selmakovich

je ne travaille plus et écris le reste du temps

image d'un bol (issue du film Chungkin Express) avec un orage

Bondir puis s'écraser. Je répète j'en peux plus de ce cycle. J'en peux plus de créer la pente de mes mains, de cranter péniblement une ascension pour mieux huiler ma descente. De toujours me dire c'est fini puis c'est jamais fini.

Alors on prend la même équipe et on recommence, on va au café on dit il fait chaud pas vrai, puis l'autre dit oui, puis l'autre nous demande si on travaille, puis on dit oui parce que c'est bizarre ce mot mais on l'aime bien, il nous rassure. C. écrit c'est chelou cette répétition du mot travail, pour la santé mentale cette obsession même, moi je pense on se raccroche aux choses qu'on connaît, on connaît pas la flânerie des abeilles, on connaît pas les migrations continuent, une errance non subie ça on connaît pas, alors on dit : je travaille sur des textes, je travaille sur moi, je travaille à être une meilleure personne, tu vois je m'arrête pas, toujours je travaille.

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Depuis janvier, un jour à la fois et le solstice est déjà passé. Les yeux embrumés de lacrymo, je me suis dit là c'est trop, je ne savais pas que ça commençait juste, je pensais c'est peut-être la fin, mais c'est jamais la fin, une crasse sous une crasse, comme une sédimentation qui brouille les yeux et crevé le coeur. Je me coince le dos, le mini-livre sort et ça parle de comète et de se tirer de la terre, parce que c'est la seule révolution qui me semble accessible.

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Quelqu'un que je ne connais pas n'a pas aimé mon livre. Quelqu'un a terminé les dix petites pages, puis a dit : bof en fait non plutôt pas, deux étoiles, pas terrible, le service était long et puis les phrases trop courtes.

Je dis souvent que je m'en fous que j'écris comme les mots viennent, que je travaille pour le rythme, pour le sens, jamais pour les gens, je ne les vois pas la journée ce n'est pas pour les voir la nuit, quand j'écris. Comme d'habitude je mens un peu, car si je ne les vois pas je les entends, toujours dans ma tête des voix claires des voix brusques, toujours avec quelque chose à dire, que je n'aime pas et contre qui je dois me débattre. C'est une présence négociable et pénible, ce flux de critiques, de discussion et d'énervements tout à fait invisible et pourtant présent.

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J'ai écrit un petit livre. Un objet carré qui tient dans une main. Dedans j'ai essayé d'y glisser un minuscule bout l'univers.

je mets les mains dans la cheminée rien ne brûle ni les briques ni les flammes toujours mes mains gèlent de ne rien faire tête, vie, cœur, les lignes se brouillent lady lazarus emporte au loin les secrets du futur

couverture - il faut tomber d'une comète pour connaître la solitude de Claire-Selma Aïtout

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Ce n'était pas un voyage lointain. Je n'ai exploré aucun horizon, contemplé aucun paysage en me disant : cela valait le coup de venir jusque là. J'ai voyagé dans cet endroit familier dont j'ai reconnu : la couleur des murs, l'irrégularité du sol, et puis ces mains, ces grandes mains qui ne se ressemblent pas. Mes mains sont petites et maladroites, elle cassent et brisent et griffent sans faire exprès, je les lisse avec du vernis comme une seconde peau, et elle tout est aussi uniforme que la première. Les grandes mains ne sont pas les miennes. Elle font les choses à ma place, et me glissent sous l'eau et me glissent sous les draps, et j'en rage de cette douceur que je voudrais mordre la main qui me borde.

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Il y a longtemps, cinquante ans, dans une petite maison bourgeoise, une enfant a récupéré un chat. Sa mère avait mis bas dans la cave, les petits se sont enfuis, sauf un. L'enfant l'a recueilli. L'enfant l'a nourrit. L'enfant lui a parlé comme elle n'a parlé à personne de sa famille. Car dans cette famille elle ne parle pas. Ou plutôt sa bouche s'ouvre et n'en sort aucun son. Mais le chat, lui, ne lève pas les yeux au ciel lorsqu'elle entre dans la pièce. Ne la pousse pas dans la cuisine, la faisant trébucher. Ne dit pas : quelle idiote celle là, dès qu'elle prend une respiration trop intense. Le chat, parfois, lui lèche le bout des doigts et grimpe sur ses genoux.

Alors, avec son argent de poche, elle achète des croquettes et du lait pour le petit chat. Et elle lui parle. Elle l'appelle “monchat”, car elle ne savait pas qu'il fallait lui donner un prénom. Elle ne sait pas que les ami.e.s ont des prénoms, des surnoms, des petits noms doux qu'on est les seuls à connaitre. Alors elle l'appelle “monchat” et finalement ça sonne déjà comme un prénom. C'est son chat. C'est son ami.

Elle part en colonie de vacances en juillet. Lorsqu'elle revient le chat n'est plus dans la cave. Il n'est plus dans le jardin. Il n'est plus dans la chambre. La mère dit : le père a amené le chat au marché. Il l'a jeté entre les étals. Il gênait. Et puis elle hausse les épaules.

Et quand l'enfant parle, il n'en sort pas des mots, mais quelque chose d'encore plus léger que l'air et cela leur passe au dessus de la tête. Elle voudrait hurler, mais elle n'a pas encore appris à le faire. La cave est vide, le sac de croquettes est plein. L'enfant ravale un à un tous ses mots.

Plus tard, l'enfant qui n'est plus un enfant, dira : j'ai du mal à m'attacher aux animaux.

Elle aurait voulu dire : j'aurais aimé avoir un ami.

Je veux absorber le film, je veux absorber la fumée, je veux absorber l'écran. Je veux être le théâtre de la Huchette qui joue la cantatrice chauve depuis 60 ans. Toujours le même texte dit de bouche en bouche, toujours identique, jamais le même. Et je me dis : je veux me perdre dans les images, celles qui bougent mais pourtant sont figées. Celles qui ne disent rien de plus que ce qu'on sait déjà, au fond de soi, mais qu'on n'a jamais énoncé.

Et alors, alors, je réalise que c'est aux morts que je parle et plus aux vivants. Cela demande beaucoup d'efforts, de revenir avec les vivants, leur parler les regarder se mouvoir, à chaque fois dans la mauvaise direction, celle contre le vent, celle contre le coeur, celle qui est difficile et pentue. Les décors se prolongent au-delà du plateau, au delà de l'horizon, et quand je ferme les yeux, l'univers continue d'exister, car si c'est une simulation, si c'est un film, on est trop nombreux à la rêver. Et je me demande si les morts continuent de rêver et s'ils servent à ça : rêver, car nous on n'a plus le temps, et on n'a pas notre place dans le monde des rêves.

Peut-être que parfois, je veux être dans le film comme je veux mourir, pour rêver.

Je ne voudrais pas compter les heures. Idéalement elles s'enchaîneraient dans un ordre aléatoire, dans des antitheses sympathiques. Dans un livre pour enfant, un hôtel où chaque chambre représente une heure. Une grande horloge commande ces fuseaux fixe, où dans la 117 il est toujours 9h14. Quelle heure choisissent les insomniaques ? Ceux qui de toutes façons ne fermeront pas l'œil, ou alors par fragments brusques, éclats de plénitude vite retirés. Quelle heure choisissent les romantiques ? Un coucher de soleil qui ne tombe jamais, une frustration éternelle d'une couleur inchangée. Quelle heure pour ma peine ? Celle qui s'étale le long des cartes et du temps, est-ce que je pourrai enfin l'absoudre parmi les aiguilles ?

#poetry #poesie #100daystooffload

Il est 20h, je suis au restaurant avec des ami.e.s. J'ai une pizza géante devant moi et un cocktail : si j'essaie d'arrêter l'alcool, aujourd'hui n'est pas le jour. C'est la sortie de mon podcast, celui sur lequel je bosse depuis plus d'un an. Avec des pauses, des mises à l'arrêt, mais un an quand même. Alors, j'ai pris un cocktail.

Je coupe ma première part de pizza, il y a de la mozza partout et pas assez de câpres, mais surtout il y a une pression qui s'installe dans ma poitrine. Un point précis pile dans le plexus. Ça ploque, ploque comme une fuite d'eau. Je me dis : c'est un arrêt cardiaque. Ne pas paniquer. Pas porter attention au péril. Juste respirer. Je me lève et je marche. Je me dis : si c'était vraiment une crise cardiaque, est-ce que j'aurais si mal au ventre ? J'ai mal partout alors ce n'est pas une crise cardiaque. C'est le cocktail alors. En face mon ami a pris le même, il va bien. Pourquoi moi j'ai l'impression de crever ?

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Hier, c'était la journée internationale de la santé mentale le jour où tout le monde a un petit avis sur la question de la santé mentale et veut briser le tabou

Très important ça briser le tabou. Mais de quel tabou parle-t-on ?

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