Unvarnished diary of a lill Japanese mouse

Les notes du laptop, par NEKO

JOURNAL 21 octobre 2023

Fête familiale aujourd'hui, il y a même des cadres de l'entreprise, garden party tout le tralala. Je suis en kimono, ma princesse est superbe, tenue de gala noire robe longue, oh la vache elle est belle comme une star de cinéma américain... Mon frère nous a présentées comme mariées, personne ne bronche, tu parles. Et après ça tous les cadres sont aux soins avec nous, c’est assez rigolo le respect de l'autorité au Japon. Elles sont mariées entre femmes en France ? Bien chef.

Presque toutes les femmes en kimono, c'est très beau ce soir à la lumière des torches dans le jardin. Il est plus grand encore que dans mon souvenir c'est curieux. Je crois que mon frère l’a fait arranger depuis la mort de notre père, c'est un bel endroit traditionnel. Notre père avait pas le goût des jardins. Préférait les petites filles Excepté la sienne.

Trauma enfance, mise au point. 22 octobre 2023

Petit bout par petit bout j’apprends les choses, mais je n’ai pas envie de tout recevoir en une seule fois. Alors j’ai demandé à mon frère de m’expliquer pourquoi il avait voulu faire de moi une petite sabreuse. On a eu une super conversation très franche, il est très honnête. Il me dit que quand je suis née il avait 12 ans et était très déçu d’avoir une sœur, il était élevé dans le virilisme et entendait partout et au dôjô aussi que les filles c’est de la merde, alors il avait honte de dire qu’il avait eu une petite sœur et honte d’avoir honte de moi, et comme avec le temps il voyait que j’étais une petite fille très gentille et discrète et tout, il me détestait d’avoir honte. Quand maman est morte il a voulu me former au sabre comme il formait nos 2 frères, il avait 18 ans et était déjà un excellent kendoshi et excellent aussi au kenjutsu, alors il pensait que le sabre c’est pour les hommes et qu’en m’apprenant il arriverait à faire oublier peut-être que j’étais une fille et même il se disait qu’avec un entraînement très dur je pourrais devenir si bonne que je pouvais presque égaler les garçons etc. et alors il n’aurait plus honte. Et en fait, quand je suis partie chez notre oncle, à 12 ans, j’étais meilleure que beaucoup et même de bien plus âgés. Il avait finalement réussi mais du coup il n’était pas content non plus parce qu’on lui disait que j’étais meilleure que lui à son âge et que je pourrais le battre un jour. Et c’est arrivé finalement. Mais parce que je me bats comme une fille, pas comme un garçon, en finesse et agilité, pas en force mais c’est une autre histoire. Alors aujourd’hui il pense aussi que c’est à cause de lui je suis devenue lesbienne mais là je lui explique qu’il se trompe, il n’a rien changé à ma nature. Je ne suis jamais devenue un garçon, je suis une vraie fille et si j’aime les filles c’est comme une fille aime, pas comme un mec, et ça n’a rien à voir avec le kenjustsu. Surtout je lui rappelle ce qu’on m’a fait après, il en est innocent, et seulement ça, ça suffit à vous dégoûter des hommes, mais j’ai toujours été lesbienne, je ne crois pas que je suis devenue homosexuelle, c’est ma nature et voilà. Alors on est là maintenant, il n’a plus honte d’avoir une petite sœur, il est très content d’avoir une belle-sœur comme A, il essaye de faire une place aux femmes dans le kendo, là où il peut être influent, il regrette d’avoir adhéré au virilisme et tout ça, mais on sait bien tous les deux qu’on va pas changer la mentalité japonaise tout seuls, juste dans un tout petit rayon autour de nous. Et moi je fais des réparations à mon âme, petit pas par petit pas, en essayant de comprendre pourquoi on m’a fait ce qui est arrivé. C’est pas facile comme truc, ça oblige à me mettre à la place de ceux qui m’ont fait souffrir, ça fait mal de voir qu’ils sont humains autant que moi, mais après si je comprends je suis plus calme, les blessures sont toujours là, mais j’accepte mieux qu’elles me font ce que je suis maintenant, comme je suis qui n’est peut-être pas si mal.

JOURNAL 12 novembre 2023

La tristesse ça colle au corps et à la conscience comme de la résine, tu te frottes tu te laves ça laisse toujours une impression de saleté. Ma princesse, ma souveraine, mon amour, sent tout de suite ma tristesse, je n'ai besoin de rien dire, même de dos elle sent que je suis pleine de boue, de cette boue noire qui pue tellement que je pollue tout le monde autour de moi. Et son amour, sa bonté, qu'elle me donne sans compter, ça me rend encore plus triste. Vous comprenez ça ? Avant, quand cette tristesse me remplissait, je devenais comme un bout de bois abandonné sur la plage, une vague l'emmène une autre le fait revenir. J'allais dans les bars de nuit et là je trouvais le sommeil dans le bruit, je me soûlais des bruits de la vie. Pas tant d'alcool, n'allez pas croire, l'alcool ne guérit pas la tristesse, juste la présence des humains, des copains, des amis. Mon amour me berce, elle m'a bercée deux heures cette nuit, Tant d'amour et je sais pas si je mérite !

Je sais pas si je mérite tout cet amour, parce que je ne sais pas si je suis innocente de ce que on m'a fait. Je n'arrive pas encore à comprendre qu'on puisse faire à des petites filles et des jeunes femmes ce qu'on m'a fait sans des raisons. Mon père aurait voulu je sois morte mais merde, pourquoi ? Pourquoi ? Juste parce que j'étais une fille et qu'il voulait un 3e fils ? Je n'arrive pas à croire que c'est vrai.

Je suis bien dressée, je vais aller dormir et demain la petite Japonaise parfaite sera à l'heure dite au travail au studio parce que la petite Nao-chan a besoin de ma présence pour jouer sa scène. Et après j'irai bien à nouveau, mon amour me tiendra la main et je marcherai la tête droite et je ne puerai plus la merde noire autour de moi. Mais c'est pas guéri comme ça les petites filles cassées, j'ai peur de demain une rechute et toute ma vie comme ça jusque la fin.

JOURNAL 25 novembre 2023

Ça fait un peu plus 10 ans je vis libre. Tous les jours quand je me réveille j'ai encore besoin être certaine de ça. Il me faut bien regarder le décor, toucher le corps de A à côté de moi, reconnaître le confort de mon matelas, de ma couette, je ne sais pas combien de secondes chaque matin et alors je suis pleine de la joie me réveiller ici et en ce moment. Et vous ne pouvez pas savoir la force de ce sentiment qui me remplit, être vivante et libre. Mais c'est formidable !

JOURNAL 26 novembre 2023

Je n'écris pas beaucoup, juste je profite de mon bonheur, je sens que par moments j'ai un manque, comme un trou dans le coeur que je voudrais fermer, une plaie qui reste ouverte, alors je me gave de bonheur autant que je peux en avaler pour reboucher le trou, c'est terrible cette faim que je n'arrive pas à satisfaire.

JOURNAL 2 décembre 2023

La grande voix de la forêt encore encore dans ma tête et dans mon cœur :

Mais que fais-tu donc entre les murs de prison des villes, petite souris ? Combien de temps encore tu vas écorcher ton âme sur le béton des rues ?

Ils m'appellent les arbres, pour me bercer et m'aider à rêver de douceur la nuit, pour réparer mon esprit, pour vivre en paix avec moi et faire taire ces souvenirs de douleur qui nourrissent mes démons.

Ils m’appellent pour ce qui reste de cette si courte jeunesse humaine…

JOURNAL 5 décembre 2023

La nuit dernière j'ai rêvé ma maman, comme d'habitude je ne voyais pas son visage mais son kimono mais je savais que c'était elle et son amour qui m'entourait comme une couverture. C'était super bon. Et je me suis réveillée dans les bras de ma souveraine, le jour arrivait c'était beau et si doux si doux…

JOURNAL 9 décembre 2023

Il fait froid et les étoiles là-haut sont comme des éclats de givre, on les entend qui scintillent doucement. On n’a jamais assez d’amour et de caresses dans ce monde en bas, si noir si noir et moi jamais rassasiée je mendie encore encore ta douceur, tes mains sur mon corps, je frissonne c’est le froid ou la soif de toi, je ne sais pas. Garde-moi dans tes bras contre toi pour toujours, nous regarderons venir la fin ainsi, face à face, sans crainte sans frayeur. Oh amour, Amour.

JOURNAL 10 décembre 2023

Le soir je m’endors comme si c’était la dernière fois. Je n’ai pas peur de la mort, je sais qu’elle est douce et consolante, mais j’ai peur de ne plus avoir A avec moi. C’est que je souhaite être à son côté pour l’éternité, si on vit d'autres vies serons-nous séparées ? Oh là là, alors là j’ai peur de mourir…

Journal 18 décembre 2023

Cette violence en elle ? l’ours est brutal mais pas pervers Eux l’étaient la maltraiter ne suffisait pas il fallait aussi l’humilier la rabaisser la salir la salir oh le viol c’est bien brutal humiliant sale mais il y avait encore d’autres choses bien dégueulasses bien rabaissantes bien douloureuses et si drôles des jours les dents serrées pas pleurer pas pleurer Elle aurait voulu les tuer sur ça elle ne peut passer les tuer les tuer alors parfois soudain l'envie de carnage…