Unvarnished diary of a lill Japanese mouse

sous ma main

Tourne sur la pierre noire ronde petite tourne le bâton noir odorant oh l'odeur de l'encre tourne tourne je sens le grain si fin léger tendre grain sur la pierre lisse sous ma main ce geste si ancien si ancien puis l'élan pris avant de sur le papier blanc si blanc si blanc vole un oiseau siffle la lame vibre la note caresser ton nom

JOURNAL 6 août 2023

Trois filles autour d'une lampe dans la nuit c’est comme un tableau de de La Tour. La lumière jaune de la mèche attire des papillons qui s'accrochent à nos cheveux, au-dessus on devine par moment le vol d’une chauve-souris qui profite de l'occasion, vite comme un petit fantôme silencieux. Le vent fait chanter les grands érables, les branches grincent, tout un monde autour dans le noir, au milieu une petite bulle de lumière et nos rires d'amitié.

Au moment de s'endormir le cri de la chouette tout près tout près et au loin sûrement un renard. Voilà longtemps que javais pas dormi si près d'eux. Ça rend encore plus forte notre envie de déménager...

Les plaisirs du ryôkan

On est dans la forêt enfin. Les arbres chantent sous le vent, j’aime, c'est comme la mer. On est assez haut, la température est agréable. Le patron du ryôkan est de ôsaka alors il nous a fait des beignets de feuilles d'érable c’est rigolo et c’est délicieux. Encore un super repas, il n’y a pas beaucoup de monde, seulement 5 chambres alors c’est très tranquille comme endroit, on a mangé avec des gens très gentils, pas bruyants, discrets, souriants, bref, des Japonais. Maintenant c'est onsen avec vue sur la vallée loin en bas loin en bas, et le ciel nuageux. Olala on est bien. Je vais dans l'eau, je vois presque pas A dans la vapeur.

On a passé du temps au onsen, après on a sommeil donc on va dormir. Ils ont des yukata superbes ici en lin et coton, c’est super agréable quand il fait chaud comme maintenant. Mais on dort toutes nues, bien sûr ne pas changer les bonnes mœurs…

Sale cauchemar cette nuit, ils sont de plus en plus rares mais salement violents, en plus il y avait mon père en spectateur. Passé la fin de la nuit dans les bras de ma princesse, on s'est endormies au lever du soleil, du coup levées tard. Il y a des traumatismes on croit les gérer et puis ils reviennent en pleine gueule c’est pas rigolo.

Bon, on est en forêt, il y a un petit sanctuaire c'est très apaisant. On descend sans se presser, on arrivera comme ça au ryôkan juste au coucher de soleil pour manger.

Le soir on mange avec les autres clients du ryôkan. Alors il y a un couple de gens retraités, ils sont très curieux de la France, très gentils, ils ne comprennent pas qu’on est lesbiennes ils pensent qu’on est étudiantes copines, c’est mignon. Il y a un homme vers 50 ans avec sa très jeune maîtresse, ils passent leur temps à baiser je crois, elle bavarde, mais lui pas beaucoup. Il y a un homme seul obscur et mystérieux, il mange au bout de la table, boit beaucoup, et disparaît.

Et après, onsen !

La nuit on a le onsen pour nous toutes seules, les gens regardent la télé ou alors repartent dans leur chambre, alors on en profite un max, on adore regarder la nuit depuis le bain, après on va se coucher et on s'aime je vous jure comme des folles, juste je fais gaffe à pas hurler je mords un mouchoir, ça marche à peu près, mais je gémis quand même je peux pas empêcher Personne n’a rien dit encore…

On va au lit, l'air sent la pluie, la forêt la mousse et l'odeur de nos corps sortis du onsen. Je regarde le dos ma princesse nue devant le ciel qui essaye de voir les étoiles filantes sauvages entre les nuages, oh là là elle est belle. Je vais éteindre mon cellphone, fermer les yeux et attendre ses mains ses lèvres sur ma peau, c'est une attente en silence délicieuse.

JOURNAL 19 août 2023

On est allées hier matin voir la tombe de ma maman. C’est la première fois. Quand j’avais six ans on m’avait oubliée pour la cérémonie, après on ne m’a jamais emmenée. On avait acheté deux bouquets et on a loué à l’entrée le baquet et la cuillère pour l’eau. On avait deux bâtons d’encens aussi. Donc on a rafraîchi la tombe et on a mis les bouquets, enlevé les fleurs anciennes déjà sèches par la chaleur. On a allumé l’encens et j’ai fait une petite prière pour la saluer.

Au moment où j’ai fini la prière, j’ai senti sa main dans les cheveux comme quand j’étais petite pour arranger ma frange dans les yeux. Peut-être que c’était juste le vent, je ne sais pas, mais ça a fait sauter mon cœur, d’un coup j’avais cinq ans et je me suis mise à pleurer, pleurer… A. m’a serrée dans ses bras et c’était aussi doux que ma maman, oh là là ma chérie je ne sais pas ce que je serais sans toi. Aime-moi, je t’aime si fort, si fort.

Deux bâtons d'encens devant la pierre grise humide des souvenirs tendres.

Combats sur un plateau 22 août 2023

Je raconte la séance d'aujourd’hui. Alors mise en place d'un combat cinq contre une. Le chorégraphe règle ça selon le storyboard. Moi impassible comme dans un film, je regarde. Elle se démerde bien mon Asu. À la fin le réalisateur me demande mon avis. — Moi je ferai pas comme ça, pas du tout dans cette situation. Alors il me dit : montrez-nous. Je dis aux gars, ce sont des pros quand même, allez-y à fond. Tu parles je suis 2 fois plus rapide qu’eux. Un massacre. Un massacre en faux bien sûr. Ils sont spectaculaires mais pas efficace du tout, soit dit en passant Donc virtuellement tous morts, ça n’a pas été long. Silence. C'est bon pour moi, dit finalement le chef opérateur. Le chorégraphe me regarde longtemps avant de dire : ok, je suis battu je reconnais la pro Le réalisateur : et Asu ? Elle peut faire ça ? Moi : oui, il faut que je lui montre exactement, c'est tout. Bon. Alors on reprend avec Asu. Et on a travaillé jusqu’à 7 h.

JOURNAL 26 août 2023

Kabooom Orages. maison maison On écoute la chanson de la pluie sur les toits la voix n’est pas la même que la voix des arbres ils se répondent ils échangent des mélodies tandis qu’en-dessous deux filles échangent des caresses et des baisers dans l'ombre tiède.

Mon sensei est content, il va pouvoir réparer son toit et aussi changer les tatamis abîmés par l'eau. C'est très bien je suis très contente et puis on a eu une longue conversation tous les deux et je lui ai dit : j'aime pas du tout me montrer comme ça et faire des numéros comme au spectacle, le sabre c'est pas un jeu c'est pas un spectacle de cirque on est pas des clowns.

Il me dit c'est bien il est content que je lui dise ça et du coup c'est grave il n'a plus rien à m'apprendre. Alors il me dit tu n'as plus besoin d'un sensei maintenant, tu vas faire ton chemin toute seule, avec ton idée. Je lui dis : mais alors on se verra plus? On se verra si tu veux mais tu n'es plus mon élève maintenant, tu ne me dois plus respect, j'espère seulement que tu vas m'accorder ton amitié parce que je testime beaucoup. Olala j'aurais pu pleurer mais non. J'étais étourdie et très émue pourtant. Alors on s'est salués mais il a voulu qu'on sincline pareil, il m'a reprise, “on est égaux hiro-san”.

JOURNAL

C’est terrible, demain matin on se sépare à nouveau, j'ai l'impression qu’on a à peine eu le temps de se retrouver. J'ai travaillé tout le mois de juillet et ensuite pendant que A avait ses vacances, j'ai travaillé encore. Mais est-ce qu’on va pouvoir juste s'aimer un peu plus d’une semaine libre avant de devenir vieilles et mourir ? Ma maman est morte, j'avais 6 ans, puis j'ai eu ma Nanny jusqu’à 12 ans et ensuite l’enfer jusqu’à 18-19 ans. C'est trop, vouloir juste aimer ? Aimer sans horaires ? La tristesse c’est savoir être séparée de celle que on aime, « tel jour, telle heure » et on n’y peut rien, c’est la vie qu’on vit et il ne faut pas pleurer, au moins il y a de l’amour et d’ici telle heure on sera dans nos bras à se serrer et s’embrasser encore

Mes larmes ont le goût d’un sang pâle, ton sexe le goût de la mandarine, tes aisselles ont le parfum de la vie, la vie qui bat à ton poignet quand je l’embrasse. La nuit la douceur de ta peau apaise l’angoisse de mon réveil d'oiseau peureux.

Ce matin je suis partie avec ma princesse pour être avec elle jusqu’à la porte de son institut, on s'est fait un gros baiser puis je me suis retrouvée comme un conne sur les marches sous la pluie. Et maintenant je marche dans les rues un peu perdue Je croise des Japonaises qui marchent par deux toujours en riant au moins souriant. Seules on a l'air graves. C’est drôle hein ? Il ne pleut plus, mon parapluie est idiot aussi inutile comme moi. Je vais aller regarder des bouquins français.

06/09/2023 Dans le soleil elle danse pour celle quelle aime elle danse sur sa peau ombre et lumière dansent perles de sueur entre les seins perles au bas des reins là où rient deux fossettes nue toute nue elle danse nue la regarde celle qui l'aime et ses yeux ses yeux bleus plus chauds que le soleil Oh !

Oh danser pour Toi je ne savais pas savoir danser avant que Tu viennes m'aimer avant que Tes yeux Tes mains accordent la vraie vie enfin à la poupée cassée.

La souveraine qui donne un sens à ma vie travaille à la maison à nouveau demain. La savoir au-dessus de moi dans la chambre du haut suffit à mon bonheur, c'est comme le soleil derrière les nuages un moment, on n’a pas peur on sait qu’il va réapparaître bientôt. De 12 à 18 ans j'ai été abusée et violée plusieurs fois. j'ai découvert l'amour physique et l'orgasme vers 20 ans, mais l'amour je sais ce que c'est depuis j'ai rencontré une véritable princesse, il y a 4 ans seulement. Oh être aimée !

JOURNAL 9 septembre 2023

Dans la forêt il pleut, la pluie retenue sur les feuilles, le ciel, lui, retient ses gouttes. Vêtements de pluie, nez en alerte, oh ça sent la mousse et la terre humide, les odeurs de la vie depuis des milliers d'années, conservées pour celles qui en veulent, qui s'aventurent respectueusement dans le monde naturel généreux. Combien de temps encore ce sera possible ? J'ai peur des réponses à cette question. Marchons ensemble mon amour, tenons nous la main, ne regardons pas trop loin devant…

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