupée cassée Oh si triste pourtant tant aimée tant aimée aimée dans sa faiblesse sa tristesse sa tristesse cette flamme de tristesse dans son cœur qu'on croit éteinte qu'on croit éteinte soufflée par l'amour et la bonté qu'un souffle de vent mauvais venu des jours noirs lointains toujours encore encore encore suffit à réanimer

Journal 31 août 2024

La pluie Doucement la pluie Des larmes doucement pas des torrents Sur les troncs lisses des érables Et les grosses gouttes qui soudain tombent des feuilles secouées par une saute de vent Dans la chambre du haut nous nous sommes allongées je ne saigne plus mon ventre lisse est libre sensible à la chaleur de ta main Au dessus, au-delà de la charpente, par moments on entend la rafale soudaine d'une brève cataracte qui claque sur les tuiles, puis revient le son tranquille comme un ruisseau de l'eau qui coule jusqu'au bord du toit avant de tomber toc toc toc sur les tuiles au niveau inférieur. Dans le noir repoussé seulement par la lueur de l'écran du laptop de A, tandis qu'elle prépare son retour à tôdai lundi, dans le noir on a presque une impression de fraicheur, même un frisson me parcourt le dos et raidit mes épaules. A se tourne vers moi, elle a senti cette crispation, je lui souris nous nous sourions. Nous allons éteindre ces machines qui nous relient au reste du monde, nos mains vont se chercher comme tous les soirs, nous échangerons un ou deux baisers puis nous partirons vers les mondes étranges du sommeil en espérant nous y retrouver pour continuer une vie d'amour séparément hélas mais pourtant ensemble, soutenues par l'assurance de nous retrouver au réveil, nous retrouver bien réelles, de chair ferme et chaude, vivantes pour tous nos sens, dans la beauté du jour nouveau

JOURNAL 5 septembre 2024 #erotica

Il fait toujours aussi chaud la nuit bon prétexte pour dormir toute nue j'ai pas besoin de prétexte après le bain ta peau est douce la mienne aussi mais avant le bain on est déjà douce comme des fruits mmmmm j'aime goûter ces fruits si doux Mmmmm j'aime aussi être le fruit que tu goûtes petit abricot petites pommes petits fruits rouges fraises sauvages ?

La nuit nous offre ses voiles légers pour abriter nos caresses elle nous offre ce vent léger qui court soudain sur nos seins passage discret d'une haleine légère juste avant le baiser, juste avant les lèvres et, derrière, la langue habile La nuit va être douce et longue

demain A ne va pas à tôdai on va rester au lit c’est bon l'amour le matin au lever du jour c’est bon l'amour, le soir, la nuit, le matin, le jour J'ai de la chance d'être aimée à toute heure tous les jours tout le temps si tu veux

Journal 6 septembre 2024

On nous promet soleil et chaleur chaleur encore

alors on partira tôt

Vers l'océan Nager nager nager nager dans l'eau tiède du grand pacifique du grand pacifique au cœur noir

Ce soir ce soir nous plongerons dans la nuit la nuit noire au cœur de la nuit noire noire comme l'océan

Noire comme mes yeux dans lesquels se noie dis-tu dans lesquels se noie ton regard amoureux si bleu si bleu bleu comme le ciel bleu des étés de l'enfance

Des étés de la petite fille la petite fille sage la petite fille sage et soumise si sage si soumise le ciel bleu qu'on lui a volé Volé volé volé jusqu'à la désespérer jusqu'à l'enfermer sous le ciel d'un hiver qu'elle croyait éternel

Ciel d'hiver désolant, arc-en-ciel en noir et blanc blanc de cendre noir de charbon

Puis soudain ton regard bleu puissant puissant à faire éclater la nuit à chasser l'hiver du cœur meurtri

Ton regard bleu si bleu me guide dans le noir de la nuit

Oh je t'en prie viens viens avec moi viens éclairer mon sommeil viens éclairer mes rêves viens colorier ma nuit viens que tes yeux entraînent avec eux si bleus si bleus toutes les couleurs les couleurs de l'arc-en-ciel

JOURNAL 10 septembre 2024

Demain retour au dôjô avec les deux jolies, on remet ça pour finir le 2ème trimestre. Ça me fait plaisir de les retrouver, elles me disent que elles aussi, alors ça va. Elles sont un peu comme deux petites soeurs, pour une fois je suis l'aînée, ça me change 😅

La nuit est blanche. L'air est comme du lait, un brouillard épais s'est levé pendant le dîner. Les lumières de ichikawa font un chapeau lumineux dans le ciel au sud, alors que toute la ville a disparu au sol, où tout n'est plus que partout le même nuage semblant vaguement éclairé par l'intérieur. Le regard ne distingue aucun détail plus loin que 10 mètres. On croirait un brouillard de cinéma, un film en noir et blanc ancien, ces films où on attend l'arrivée du monstre, sorcière ou fantôme sautant soudain vers le spectateur.

On croit aux fantômes ici, très sérieusement, je sais bien ça semble un peu couillon aux Français, mais c'est le pays des esprits le Japon, pas celui de la raison, tant pis pour monsieur Descartes, mais je préfère moi aussi imaginer les animaux magiques plutôt que les automates sans âme que lui voyait avec ses yeux et sa cervelle si raisonnable.

Vous voyez dans le brouillard on s'égare et on se met à déconner.

Je vais éteindre le téléphone, me blottir contre toi, une main entre tes cuisses, nos jambes emmêlées, mon visage dans ton cou, c'est bien d'être plus petite, j'ai l'impression d'être une enfant. Je vais respirer ton odeur. On va s'endormir comme ça. Oh, protège-moi des maléfices de la nuit !

JOURNAL 22 septembre 2024

Alors je raconte un peu avant d'être ivre…

J'avais trois profs de français, dont un de littérature, deux Français un Japonais, plus un quatrième, Japonais mais qui n'était pas là au début. Alors ils ont commencé à me poser plein de questions toujours en français sur moi, à toute vitesse, comment j’avais appris la langue et tout, Rungis ça les a bien fait rire. Après, ils m'ont fait écouter le discours de Malraux pour Jean Moulin et traduire en japonais à mesure avec un micro. Olala j’ai transpiré mais il parle pas trop vite le gars, ça va. Alors le quatrième est entré, il avait écouté ma traduction en japonais et il a retranscrit en français pour comparer et c'était pas mal du tout en fait. Après, j'ai fait l'inverse, traduit en français un enregistrement de conversations en japonais, c'était pas coton parce que je devais trouver des équivalents pour plein d'expressions idiomatiques 😓 tout ça en temps réel. J’avais le droit de prendre des notes quand la séquence était longue. Limite c'était plus facile. À la fin ils se sont concertés dans un bureau, j’attendais je commençais à transpirer ça a duré mille ans, puis ils sont revenus pour me dire que pour eux c'était ok, plutôt bien même, ils me disent que je manque d'expérience mais ça viendra, j’ai le niveau pour acquérir les automatismes. Donc demain faut que j'apporte des photos et des papiers d'identité et ensuite je recevrai mon contrat et le badge et le règlement et le saint frusquin et je serai officiellement accréditée comme interprète franco- japonaise…

Et maintenant c’est killbill sensei qui paye la tournée générale ! Enfin, la troisième !

JOURNAL 26 septembre 2024 #tribunal

On va se coucher, demain ma souveraine restera avec moi, j'en ai besoin pour retrouver du calme. Cette journée au tribunal c’est une horreur pendant 6 heures j'ai témoigné ce qu'on avait vécu dans la secte et puis les avocats on voulu me faire passer pour folle, non seulement à l'époque mais encore maintenant, ils ont tourné mon dossier médical à l'envers c'était affreux, je m'attendais à ça mais ça a été fait avec tellement de violence… J'aurais jamais accepté ça de personne. J'ai gardé ma maîtrise tout le long et j'ai tout démonté point par point, pour finir et personne ne peut aller contre, j’ai rappelé que j'ai une licence de kenjutsu, j’ai le droit de posséder et de transporter des shinken, je peux enseigner à des enfants des adolescents et des adultes jusqu’à un certain niveau et je suis donc classée au ministère ce qui n’est pas donné à une folle, c’est très sérieux ici parce que je suis considérée comme une arme dangereuse, ce qui implique une responsabilité individuelle et la garantie de mon école. Ça c’est le dernier argument et après ça le président a interrompu la séance. On a repris une heure plus tard il m’a remercié et les avocats n’avaient plus de questions, alors terminé pour moi. Le jugement sera rendu dans un mois. Je suis sortie droite mais en-dedans c’est un bordel complet, on m'a fait revivre des choses que je n'ai jamais dites qu’à trois personnes et c'est très douloureux. J'arriverai pas à dormir. Mon être est en miettes ce soir, ma princesse me ramasse avec un balai j'ai par moment des tremblements mes dents claquent toutes seules J’ai bu comme une éponge, je suis même pas ivre Je veux rien prendre de calmants merci bien juste de l'amour de la chaleur humaine l'amour de ma souveraine ses bras autour de moi en ce moment même je me balance d'avant en arrière doucement je tape sur le clavier comme une automate une poupée brisée

JOURNAL 29 septembre 2024

On va dormir Plonger dans cette mer noire inconnue à chaque fois on se demande quelle rencontre on va faire, quel fantôme va venir grimacer, quel souvenir du passé va venir nous hanter La nuit dernière j’ai vu ma maman, comme souvent elle vient au plus noir de ma vie pour caresser mes cheveux, y nouer un joli ruban, poser sa main fraîche sur mon front de fièvre, ainsi toutes les nuits ne sont pas de tristesse. Les réveils à tes côtés me donnent le courage de fermer les yeux le soir dans l'assurance que je me réveillerai dans ton odeur, sous tes baisers, la tiédeur douce de ton corps. Je passe un sale moment de ma vie, je n'imaginais pas comme défendre mes souvenirs et mon intégrité devant l'agressivité d'inconnus pouvait me faire aussi mal. Je l’ai fait pour la justice, la vérité et l'amitié d'une camarade de peine, je ne peux oublier que dans les moments de faiblesse dans la montagne dans le froid et la faim elle a toujours été l'aînée qui me réconfortait, qui sacrifiait une part de son pauvre repas pour que ma faim s'apaise, et donc je ne regrette pas et s'il faut à nouveau porter le poids de ce témoignage je le ferai sans hésiter.

39 septembre 2024 #erotica

La nuit est nuageuse pas d'étoiles pas de lune Au sud on voit les lumières de la ville comme un aquarium jaunes et vertes, humides. Au premier plan l'étendue noire de ce pré où ne pousse que de l'herbe qu'on ne voit jamais soigner et qui pourtant semble toujours nette La petite lumière dans la cour de nos voisins prouvant qu'ils sont chez eux La nuit sur notre jardin de graviers Une veilleuse au sol de la véranda pour ne pas manquer le seuil de pierre

Ce soir dans la nuit tu m'as dévêtue, doucement, tu as exploré mon corps, caressé ma peau, tu as su à nouveau m'emmener là ou n'existe plus que ce plaisir qui vient de mon ventre et de mon dos, de mes seins tendus à gémir puis à crier, tu as su encore et encore me faire rire, rire et pleurer et rire encore allongée sur le ventre je vibre de la vie qui m'habite de la vie que tu as réveillée une fois de plus Un baiser sur ton pied tandis que l'autre doucement caresse la courbe creuse de mon dos, des fesses aux omoplates dans un sens, dans l'autre Il fait plus frais maintenant, nous allons nous coucher

Demain, si les dieux nous l’accordent nous serons vivantes

JOURNAL 6 octobre 2024

Hier on est montées au sanctuaire des amoureux. Une heure de train, puis une heure de montée à pied dans la forêt sauvage. On arrive en haut, un tout petit sanctuaire au toit de paille épais couvert d'herbe et de mousse, une tout petite construction sous la mousse aussi à côté Il y a un très vieux monsieur, c’est le gardien, il n’est pas descendu depuis 20 ans, il vit là tout seul depuis la mort de sa compagne. On vient le ravitailler une fois par semaine d'en bas. Il nous a offert le thé. Il ne voit presque personne il est heureux. Il était étonné de voir deux jeunes femmes, en général ce sont des couples âgés qui viennent. Très curieux de savoir qu’en France on peut se marier, il trouve que c’est très bien, il nous dit que les amoureux c’est très bien aussi les amoureuses l'important c’est l'amour. Lui vit dans le souvenir de son amour et il attend la mort tranquille pour la retrouver il est certain il la retrouvera