Un blog fusible

pour couper le cirque cuit

la sombre danse des nuages lance des ombres mouvantes sur les flancs pierreux de la montagne

autant de monstres qui apparaissent et se dissipent sans laisser plus de traces qu'un fantôme que le vent chasse


Photo par Ian Cylkowski ©2022 licence CC-by-NC-SA 4.0


#photo #poésie

franchir ensemble les forêts et cheminer longtemps

jusqu’au-delà des montagnes feuilletées comme les pages d'un livre pas encore écrit

qui s'effacent insaisissables dans la brume et le lointain


Photo : Préfecture de Nara

#photo #poésie


mots doux

mots dits mots doux

prononcés à l’essai parcelles de paroles oboles parées pour elle

si long silence
délai de grâce

délice de la réponse

dans le son de sa voix la saveur de ma vie


Dessin par ©Rita Renoir & ADAGP


#dessin #poème

cerises encore pâlottes qui se rient des merles

cerises noires cerises rouges grand carnage dans les feuillages pour tous les piafs du voisinage

cerises au sol perdues pourries sanglantes sous les pieds

tant de cerises sont toutes en fête ces folles ont la beauté en tête


« Juin à croquer » par ©Rita Renoir & ADAGP


#dessin #poème

au bord

sur le flanc des varechs la vague fatiguée s'arrête presque sans bruit

j'aimerais voir mes pas laisser leur trace avant qu'elle ne s'efface dans la flaque miroir

perdre au loin mon regard dans l'inutile immensité de l'océan ne rien chercher ne rien trouver me résigner à l'hébétude

parfois par jeu ou colère enfantine je shoote dans le sable et le vent me lance des grains dans les yeux  

je voudrais

un carré de bleu vif par la fenêtre ouverte pour faire entrer le parfum d'un autre matin

la torpeur des rochers sous la pluie pour me donner un peu de leur tranquille indifférence

la largeur d'un sentier de montagne pour entrer lentement dans l'alpage

 

de la pommette au creux des seins du tour du nombril au plongeon des cuisses

le désir descend la ligne d'ombre


Photo ©Patrice Delmotte, “Esther”


sur les flanc pentus de la montagne dans le chaos des fourrés tout au bout d'une absence de sentiers là où l'ombre épaisse de la forêt dresse une sombre scène

qui entendra désormais la profonde rumeur des siècles que de racines en rameaux exhale le plus vénérable ancêtre

l'être vibrant qui venait là prier laisse au vent seul le soin de chanter la sagesse de l'arbre

d'un battement d'aile l'oiseau farouche s'est envolé  

notre vie comme un pas sur le sable laisse une peu profonde trace que la vague du temps efface  

visages

j'interroge tous les visages à peine aperçus dans les rues

visages blêmes ou rubiconds visages absents, agités ou reposés visages aimables et biscornus étranges familiers obscurs énigmes changeantes et fraternelles que seuls les yeux éclairent visages dévorés de regards

océan aux courants incertains ces regards où plonger si profond qu'on pourrait enfin d'un destin à l'autre s’y noyer tout à fait